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Microsoft retarde l'interdiction controversée de l'open source payant dans son store,

Et par contre interdit le moteur de navigation WebKit d'Apple

Le 2022-07-10 20:08:21, par Bruno, Chroniqueur Actualités
Microsoft a suscité une vive polémique le mois dernier en mettant à jour ses conditions d'utilisation du Microsoft Store. Les nouvelles règles, qui pourraient entrer en vigueur le 16 juillet semblent mettre un terme à la vente et à la distribution d'applications OSS (Operational Support System) commerciales et de distribuer des applications Web qui utilisent le moteur WebKit d'Apple.

Le navigateur Safari d'Apple, basé sur WebKit, n'est plus officiellement pris en charge sur Windows depuis 2012, mais comme WebKit est open source, un développeur entreprenant ou une équipe de développeurs pourrait vraisemblablement créer un navigateur pour Windows.


La politique révisée de Microsoft semble être destinée à améliorer l'expérience du Microsoft Store. Par exemple, ils comprennent une section interdisant aux applications qui « fournissent du contenu lié à des informations, des nouvelles ou des événements actuels dans le monde réel de diffuser de la désinformation ».

Ce qui rend cette situation inhabituelle, c'est que Microsoft a annoncé en février ses principes d'Open App Store pour répondre aux préoccupations réglementaires concernant la concurrence découlant de son acquisition d'Activision/Blizzard.

« Nous annonçons aujourd'hui un nouvel ensemble de principes pour l'Open App Store qui s'appliqueront au Microsoft Store sur Windows et aux marchés de nouvelle génération que nous construirons pour les jeux. Nous avons élaboré ces principes en partie pour répondre au rôle et à la responsabilité croissants de Microsoft au moment où nous entamons le processus de demande d'approbation réglementaire dans les capitales du monde entier pour notre acquisition d'Activision Blizzard. »

« Ce processus réglementaire débute alors que de nombreux gouvernements mettent également en place de nouvelles lois visant à promouvoir la concurrence sur les marchés des applications et au-delà. Nous voulons que les régulateurs et le public sachent qu'en tant qu'entreprise, Microsoft s'est engagée à s'adapter à ces nouvelles lois et, grâce à ces principes, nous nous y employons. »

Le géant Windows a agi ainsi en étant pleinement conscient des contestations antitrust dont font l'objet l'App Store d'Apple et Google Play dans le monde entier. En fait, Microsoft a soutenu les efforts visant à forcer ses rivaux à assouplir les règles de leurs propres magasins.

L'un des principaux aspects de la pression réglementaire exercée sur Apple a été la règle relative au navigateur de l'App Store, qui exige que toutes les applications de navigateur iOS soient basées sur son moteur WebKit, plutôt que sur le moteur open source Chromium/Blink de Google ou le moteur open source Gecko de Mozilla.

L'exigence d'Apple en matière de moteur de navigateur a contrarié les développeurs Web, qui ont été limités à l'utilisation des seules API Web mises en œuvre dans WebKit pour leurs applications Web. Beaucoup pensent que cette barrière sert à orienter les développeurs vers le développement d'applications iOS natives, qu'Apple contrôle.

Début mars, un groupe d'ingénieurs en logiciels a annoncé vouloir lancer un groupe appelé Open Web Advocacy (OWA) pour aider les applications en ligne à concurrencer les applications natives et pour encourager ou contraindre Apple à assouplir ses restrictions en matière de navigateur iOS. Le groupe vise à promouvoir un Web plus ouvert en expliquant aux législateurs des détails techniques subtils et à les aider à comprendre les aspects anticoncurrentiels de la technologie Web.

Au cours des derniers mois, les membres du groupe ont communiqué avec l'autorité britannique chargée de la concurrence et des marchés (CMA) pour convaincre l'agence que la politique d'Apple en matière de navigateur iOS nuit à la concurrence.

En avril, la version « finale » de la loi sur les marchés numériques a fait l'objet d'une fuite. La législation presque finalisée visant à dompter les gardiens de l'Internet contiendrait un langage visant clairement à mettre fin aux restrictions du navigateur iOS d'Apple. Parmi les divers ajustements apportés au projet d'accord figurerait également la reconnaissance explicite des « moteurs de navigateur Web » comme un service devant être protégé des limitations anticoncurrentielles imposées par les "gatekeepers".

