De nombreux pays, dont les États-Unis, s'accordent à dire que la désinformation en ligne sur les vaccins contre la Covid-19 est l'une des principales causes du faible taux de vaccination dans le monde. Par exemple, un rapport de juillet 2021 a révélé que les gens sont plus anti-vaccins s'ils obtiennent leurs informations sur la Covid-19 sur Facebook. En outre, le président américain Joe Biden a également déclaré l'année dernière que les sociétés de médias sociaux "tuent les gens" en diffusant des informations erronées sur les vaccins. YouTube, Instagram et TikTok font également partie des principaux relais de la désinformation sur les vaccins.
Le CCDH a tenté l'année dernière de suivre la propagation des contenus anti-vaccins sur les plateformes de médias sociaux afin d'identifier les principaux auteurs de ces fausses informations. Le résultat est une liste de douze personnes, que le CCDH a baptisées les "Douze de la désinformation". Selon l'organisme, ces douze prétendent apparemment être des leaders politiques ou médicaux, et seraient tous basés aux États-Unis. En outre, le CCDH indique que l'analyse d'un échantillon de contenus anti-vaccins partagés ou publiés sur Facebook et Twitter a montré qu'ils sont responsables à eux seuls de 65 % des contenus anti-vaccins.
À la différence de ceux qui se décrivent comme hésitants à se faire vacciner, les gens anti-vaccins ont tendance à employer des méthodes agressives afin de persuader les autres de ne pas recevoir les injections destinées à prévenir les maladies. Selon le CCDH, l'étude révèle que si de nombreuses personnes peuvent diffuser du contenu anti-vaccin sur les médias sociaux, le contenu qu'elles partagent provient souvent d'un éventail de sources beaucoup plus limitées. En outre, l'exposition à une quantité même minime de désinformation en ligne sur les vaccins réduirait jusqu'à 8,8 % le nombre de personnes prêtes à se faire vacciner.
Selon le rapport, bien que ces douze anti-vaccins aient violé à plusieurs reprises les accords sur les conditions de service de Facebook, Instagram et Twitter, neuf des "Douze de la désinformation" restent sur les trois plateformes, tandis que trois seulement ont été complètement supprimés d'une seule plateforme. Le CCDH estime qu'il s'agit d'une extension de l'échec des plateformes à agir sur la désinformation sur les vaccins. Les recherches menées par le CCDH l'année dernière allèguent que les plateformes n'agissent pas sur 95 % des informations erronées sur les vaccins et la Covid-19 qui leur sont signalées.
Le CCDH aurait en outre découvert des preuves que l'algorithme d'Instagram recommande activement des informations erronées similaires. De plus, le suivi de 425 comptes anti-vaccins par le CCDH montre que leur nombre total d'abonnés sur les plateformes s'élève désormais à 59,2 millions en raison de ces échecs. Les 20 comptes anti-vaccins ayant les plus grands nombres d'abonnés représenteraient plus des deux tiers de ce total. Selon des experts, certains influenceurs anti-vaccins exploitent des failles qui font que s'ils publient du contenu sous un autre nom ou apparaissent sur une page hébergée par un autre utilisateur, leur contenu anti-vaccin n'est pas supprimé.
Imran Ahmed, directeur général du CCDH, a déclaré que les entreprises de médias sociaux "ne supportent aucun des coûts du contenu" qu'elles diffusent. Il a appelé les entreprises à agir plus rapidement, car les personnes anti-vaccins les plus efficaces sont de "grands spécialistes du marketing" et masquent leur rhétorique pour la faire passer pour du contenu sur le bien-être ou la fertilité. « Tout ce qui intéresse les plateformes, c'est le contenu sur lequel les gens vont passer assez de temps afin de pouvoir leur servir des publicités en même temps. Elles sont réticentes à prendre des mesures crédibles », a déclaré Ahmed.
Ed Stubbs, un professeur qui a conçu des leçons pour lutter contre l'hésitation à se faire vacciner dans les écoles, a déclaré que les enfants pourraient se retrouver à digérer beaucoup de contenu anti-vaccins parce qu'ils passent beaucoup plus de temps en ligne. Stubbs craint qu'un tel contenu ne se traduise par une plus grande hésitation à l'égard des autres vaccins. Mais il a également noté que le fait de qualifier d'anti-vaccins ceux qui hésitent à se faire vacciner peut être problématique. Enfin, pour résoudre le problème, certains préconisent une législation visant à forcer les plateformes de médias sociaux à supprimer le contenu préjudiciable.
« Internet est un grand espace et il y a certainement plus à faire et nous sommes déterminés à nous assurer qu'avec les entreprises de médias sociaux, nous prenons les mesures nécessaires. Il y a toujours plus à faire. Et en fait, dans les mois à venir, nous allons présenter un projet de loi sur la sécurité en ligne pour aller encore plus loin en imposant des obligations légales aux entreprises de médias sociaux pour nous assurer qu'elles agissent dans ce domaine », a déclaré l'année dernière Chris Philp du ministère britannique du Numérique, de la Culture, des Médias et du Sport. Cependant, des chercheurs estiment qu'il s'agit d'une alternative à éviter.
Dans une étude récemment publiée, la Royal Society du Royaume-Uni a conclu qu'il s'agit d'une méthode de modération contre-productive, car elle ne contribue guère à limiter leurs effets néfastes de la désinformation. L'étude remet en question les efforts des États pour obliger les sites de médias sociaux à rapidement supprimer les faux contenus. Sur la base d'analyses documentaires, d'ateliers et de deux enquêtes menées au Royaume-Uni, la Royal Society est parvenue à plusieurs conclusions.
La première est que si la désinformation en ligne est endémique, son influence est peut-être exagérée, du moins en ce qui concerne le Royaume-Uni. « La grande majorité des personnes interrogées pensent que les vaccins Covid-19 sont sûrs, que l'activité humaine est responsable du changement climatique et que la technologie 5G n'est pas dangereuse », indique le rapport d'étude. La deuxième est que l'impact des soi-disant chambres d'écho peut être pareillement exagéré et qu'il y a peu de preuves pour soutenir l'hypothèse de la "bulle de filtre" (en gros, des trous de lapin extrémistes alimentés par des algorithmes).
Les auteurs de l'étude ont également souligné que de nombreux débats sur ce qui constitue une désinformation trouvent leur origine dans des différends au sein de la communauté scientifique et que le mouvement anti-vaccins est bien plus large qu'un ensemble de croyances ou de motivations. Et l'une des plus grandes conclusions du rapport est que le gouvernement et les entreprises de médias sociaux ne devraient pas s'appuyer sur la "suppression constante" de contenus trompeurs. Selon les chercheurs de la Royal Society, elle ne constitue pas une "solution efficace contre la désinformation scientifique en ligne".
Le CCDH a énuméré les noms des "Douze de la désinformation" comme suit :
- Joseph Mercola
- Robert F. Kennedy, Jr.
- Ty et Charlene Bollinger
- Sherri Tenpenny
- Rizza Islam
- Rashid Buttar
- Erin Elizabeth
- Sayer Ji
- Kelly Brogan
- Christiane Northrup
- Ben Tapper
- Kevin Jenkins
Source : Le rapport du CCDH (PDF)
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