Des « faux » comptes prétendant être des travailleurs d'Amazon ont fait l'éloge de leurs conditions de travail sur Twitter.
Des votes sont actuellement comptés en Alabama pour décider si les employés des entrepôts d'Amazon formeront un syndicat. Depuis février, des employés d’Amazon en Alabama ont été invités à voter pour décider si ledit entrepôt devient le premier de l'entreprise à voir son personnel se regrouper en syndicats aux États-Unis. Des bulletins de vote sont parvenus à plus de 5800 travailleurs de l'entrepôt de Bessemer pour leur demander s'ils souhaitent adhérer au Retail, Wholesale and Department Store Union (RWDSU). Le vote a eu lieu jusqu'au 29 mars.
« Le fait d'avoir un syndicat chez Amazon nous donnerait le droit de négocier de façon collective nos conditions de travail, notamment sur des points tels que les normes de sécurité, la formation, les pauses, les salaires, les avantages sociaux et d'autres questions importantes qui amélioreraient notre lieu de travail. Amazon aborde parfois des problèmes au travail, mais tout cela est temporaire. Un contrat syndical est écrit, négocié et Amazon doit légalement suivre les directives et il existe des mécanismes pour les tenir légalement responsables devant nous en tant que travailleurs. Il n'y a pas d'autre moyen d'avoir ce type de relation avec Amazon que d'avoir un syndicat », lit-on sur le site dédié à la cause.
Nombreuses sont les publications qui font état de ce que le géant du commerce en ligne fait usage de : logiciels de navigation, bracelets, caméras thermiques, caméras de sécurité, enregistrements. Chez Amazon, on se justifie en arguant qu’il s’agit de dispositifs destinés à encadrer la productivité des employés : « Les performances des employés sont mesurées et évaluées sur une longue période, car nous savons que divers facteurs peuvent avoir un impact sur la capacité à répondre aux attentes d'un jour ou d'une heure donnés. Nous soutenons les personnes qui ne sont pas performantes au niveau attendu grâce à un accompagnement spécifique pour les aider à s'améliorer. »
Les entrepôts d’Amazon sont automatisés et certains postes sont occupés par des robots. La société s’appuie sur des capteurs animés par une intelligence artificielle afin de suivre la productivité des employés. L’IA est même en mesure de générer de façon automatique les documents nécessaires au licenciement en cas de non-atteinte des objectifs. Ce seul motif a mené au licenciement de plus de 300 employés travaillant dans un des entrepôts de l’entreprise à Baltimore pendant la période allant d'août 2017 à septembre 2018.
Amazon a fait savoir que malgré le fait que le système soit en mesure de produire des documents de licenciement, l'accord d'un superviseur humain est obligatoire pour la décision finale. Dans ce cas, celle-ci est transmise à l'employé concerné par le superviseur humain.
Ces jours-ci, une série de tweets antisyndicaux ont été envoyés à partir de comptes prétendant être des employés.
Twitter a maintenant suspendu de nombreux comptes et Amazon a confirmé qu'au moins un était faux. La plupart des comptes ont été créés il y a à peine quelques jours, souvent avec seulement quelques tweets, tous liés à Amazon.
« Ce qui me dérange le plus dans les syndicats, c'est qu'il n'y a pas de possibilité de se retirer des cotisations », a tweeté un utilisateur sous le pseudonyme @AmazonFCDarla, malgré une loi de l'État de l'Alabama qui l'empêche.
« Amazon prend grand soin de moi », a-t-elle ajouté.
Des utilisateurs ont mis en lumière ces faux comptes. Comme Karen Weise du New York Times qui a remarqué que certains de ces profils faisant les louanges d'Amazon avaient tout à coup changé de pseudonyme : « C'est tellement génial. Vous vous souvenez de ces très vrais travailleurs d'Amazon qui tweetaient de belles choses sur leur travail là-bas? Eh bien, Leo est maintenant Ciera, Michelle est maintenant Sarah, Rick est maintenant James, etc. »
Un autre compte, qui a plus tard changé sa photo de profil après qu'il a été révélé être faux, a déclaré : « Les syndicats sont bons pour certaines entreprises, mais je ne veux pas avoir à débourser des centaines de dollars par mois uniquement pour les avocats ! » Faisant allusion à ce tweet, le chercheur Tim Sullivan a déclaré : « Amazon ne s'est même pas foulé les chevilles avec celui-ci lol ».
