
Noursoultan a eu du mal à adopter une politique cohérente envers les cryptomonnaies et le minage de cryptomonnaie (la série de calculs gourmands en électricité effectués par des ordinateurs en réseau pour vérifier et enregistrer les transactions de cryptomonnaie). Après avoir essayé de durcir sa position sur le minage en 2018, le Kazakhstan l’a finalement assouplie, adoptant en 2020 une loi pour légaliser cette activité.
Il y a seulement trois ans, la Banque nationale a appelé à l'interdiction du commerce des cryptomonnaies et de leur minage.
Puis, en 2020, le parlement a adopté une loi légalisant le minage de cryptomonnaie et créant des conditions d'accueil pour l'industrie. Le projet de loi a introduit le concept « d'actif numérique » et a posé les bases pour que les courtiers en cryptomonnaie agréés s'installent. La législation a également établi des taux pour les taxes à percevoir auprès des mineurs et de nouveaux tarifs d'électricité augmentés à partir de janvier prochain : une contribution de 1 tenge (0,0020 €) par kilowattheure sur l’électricité consommée par le minage de crypto. Les amendements entreront en vigueur le 1er janvier 2022. Cette mesure a été expliquée par les autorités kazakhes comme une tentative de « sortir les mineurs de l’ombre » et de la « zone grise ».
S'exprimant peu de temps après l'adoption du projet de loi, le ministre du Développement numérique Bagdat Musin a déclaré lors d'une réunion gouvernementale que 13 fermes de minage avaient déjà commencé à fonctionner au Kazakhstan avec des investissements totalisant 80 milliards de tenge (161 millions d'euros). D'ici 2025, les investissements miniers atteindraient 500 milliards de tenge (1 milliard d'euros), a-t-il déclaré.
Fin septembre 2021, la Chine a intensifié la répression du commerce des cryptomonnaies, promettant d'éradiquer les activités « illégales » tant pour le bitcoin que pour les autres monnaies virtuelles et d'interdire dans tout le pays le minage de cryptomonnaies. Dix agences gouvernementales chinoises, dont la banque centrale ainsi que les régulateurs des banques, de la Bourse et des changes, ont déclaré dans un communiqué conjoint qu'elles travailleraient en étroite collaboration pour maintenir une répression « à haute pression » contre les activités spéculatives des cryptomonnaies.
La Banque populaire de Chine a déclaré que les cryptomonnaies ne doivent pas circuler sur les marchés en tant que monnaies traditionnelles et que les Bourses étrangères ne sont pas autorisées à fournir des services aux investisseurs du continent via Internet : « Les activités commerciales liées aux monnaies virtuelles sont des activités financières illégales », a déclaré la Banque centrale dans un communiqué en ligne, en ajoutant qu'elles « mettaient sérieusement en difficulté la sécurité des actifs des gens ». La Banque centrale a précisé que les contrevenants feront « l'objet d'une enquête pour responsabilité pénale conformément à la loi ».
La décision chinoise interdit donc notamment le commerce de monnaies virtuelles, la vente de jetons, les transactions impliquant des dérivés de devises virtuelles et les « collectes de fonds illégales ».
Pour faire suite à cette décision, de nombreux mineurs ont simplement déplacé leurs opérations de l'autre côté de la frontière, faisant du Kazakhstan le deuxième plus grand mineur de cryptomonnaie au monde. La part du pays dans l'exploitation minière mondiale est passée de 1,4 % en septembre 2019 à plus de 18 %, selon les données collectées par l'Université de Cambridge.
La Blockchain and Data Center Industry Association, un groupe de pression, estime que plus de 250 000 appareils de minage sont hébergés au Kazakhstan aujourd'hui.
Ces ordinateurs exigent de grandes quantités d'énergie.
« Nous avons vu que la consommation d'électricité de notre [pays] a littéralement augmenté de 7 % en un an. C'est une très forte augmentation », a déclaré le 30 septembre le ministre de l'Énergie, Magzum Mirzagaliyev, notant que la consommation augmente généralement d'environ 2 % par an.
Mirzagaliyev a associé l'augmentation spectaculaire de la demande au minage de cryptomonnaie.
Selon le ministère de l'Énergie, les fermes de minage consomment environ 1 GW d'électricité. Cela correspond à la capacité installée de l'une des plus grandes centrales électriques du Kazakhstan (Ekibastuz GRES-2). Sans compter que tout le pays en hiver (qui représente la période où le niveau de consommation est le plus élevé) nécessite environ 15 GW d'électricité avec une capacité totale disponible dans le système électrique de 20 GW.
Aussi, le ministre a proposé au gouvernement de limiter l'approvisionnement en électricité à 1 MW par ferme de minage et à 100 MW pour l'ensemble du secteur.
Cette suggestion a suscité les critiques des mineurs. La Blockchain and Data Center Industry Association a fait valoir que le gouvernement devrait sévir contre les mineurs illégaux au lieu de restreindre l'approvisionnement en énergie à des entreprises qui paient des impôts.
« Les mesures visant à limiter la consommation d'énergie des mineurs sous la forme sous laquelle elles sont actuellement proposées ne résoudront pas le problème existant. Ces restrictions n'affecteront légalement que les mineurs. Malgré le fait qu'environ 300 MW par an sont dépensés illégalement par les mineurs gris, ce qui est trois fois plus que l'allocation des 100 MW d'énergie proposée dans le projet du ministre de l'Énergie », a déclaré le président de l'association des mineurs Alan Dordzhiev.
Pour résoudre le problème du déficit en énergie et du minage illégal, l'association propose d'introduire une interdiction de connexion des fermes de minage dans les villes et à proximité des grandes agglomérations, mais aussi l'interdiction de faire du minage au sein des organisations productrices d'énergie ou dans des entreprises engagées dans d'autres activités spécialisées.
Le 15 octobre, le gestionnaire de réseau national, KEGOC, a annoncé un rationnement de l'électricité après la fermeture de trois grandes centrales électriques au charbon. KEGOC n'a pas directement blâmé les mineurs, mais il a utilisé un langage similaire à celui du ministre de l'Énergie et a déclaré qu'il coupait les clients qui « surconsomment ».
La crise de l’énergie électrique dans les pays où le minage du Bitcoin est légalisé devient déjà un phénomène courant, auparavant une situation similaire s’était déjà produite en Iran au premier trimestre de 2021. Au début, le gouvernement iranien a légalisé le minage du bitcoin dans le pays pour soutenir son économie et lutter contre les sanctions commerciales.
Cependant, les autorités se sont vite rendu compte que les mineurs illégaux exploitaient des ressources énergétiques limitées, ce qui a entraîné des coupures de courant.
Sources : sénat du parlement du Kazakhstan, Ministre du Développement numérique Bagdat Musin, Bitcoin Mining Map (universite de Cambridge), Blockchain and Data Center Industry Association
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