La police démantèle une installation minière de bitcoins
La police de West Midlands s'attendait à trouver une culture de cannabis en intérieur dans un hangar suspect, mais elle a été surprise de constater qu'il s'agissait en réalité d'une ferme de minage de bitcoins. Selon les déclarations de la police, cette vaste installation de minage de bitcoins siphonnait illégalement l'électricité du réseau. Avant le raid, la police a observé plusieurs personnes entrant et sortant du bâtiment tout au long de la journée, et a repéré une ventilation et un câblage importants. Ils affirment également qu'un drone a pu détecter de grandes quantités de chaleur émanant du bâtiment.
Comme les fermes de cannabis en intérieur utilisent des systèmes de lampes de culture, de chauffage et de ventilation pour cultiver des plantes dans des endroits où elles ne fleurissent pas habituellement, la police a cru voir les "signes classiques" d'une opération clandestine de production d'herbe. Mais à l'intérieur, se trouvait une centaine de machines Antminer S9, générant d'énormes quantités de chaleur pendant qu'elles frappaient de nouvelles pièces de bitcoins. Au Royaume-Uni, cette activité est entièrement légale tant que les mineurs de cryptomonnaies paient leurs factures d'électricité.
Mais ce n'était pas le cas du hangar pris d'assaut par la police. Cette dernière a annoncé que cette opération particulière siphonnait des "milliers de livres" d'électricité. Autrement dit, les détenteurs de la ferme utilisaient jusque-là gratuitement de grandes quantités d'énergie dans le cadre d'une activité considérée comme industrielle dans le pays. Résultat, la police a décidé de fermer le hangar et a procédé au saisi des équipements qui composaient l'installation minière. La police a estimé la valeur du matériel informatique trouvé sur les lieux à plus de 5 000 dollars. Cela dit, elle n'a arrêté personne.
La police n'a peut-être pas arrêté un réseau de trafiquants de drogue, mais elle a mis fin à une installation minière illicite – pour l'environnement en tout cas. En 2016, une étude aurait constaté que la culture des stupéfiants représentait 1 % de la consommation d'électricité aux États-Unis, soit l'équivalent de 15 millions de tonnes d'émissions de gaz à effet de serre, à l'époque. À titre de comparaison, l'on estime que le bitcoin était responsable de près de 0,25 % de la consommation d'électricité de la planète entière en 2019. Ces chiffres ont considérablement évolué ces deux dernières années.
Le Bitcoin : une monnaie dangereuse pour l'environnement ?
Le minage de bitcoins est le processus qui consiste à créer de nouveaux bitcoins en résolvant une énigme informatique. Cette activité est nécessaire pour maintenir le registre des transactions sur lequel le bitcoin est basé. Le minage de bitcoins est effectué par des ordinateurs puissants qui résolvent des problèmes mathématiques complexes. Ces problèmes sont si complexes qu'ils ne peuvent être résolus à la main et sont suffisamment compliqués pour mettre à l'épreuve même des ordinateurs incroyablement puissants.
Mais les mineurs sont devenus très sophistiqués au cours des dernières années. En retour, ils sont récompensés par des bitcoins, provenant à la fois des frais de transaction et de la création de nouveaux bitcoins. Si cette activité profite aux mineurs, elle a malheureusement un coût sur l'environnement : elle nécessite une grande quantité d'énergie dont la courbe croît chaque année. Les impacts sur l'environnement viennent également du fait que certaines installations de minage de bitcoins ou d'autres cryptomonnaies se basent sur des combustibles fossiles pour leurs besoins en énergie.
Le problème énergétique croissant du bitcoin amène certains à qualifier le bitcoin et les autres cryptomonnaies de "monnaies sales". Selon le milliardaire Charlie Munger, « le bitcoin est répugnant et contraire aux intérêts de notre civilisation ». Les défenseurs du climat se disent scandalisés à l'idée que des combustibles fossiles soient brûlés pour extraire de la cryptomonnaie et poussent les autorités de régulation à prendre des mesures restrictives à l'égard de ce type de projets afin d'éviter une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Le minage de bitcoins nécessite à lui seul l'équivalent des besoins énergétiques de l'Argentine.
