
Nvidia est le plus grand fabricant de processeurs graphiques et étend l'utilisation de la composante de jeu dans de nouveaux domaines tels que le traitement de l'intelligence artificielle dans les centres de données et les voitures autonomes. Le mariage de ses propres capacités avec des unités centrales de traitement conçues par Arm pourrait lui permettre de rattraper voire prendre de l'avance sur Intel et Advanced Micro Devices, selon Hans Mosesmann, analyste chez Rosenblatt Securities.
En avril, le gouvernement britannique a décidé d'intervenir pour des raisons de sécurité nationale. Le secrétaire d'État au Numérique, Oliver Dowden, a « publié un avis d'intervention d'intérêt public (PIIN) concernant le projet de vente d'Arm à NVIDIA ». Il a écrit à l'Autorité de la concurrence et des marchés pour l'informer de sa décision et lui a demandé d'entamer une enquête de phase 1 pour évaluer la transaction.
« La CMA (CMA, pour "Competition and Markets Authority", NDLR) va maintenant préparer un rapport contenant des conseils sur les questions de compétence et de concurrence », a annoncé le gouvernement. « Le rapport comprendra également un résumé de toutes les représentations qu'elle recevra sur les questions potentielles de sécurité nationale découlant d'une consultation qu'elle lancera pour recueillir les opinions de tiers », a déclaré le gouvernement. « Parallèlement au processus de la CMA, le gouvernement examinera les intérêts publics en matière de sécurité nationale ».
Dans son communiqué de presse, le gouvernement britannique note qu'Arm est un acteur clef du marché mondial des semi-conducteurs. Les semi-conducteurs sont essentiels aux technologies actuelles et futures, de l'intelligence artificielle à la 5G en passant par l'informatique quantique. Les semi-conducteurs sont également à la base de l'infrastructure nationale critique du Royaume-Uni et sont présents dans les technologies liées à la défense et à la sécurité nationale.
« Il est approprié que nous considérions correctement les implications en matière de sécurité nationale d'une transaction comme celle-ci », a-t-il déclaré. Le gouvernement britannique a le pouvoir de mettre fin à l'opération, car le ministre du numérique dispose de pouvoirs quasi judiciaires en vertu de la loi sur les entreprises de 2002 pour intervenir dans certaines fusions pour des raisons d'intérêt public.
Dans son rapport remis au secrétaire d'État au numérique, à la culture, aux médias et aux sports, l'autorité de la concurrence et des marchés prévient que cette fusion pourrait donner à l'entreprise la capacité et l'intention de nuire à la compétitivité des concurrents de Nvidia, en restreignant leur accès à la propriété intellectuelle d'Arm.
En outre, selon le rapport, alors que Nvidia proposait un ensemble de recours comportementaux pour répondre aux préoccupations de la CMA, l'autorité de la concurrence a estimé que les suggestions n'entraîneraient que « des risques considérables de spécification, de contournement, de surveillance et d'application », et n'atténueraient aucun des ses préoccupations.
« Nous craignons que Nvidia contrôlant Arm ne crée de réels problèmes pour les concurrents de Nvidia en limitant leur accès aux technologies clefs et, en fin de compte, en étouffant l'innovation sur un certain nombre de marchés importants et en croissance. Cela pourrait finir par priver les consommateurs de nouveaux produits, ou de voir les prix augmenter », a déclaré Andrea Coscelli, patron de la CMA.
« L'industrie de la technologie des puces vaut des milliards et est vitale pour les produits sur lesquels les entreprises et les consommateurs comptent chaque jour. Cela comprend le traitement des données critiques et la technologie des centres de données qui soutiennent les entreprises numériques dans l'ensemble de l'économie, et le développement futur des technologies d'intelligence artificielle qui seront important pour les industries en croissance comme la robotique et les voitures autonomes. »
C'est dans ce contexte que Bruxelles a décidé de lancer une enquête officielle sur l'implication sur la concurrence d'un tel rachat, après des mois de discussions informelles entre les régulateurs et la société américaine de puces.
La FTC entre dans la danse
Malgré les signes croissants que les régulateurs pourraient tenter de bloquer l'accord, Nvidia a déclaré mercredi qu'il croyait toujours « aux mérites et aux avantages de l'acquisition pour Arm, ses titulaires de licence et l'industrie ».
Nvidia a révélé le recul des régulateurs américains alors qu'il annonçait ses derniers résultats trimestriels à Wall Street mercredi. L'entreprise a déclaré que la Federal Trade Commission avait « exprimé des préoccupations » au sujet de la transaction Arm et qu'elle était en pourparlers avec l'agence au sujet de « solutions pour répondre à ces préoccupations ».
Le fabricant de puces américain n'a pas indiqué les points sur lesquels la FTC s'appuyait pour indiquer ses réserves quant au rachat d'Arm. Il s'est également gardé de révéler les concessions qu'il avait proposées. L'accord, qui a été annoncé il y a 14 mois, a suscité l'opposition de certaines grandes entreprises de technologie américaines qui craignent que Nvidia limite leur accès aux conceptions de puces d'Arm, ce qui pourrait lui conférer un avantage injuste sur les grands marchés de puces tels que les centres de données et les voitures.
Interrogés par la FTC, Qualcomm, Microsoft et Google ont exprimé des craintes quant à la répercussion du rachat sur la concurrence. « Nous pensons qu'il y a un grand risque que Nvidia devienne le gardien des technologies Arm et qu'il empêche d'autres fabricants de puces d'utiliser la propriété intellectuelle d'Arm », expliquait Qualcomm à cette occasion. De leurs côtés, Google et Microsoft travailleraient sur leurs propres puces basées sur les designs Arm. Des travaux qui se compliqueraient consid...
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