La loi sur les marchés numériques et la loi sur les services numériques de l'UE visent à renforcer la concurrence grâce à de nouvelles règles qui interdisent l'utilisation de WebKit par Apple. L'autorité britannique de la concurrence et des marchés envisage une règle similaire, tout comme la National Télécommunications and Information Administration (NTIA) aux États-Unis.

Pour certains analystes, il est donc inattendu de voir Microsoft déclarer dans la section 10.2.1 : « Les produits qui naviguent sur le Web doivent utiliser le moteur open source Chromium ou Gecko. » (L'entreprise fait également une exception pour les anciennes applications du Microsoft Store construites avec son moteur EdgeHTML, qui a été abandonné.)

Les développeurs semblent plus préoccupés par la décision de Microsoft de limiter la vente d'applications basées sur des logiciels libres. La section 10.8.7 de la politique révisée stipule : « Ne pas tenter de tirer profit d'un logiciel libre ou d'un autre logiciel qui est par ailleurs généralement disponible gratuitement, et ne pas fixer un prix irrationnellement élevé par rapport aux caractéristiques et fonctionnalités fournies par votre produit. »

Ce changement de politique intervient dans un contexte de critiques à l'encontre de Microsoft faisant suite à la mise sur le marché de GitHub Copilot, un outil de suggestion de code d'IA par abonnement, formé au code source libre. La semaine dernière, le Software Freedom Conservancy, un groupe de défense de l'open source, a accusé Microsoft de tirer profit de l'open source sans fournir de précisions sur la conformité de Copilot aux conditions de licence et a exhorté les développeurs de logiciels libres à abandonner GitHub.

« Ceux qui oublient l'histoire la répètent souvent par inadvertance. Certains d'entre nous se souviennent qu'il y a vingt et un ans, le site d'hébergement de code le plus populaire, un site entièrement libre et open source (FOSS) appelé SourceForge, était propriétaire de tout son code », déclare le groupe. « Les principaux projets FOSS ont peu à peu quitté SourceForge, car il s'agissait désormais d'un système propriétaire, aux antipodes du FOSS. Les communautés du libre ont appris que c'était une erreur de permettre à une société de logiciels propriétaires à but lucratif de devenir le site de développement collaboratif dominant du libre. SourceForge s'est lentement effondré après le crash de DotCom, et aujourd'hui, SourceForge est plus un appât à liens publicitaires qu'un hébergeur de code », précise le Software Freedom Conservancy.

« Nous avons appris une leçon précieuse qu'il était un peu trop facile d'oublier, surtout lorsque les entreprises manipulent les communautés du libre à leurs propres fins. Nous devons maintenant réapprendre la leçon de SourceForge avec le GitHub de Microsoft », conclut l’organisation.

Denver Gingerich, ingénieur en conformité avec les licences FOSS de la SFC, et Bradley Kuhn, chargé de mission à la SFC ont cité le programme de peinture Krita et le logiciel de montage vidéo ShotCut comme deux applications libres qui violeront bientôt les conditions d'utilisation du Store Microsoft. Ils ont également cité le projet Inkscape de la SFC, qui, dans le Microsoft Store, avait choisi de demander des dons plutôt que d'exiger un paiement, ce qu'il doit désormais faire par souci de conformité.

Selon eux, Microsoft a déjà procédé de la sorte par le passé, en mettant en place des politiques, puis en les rétractant. « La vente de logiciels open source a été la pierre angulaire de la durabilité de l'open source depuis sa création », ont déclaré Gingerich et Kuhn. « Précisément parce que vous pouvez le vendre, les projets open source comme Linux (que Microsoft prétend aimer) ont été estimés à des milliards de dollars. Microsoft ne veut apparemment pas que les développeurs de logiciels libres soient en mesure d'écrire des logiciels libres de manière durable. »

Ils concluent en exigeant que Microsoft répudie ses politiques anti-FOSS du Microsoft Store et précise que la vente de logiciels libres est non seulement autorisée mais encouragée. « Microsoft Store soutient et encourage les développeurs de logiciels libres à publier des applications gratuites et payantes, y compris les navigateurs utilisant d'autres moteurs », a déclaré un porte-parole.

Source : Microsoft

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