Alors, le bitcoin peut-il mener l’humanité au chaos dû au changement climatique ? En réponse à cette question, des experts ont déclaré que cela est possible si son adoption se fait à des taux similaires à ceux de technologies comme les cartes de crédit. C’est l’une des raisons pour lesquelles une entreprise de Bill Gates, fondateur de Microsoft, s’apprête à pulvériser de la poussière dans l’atmosphère. En Iran, où le bitcoin permettrait au pays d'échapper aux embargos économiques et de vendre son pétrole, la cryptomonnaie figure dans la liste des potentielles causes de coupures d’électricité.
Plusieurs pays ont déjà interdit le minage de bitcoins
Alors que la forte demande en énergie des cryptomonnaies inquiète les gouvernements et experts qui cherchent activement des solutions pour la réduire, l'on apprend que l'activité du minage constitue un "effort de survie" dans certaines régions du monde. La société d'analyse blockchain Elliptic a rapporté le mois passé que l'Iran est actuellement dans ce cas. Les exportations de pétrole de l'Iran auraient chuté de 70 % lors de la dernière décennie, plongeant le pays dans une profonde récession, avec un chômage galopant. Face à cette situation, l'Iran se serait tourné vers une solution improbable : le minage de bitcoins.
Toutefois, selon d'autres rapports également publiés en mai, le gouvernement iranien aurait récemment décrété une interdiction de près de quatre mois sur le minage à forte intensité énergétique des cryptomonnaies comme le bitcoin. Cela serait dû au fait que le pays est aux prises avec des pannes de courant généralisées dans de nombreuses villes. Le gouvernement aurait déclaré qu'en interdisant le minage de cryptomonnaies, il sera en mesure d'éviter les pannes d'électricité dans les grandes villes, qui affecteraient la vie des gens et des entreprises. Ailleurs, d'autres ont pris des mesures drastiques contre l'exploitation des cryptomonnaies.
En effet, les relations entre les gouvernements et les cryptomonnaies ont toujours été tendues. Dans certains pays, cela a conduit à des interdictions pures et simples d'achat, de possession et de négociation. L'interdiction pure et simple de ces monnaies s'est principalement produite lors de ces quatre dernières années, coïncidant avec le bull run (hausse prolongée) du bitcoin. Les banques centrales et les gouvernements ayant remarqué la poussée d'intérêt pour les cryptomonnaies, ignorer ce marché en pleine croissance n'était plus une option. Voici quelques exemples de mesures prises par certains gouvernements.
Bolivie
La Bolivie aurait réitéré son opposition à l'autorisation de l'utilisation des cryptomonnaies dans le pays, citant les récentes activités criminelles de certains résidents. La Banque centrale de Bolivie aurait publié une déclaration rappelant au public que l'utilisation des monnaies virtuelles est illégale après avoir dénoncé un système pyramidal déguisé basé sur un supposé investissement dans les devises numériques.
Macédoine du Nord
La Macédoine du Nord aurait interdit l'utilisation du Bitcoin et de l'Ethereum. L'investissement en cryptomonnaies est illégal dans le pays, et la Banque Nationale a mis en garde contre le fait que les transactions en cryptomonnaies sont liées à des activités illicites. Elle aurait également rappelé à ses résidents que le commerce des cryptomonnaies est dangereux, car les plateformes où ces transactions ont lieu ne sont pas réglementées.
Turquie
Plus récemment, la Banque centrale de Turquie a décrété une interdiction des paiements en cryptomonnaies. Cependant, cette décision n'était pas une surprise, car le pays avait renforcé les restrictions sur les échanges de cryptomonnaies au cours des derniers mois. Le pays justifie cette interdiction par l'absence de réglementation et d'autorité centrale pour les monnaies numériques. Elle considère que cela représente un risque pour les investisseurs qui ne peuvent pas récupérer leurs pertes.