Amazon FC
De nombreux comptes impliqués utilisaient le descripteur @AmazonFC suivi d'un prénom. Amazon a déjà utilisé ce descripteur pour ses soi-disant ambassadeurs Amazon (de vrais employés payés par l'entreprise pour la promouvoir et la défendre sur Twitter).
Un porte-parole d'Amazon a déclaré que Darla n'était pas une ambassadrice officielle, mais n'a pas répondu à la demande de clarification des médias sur plusieurs autres comptes. « Il semble que ce soit un faux compte qui enfreint les conditions de Twitter », a déclaré le porte-parole. « Nous avons demandé à Twitter d'enquêter et de prendre les mesures appropriées ».
Faux comptes
Plusieurs des comptes très médiatisés ont été suspendus par Twitter. L'entreprise a déclaré que les ambassadeurs d'Amazon sont soumis aux règles de Twitter sur le spam et la manipulation de la plateforme.
Les comptes qui usurpent l'identité ou prétendent à tort être affiliés à une entreprise peuvent être temporairement suspendus ou supprimés.
Tout compte parodique devrait avoir une clause de non-responsabilité dans sa biographie Twitter, a ajouté la société.
On ne sait pas si les comptes sont de vrais employés, des robots ou des trolls se faisant passer pour des ambassadeurs d'Amazon.
Amazon riposte
Les dirigeants d'Amazon et ses comptes officiels ont tweeté pour défendre l'entreprise ces derniers jours, après des informations négatives faisant état de mauvaises conditions de travail, notamment du personnel devant uriner dans des bouteilles.
Le compte officiel d'Amazon News a tweeté : « Vous ne croyez pas vraiment à cette affaire de pipi dans les bouteilles, n'est-ce pas ? Si c'était vrai, personne ne travaillerait pour nous. La vérité est que nous avons plus d'un million d'employés incroyables dans le monde qui sont fiers de ce qu'ils font, et qui bénéficient de bons salaires et de soins de santé dès le premier jour. Nous espérons que vous pourrez adopter des politiques qui inciteront d'autres employeurs à offrir ce que nous offrons déjà ».
En réponse à un tweet de la sénatrice démocrate américaine Elizabeth Warren, qui a déclaré « des sociétés géantes comme Amazon rapportent d'énormes bénéfices à leurs actionnaires – mais elles exploitent les échappatoires et les paradis fiscaux pour ne payer presque rien en impôts. Ce n’est tout simplement pas correct – et c’est pourquoi je vais présenter un projet de loi pour que les entreprises les plus rentables paient une juste part », Amazon a répondu :
« Vous faites les lois fiscales @SenWarren; nous les suivons simplement. Si vous n’aimez pas les lois que vous avez créées, modifiez-les. Voici les faits: Amazon a payé des milliards de dollars d'impôts sur les sociétés au cours des dernières années seulement. En 2020, nous avons eu 1,7 milliard de dollars supplémentaires en charges fiscales fédérales, ce qui s'ajoute aux 18 milliards de dollars que nous avons générés en taxes de vente pour les États et les localités du Congrès américain. Le Congrès américain a conçu des lois fiscales pour encourager les investissements dans l'économie ».
Sources : Amazon (1, 2), Elizabeth Warren, Tim Sullivan, Karen Weise
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Des « faux » comptes prétendant être des travailleurs d'Amazon ont fait l'éloge de leurs conditions de travail sur Twitter
Pour encourager les employés à ne pas voter pour la syndicalisation
Des « faux » comptes prétendant être des travailleurs d'Amazon ont fait l'éloge de leurs conditions de travail sur Twitter
Pour encourager les employés à ne pas voter pour la syndicalisation
Le , par Stéphane le calme
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