- La programmation n'a pas profité à l'apprentissage des mathématiques par rapport aux activités traditionnelles
- Il y a un effet négatif, bien que faible de la programmation sur l'apprentissage des mathématiques
- Un « transfert rapide » conscient de la programmation vers les mathématiques ne va pas de soi
- Les langages de programmation visuels peuvent distraire les élèves des activités mathématiques
Les chercheurs expliquent que le but de cette étude est d'examiner si une activité de programmation pourrait servir de véhicule d'apprentissage pour l'acquisition des mathématiques au CM1 et au CM2. Pour cela, les effets d'une activité de programmation, composante essentielle de la pensée computationnelle, ont été évalués sur les acquis d'apprentissage de trois notions mathématiques : division euclidienne (N = 1 880), décomposition additive (N = 1 763) et fractions (N = 644). Les classes ont été assignées au hasard aux conditions de programmation (avec Scratch) et de contrôle. Les analyses multiniveaux indiquent des effets négatifs (gamme de taille d'effet −0,16 à −0,21) de la condition de programmation pour les trois notions mathématiques. Une explication potentielle de ces résultats réside dans les difficultés de transfert des apprentissages de la programmation vers les mathématiques.
Les conclusions de la nouvelle étude surviennent plus de 4 ans après la publication des résultats préliminaires de l'étude financée par la NSF de 1,5 million de dollars à Time4CS, un « partenariat entre les écoles publiques du comté de Broward (FL), des chercheurs de l'Université de Chicago et Code.org », qui a exploré si l'apprentissage de l'informatique à l'aide du programme CS Fundamentals de Code.org pouvait être lié à l'amélioration de l'apprentissage en mathématiques du CE2 au CM2. Les chercheurs de Time4CS ont conclu que l'étude « quasi expérimentale » a montré « qu'aucune différence significative dans les scores en mathématiques de l'évaluation de l'État de Floride n'a résulté entre les groupes de traitement et de comparaison ».
Voici la raison pour laquelle l'étude a été menée :
Envoyé par Time4CS
En 2013, le Royaume-Uni a évoqué l'introduction d'une nouvelle matière dans ses programmes pour les enfants dès cinq ans : la programmation.
Une première tentative avait été faite, mais elle n'avait débouché que sur une simple initiation aux outils bureautiques et aux ordinateurs. Ce cours, baptisé Information Communications Technology, était alors jugé « barbant » par le Michael Gove, le ministre de l’Éducation actuel. Mais en juillet de cette année-là, le UK Department for Education entend donc aller plus loin avec un enseignement « sérieux de l’informatique ».
« Au lieu d’avoir des enfants qui s’ennuient à apprendre à utiliser Word ou Excel avec des professeurs qui s’ennuient eux aussi, nous pourrions avoir des enfants qui dès 11 ans sont capables d’écrire des petites animations 2D en utilisant un outil du MIT nommé Scratch, avance le Ministère dans sa déclaration. À 16 ans, ils auront une compréhension des logiques que l’on n’apprend aujourd’hui qu’à partir de l’université et ils pourront écrire leurs propres applications pour Smartphones ».
Le but pour le Royaume-Uni était de renouer avec son « glorieux héritage » dans l’informatique (on pense par exemple à Turing), délaissé par son système éducatif.
Toutefois, pour Willard Foxton, journaliste d’investigation et producteur, c’était là une idée saugrenue. L’homme a un cliché assez particulier des programmeurs. Pour lui, ce sont des êtres au-dessus de la normale. En quelque sorte des savants fous qui marmonnent à longueur de temps des choses incompréhensibles. En conclusion, pour lui tout le monde ne peut pas programmer. L’informatique devient ainsi un sujet ésotérique réservé à quelques privilégiés.
En second point, le journaliste trouve incongru et inadéquat d’enseigner la programmation et les algorithmes à des enfants qui ne possèdent pas encore les rudiments de l’algèbre.
Foxton soulève également une question sur les aptitudes des enseignants du primaire à maîtriser eux-mêmes les langages de programmation. Il ne les voit pas eux-mêmes en mesure d’apprendre des langages de programmation, combien de fois les transmettre aux enfants ? Il dira « J’admire l’ambition et l’enthousiasme des membres du gouvernement, mais je vois mal comment un enseignant moyen du primaire pourra apprendre deux langages de programmation pour ensuite les transmettre aux enfants ».
Le journaliste conclut « Si une matière scolaire doit être enseignée à tous, elle doit avoir une application vitale dans le quotidien et ce n’est simplement pas vrai pour l’écriture du code, bien même qu’elle soit utile à certains enfants ».
Quoi qu'il en soit, en 2016, le Japon a décidé de rendre obligatoire l’enseignement de la programmation informatique dès l’école primaire. Le pays a alors planifié de généraliser graduellement l’apprentissage de cette discipline dès 2020 pour les écoliers, 2021 pour les collégiens et 2022 pour les lycéens.
Sources : Science Direct, NFS, Time4CS
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ? Est-ce vraiment une bonne idée que d’avoir à enseigner la programmation aux plus jeunes ? Pourquoi ?
Que pensez-vous des résultats de l'étude ? Vous semblent-ils crédibles ? Dans quelle mesure ?
Que pensez-vous de l'approche du Japon qui a opté pour une approche graduelle ?
À quel âge ou en quelle classe devrait-on, selon vous, apprendre la programmation ?
Voir aussi :
Le Japon veut rendre obligatoire l'enseignement de la programmation informatique dès le primaire à partir de 2020
Un expert en informatique déclare que les programmeurs ont besoin de plus de mathématiques, ajoutant que les écoles devraient repenser la façon dont elles enseignent l'informatique
« Programmer c'est appliquer des concepts mathématiques », d'après un ingénieur chez Facebook qui regrette d'avoir négligé les maths à l'université