Inde
L'Inde continue de brandir la menace d'une interdiction. Le gouvernement indien n'a pas encore adopté une réglementation anti-cryptomonnaies. Cependant, un projet de loi proposant l'interdiction des cryptomonnaies privées serait à l'étude au Parlement indien. L'une des raisons est qu'il estime que les cryptomonnaies financent des activités illégales. Toutefois, le gouvernement n'est pas entièrement opposé aux monnaies numériques. Il envisage également sa propre monnaie numérique, la roupie numérique, qui sera régie par la Banque centrale.
Nigeria
Le Nigeria refuse les échanges de cryptomonnaies. Le pays a renforcé son interdiction des cryptomonnaies en février 2021. Le plus grand marché de cryptomonnaies d'Afrique a interdit aux banques et aux institutions financières de fournir des services de cryptomonnaies sur et hors rampe depuis 2017. En outre, l'annonce a même menacé de fermer les comptes bancaires trouvés en utilisant des échanges de cryptomonnaies.
Algérie
L'Algérie ne soutient pas les monnaies numériques. En 2018, l'Algérie a rendu illégale l'utilisation des cryptomonnaies. Une traduction de la loi depuis l'arabe définit les cryptomonnaies comme suit : « Une monnaie virtuelle est une monnaie utilisée par les internautes sur Internet. Elle se caractérise par l'absence de support physique tel que des pièces de monnaie, de l'argent papier ou des paiements par chèque ou par carte de crédit ».
France
La France n'interdit pas pour l'instant l'utilisation des cryptomonnaies. Toutefois, depuis 2016, de nombreux parlementaires ont proposé d'interdire le minage et l'utilisation de bitcoins et les autres cryptomonnaies en raison de leur consommation d'énergie et de leur utilisation par les criminels. « Je demande que l’on interdise les « bitcoins », qui servent surtout aux trafics et au blanchiment d’argent, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays ». Cette demande avait été adressée au gouvernement en juin 2016 par le député du parti « Les Républicains », Bernard Debré.
L’élu de droite estimait que le bitcoin est un moyen de paiement utilisé facilement par des trafiquants, des terroristes et des pédophiles sur ce qu’il appelle « le plus grand supermarché de l’horreur du monde » : le « Darknet ». Le député Debré avait ajouté « il est simple de se procurer sur Internet des drogues et de se les faire envoyer par voie postale », précisant que la rédaction d’un grand hebdomadaire en a fait l’expérience. « Cocaïne, champignons hallucinogènes, marijuana et cannabis de synthèse sont les drogues que l’on peut se procurer aussi facilement que l’on commande une paire de chaussures », avait-il mis en garde.
États-Unis
Comme la France, le gouvernement central des États-Unis n'a pas interdit les cryptomonnaies pour l'instant. Mais certains États entreprennent désormais des démarches visant à réduire l'impact environnemental des devises numériques. Dernièrement, l'État de New York a présenté un projet de loi visant à suspendre l'exploitation minière des cryptomonnaies pendant les trois prochaines années pour évaluer convenablement son impact environnemental. C'est la première initiative de ce type dans le pays.
Source : La police de West Midlands
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Voir aussi
L'Iran utiliserait le minage de bitcoins pour échapper aux sanctions et "exporter" du pétrole, selon un rapport d'Elliptic
« Le bitcoin est répugnant et contraire aux intérêts de notre civilisation », d'après le milliardaire Charlie Munger, qui fait suite à Bill Gates qui est d'avis qu'il est mauvais pour la planète
L'Iran utiliserait le minage de bitcoins pour échapper aux sanctions et "exporter" du pétrole, selon un rapport d'Elliptic
La Turquie bannit l'utilisation des cryptomonnaies pour le paiement des biens et des services : vers une répression globale des États contre le bitcoin et les autres monnaies cryptographiques ?
Un projet de loi à New York vise à mettre temporairement fin à l'exploitation minière du bitcoin jusqu'à ce que son impact sur l'environnement puisse être évalué