Avec l’arrivée de la 5G, des actes de dégradation fleurissent un peu partout sur le territoire, portés par des craintes au sujet de la santé ou des théories conspirationnistes. Le réseau mobile 5G a été mis en service dans certains pays du monde et suscite des interrogations quant aux risques que cette nouvelle technologie présente pour la santé. L'homme en question résiderait dans un hangar aménagé situé à moins d'un kilomètre de ces deux installations téléphoniques. Il aurait été dénoncé à la gendarmerie par une connaissance, le jour même du second incendie, le 28 février dernier.
À l'audience, l’homme aura plaidé non coupable lors du procès. Cependant, son ADN a été retrouvé sur un morceau de bois qui a servi à mettre le feu à l'antenne relais. Et chez lui, des indices supplémentaires ont été retrouvés : pneus découpés, des bidons d'accélérant, une pioche et une cagoule avec des traces de carburant. Deux jours avant le second incendie, il a consulté un site internet qui localise toutes les installations téléphoniques de France.
« Je suis anti-5G mais pas contre la fibre optique au contraire, a maintenu le Pierrelattin pour sa défense. Je ne suis pas extrême. »
Pour la procureure, « il a tenté d'embrigader la mauvaise personne, elle a été dépassée par les événements ». « Cette mouvance anti-5G, complotiste monte en puissance avec les réseaux sociaux, indique-t-elle. Cette délinquance est dangereuse et se croit à l'abri des forces de l'ordre. » Elle rappelle que plusieurs milliers de Drômois se sont retrouvés isolés après ces incendies, sans pouvoir appeler les secours si besoin.
En la matière, il s’avère que la justice a son mot à dire. Rappelons que les tribunaux ont à disposition plusieurs articles de loi pour déterminer les peines. Au plan pénal, il existe déjà une sanction générale en cas d’atteinte aux biens, à travers l’article 322-1 du Code pénal, qui stipule que « la destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, sauf s'il n'en est résulté qu'un dommage léger. Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 3 750 euros d'amende et d'une peine de travail d'intérêt général lorsqu'il n'en est résulté qu'un dommage léger ». Des sanctions sont également prévues par le Code des postes et des communications électroniques :
- article 65 : le fait de déplacer, détériorer, dégrader de quelque manière que ce soit, une installation d’un réseau ouvert au public ou de compromettre le fonctionnement d’un tel réseau est puni d’une amende de 1 500 euros ;
- article 66 : toute personne qui, par la rupture des fils, par la dégradation des appareils ou par tout autre moyen, cause volontairement l’interruption des communications électroniques, est punie d’un emprisonnement de deux ans et d’une amende de 3 750 euros.
Le militant anti-5G aurait il des raisons de craindre pour sa santé ?
Notons que, comme pour les technologies cellulaires précédentes, les réseaux 5G reposent sur des signaux transportés par des ondes radio qui font partie du spectre électromagnétique transmis entre une antenne et le téléphone des utilisateurs. La population est entourée de rayonnements électromagnétiques en permanence provenant des signaux de diverses sources. La 5G utilise des ondes de plus haute fréquence que les réseaux mobiles antérieurs, ce qui permet à davantage d'appareils d'avoir accès à l'internet en même temps et à des vitesses plus rapides.
Ces ondes parcourent des distances plus courtes dans les espaces urbains, de sorte que les réseaux 5G nécessitent davantage de mâts émetteurs que les technologies précédentes, positionnés plus près du sol. Le rayonnement électromagnétique utilisé par toutes les technologies de téléphonie mobile a conduit certaines personnes à s'inquiéter de l'augmentation des risques pour la santé, notamment le développement de certains types de cancer.
La place de la 5G dans le spectre électromagnétique
En janvier de l’année dernière, un recours contre la technologie 5G avait été déposé au Conseil d'État, soulignant un lancement précipité ainsi que des risques pour la santé, la consommation énergétique et autre. En effet, deux associations avaient annoncé dans un communiqué avoir entrepris un recours en justice contre l’appel à candidatures lancé pour l’attribution des fréquences de technologie controversée.
Les associations Priartém et Agir pour l’environnement reprochent au gouvernement de lancer dans la plus grande précipitation, sans en mesurer les conséquences, un projet si important qui fait peser des risques sur la santé, l’environnement et les libertés publiques. Dans un communiqué publié sur leur site Web respectif, Stephen Kerkhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement, qui mène cette bataille avec l’association Priartem, avait dénoncé :
« Alors que ce projet d’ampleur aurait dû faire l’objet d’un débat public en bonne et due forme, comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises, le gouvernement lance cette nouvelle technologie dans la plus grande précipitation, sans en mesurer les conséquences », lit-on. « on inverse les choses, on prend la décision et on réfléchit après […]. On ne dispose quasiment d’aucun élément sur les évaluations sanitaires et environnementales », avait indiqué Kerkhove à l’Agence France-Presse.
Les deux associations prédisent que le déploiement imminent de la 5G entraînera une augmentation de la consommation électrique. « Alors que la sobriété énergétique et électromagnétique sont inscrites dans la loi, on sait déjà que le déploiement de la 5G augmentera la consommation électrique, évaluée par certains experts à 10 TWH, soit l’équivalent d’une centrale comme Fessenheim ainsi que l’exposition aux ondes de la population avec la multiplication par 8, selon l'Agence nationale des fréquences (ANFR), du nombre de « points atypiques » (supérieurs à 6 V/m) », a dit Sophie Pelletier, selon le communiqué des associations.
En 2014, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu' « aucun effet néfaste sur la santé n'a été établi comme étant causé par l'utilisation des téléphones mobiles ». Cependant, l'OMS et le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ont classé tous les rayonnements de radiofréquence (dont les signaux mobiles font partie) comme « peut-être cancérogènes ». Ils ont été placés dans cette catégorie, car « il existe des preuves qui ne permettent pas de conclure que l'exposition peut provoquer un cancer chez l'homme ».
Un rapport de toxicologie publié en 2018 par le ministère américain de la Santé, et pointé du doigt par ceux qui expriment des inquiétudes en matière de sécurité, a révélé que des rats mâles exposés à de fortes doses de radiofréquences ont développé un type de tumeur cancéreuse dans le cœur. Pour cette étude, le corps entier des rats a été exposé aux radiations des téléphones portables pendant neuf heures par jour tous les jours pendant deux ans, en commençant avant leur naissance.
Aucun lien avec le cancer n'a été trouvé pour les rats femelles ou les souris étudiées. Il a également été constaté que les rats exposés aux rayonnements vivaient plus longtemps que ceux du groupe témoin. Un scientifique principal de l'étude a déclaré que « les expositions utilisées dans les études ne peuvent pas être comparées directement à l'exposition que les humains subissent lorsqu'ils utilisent un téléphone portable ».
Le Dr Frank De Vocht, conseiller du gouvernement britannique, déclare : « bien que des résultats de recherches suggèrent une possible augmentation des risques de cancer pour certains utilisateurs, les preuves à ce jour d'une relation de cause à effet ne sont pas suffisamment convaincantes pour suggérer la nécessité d'une action de précaution ». Cependant, un groupe de scientifiques et de médecins ont écrit à l'UE pour demander l'arrêt du déploiement de la 5G.
Source : Tribunal correctionnel de Valence
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