En février 2021, SpaceX recevait l'autorisation de l'Arcep pour commencer à fournir une connexion Internet haut débit Starlink en France. L'Arcep avait annoncé qu'elle avait autorisé Starlink à devenir un opérateur Internet sur le territoire national, et avait également autorisé l'exploitation de l'antenne parabolique de l'utilisateur. En 2020, le régulateur français avait accordé à SpaceX le droit de construire et d'exploiter des stations terrestres Starlink Gateway en France. Mais en donnant toutes ces approbations à SpaceX, l'Arcep aurait manqué d'organiser une consultation publique sur l'arrivée de l'opérateur satellitaire en France.
En effet, selon l'article L. 32-1 du Code des postes et communications électroniques, quand l’Arcep envisage d'adopter des mesures ayant une incidence importante sur le marché ou affectant les intérêts des utilisateurs finaux, elle doit soumettre ces mesures à une consultation, dont les résultats sont rendus publics. Par conséquent, en accordant son feu vert sans consultation du public, l’Arcep n’a pas respecté le Code des postes et communications électroniques. Et les associations PRIARTEM, Informer et Agir pour l'environnement avaient demandé l'annulation de l'utilisation du spectre. Elles ont obtenu gain de cause le 5 avril 2022.
« La décision attaquée de l'Arcep, qui vise à autoriser la société Starlink Internet Services Limited […] est susceptible d'avoir un impact significatif sur le marché de la fourniture d'accès à Internet à haut débit et d'affecter les intérêts des utilisateurs finaux. Ainsi, en prenant cette décision sans avoir préalablement consulté le public, l'Arcep a méconnu les dispositions du V de l'article L. 32-1 du code des postes et des communications électroniques », indique l'arrêt du Conseil d'État. Selon Stephen Kerckhove, délégué général de l'association Agir pour l'environnement, cette décision des autorités "remet les choses à l'endroit".
Quelques jours après, le 8 avril 2022, Starlink a demandé à l'Arcep de consulter le public afin de recueillir des informations auprès des personnes intéressées par son service Internet en France. L'Arcep a publié le 2 juin les résultats de cette consultation publique. Dans le cadre de cette consultation publique, Starlink a fait parvenir ses observations, 12 organisations autres ont participé, ainsi que 2 000 particuliers, y compris des clients de Starlink. Quelques concurrents de Starlink, notamment Viasat, OneWeb, Orange, Eutelsat et Inmarsart ont également eu l'occasion d'exprimer leurs opinions.
Les résultats ont montré que les personnes les plus intéressées par Starlink se trouvaient dans des "zones blanches", c'est-à-dire des endroits où les services réseau sont de mauvaise qualité. « Les consultations ont notamment fait ressortir l'intérêt du service Starlink pour développer la connectivité des 'zones blanches' mobiles ou mal desservies par les réseaux fibrés », a déclaré l'Arcep. Les autres acteurs ayant également apporté leurs observations lors de cette consultation publique sont l'association des opérateurs alternatifs, la Commission supérieure du numérique et des postes et le Centre national d’études spatiales.
Starlink permet aux habitants des zones mal desservies par les réseaux fixes et mobiles des opérateurs télécoms d'avoir accès à l'Internet à haut débit, via des milliers de petits satellites circulant en orbite basse (principalement 550 kilomètres) autour de la Terre. Mais, à l'heure actuelle, l’acquisition d’un kit Starlink est très onéreuse en France. En effet, en mars, Starlink a augmenté les prix d'achat des kits Starlink et du service mensuel. Désormais, le prix du kit Starlink - comprenant un terminal, un trépied et un routeur Wi-Fi - passe de 499 à 599 dollars (soit une augmentation de 20 %) pour les nouvelles commandes.
SpaceX a également augmenté de 11 dollars le prix de l'abonnement mensuel, qui passe de 99 à 110 dollars (soit une augmentation de 11 %). La société a déclaré que "le seul objectif des hausses de prix est de suivre le rythme de l'inflation croissante". Elon Musk, PDG de SpaceX, a déclaré que "SpaceX et Tesla avaient constaté récemment une pression inflationniste significative dans les matières premières et la logistique". Ainsi, SpaceX a envoyé des avis aux utilisateurs de Starlink et aux personnes ayant commandé le kit Starlink, et qui sont en attente de les recevoir, afin de leur notifier les nouveaux prix.
À terme, Musk espère couvrir toutes les régions du globe, à l'exception des pôles. En outre, le milliardaire fait également attention dans ses discours à ne pas se positionner comme un concurrent frontal des opérateurs télécoms. Musk préfère voir Starlink comme un bon complément à la fibre et à la 5G. « Il y a un besoin de connectivité dans les endroits qui n'en ont pas, ou lorsqu'elle est limitée ou coûteuse », a-t-il déclaré l'an dernier, au Mobile World Congress de Barcelone. Selon des données fournies par SpaceX, ces zones difficiles d'accès pour les opérateurs télécoms traditionnels représentent entre 3 % et 5 % du marché.
Source : Communiqué de presse de l'Arcep
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