Nous apprenions, cette semaine, une bien triste nouvelle concernant Activision Blizzard Entertainment. Bien que l’éditeur de jeux vidéo continue d'afficher des chiffres records, la société a pris la décision de licencier des dizaines d’employés de la société. Comme si les licenciements ne suffisaient pas, une polémique est maintenant d'actualité. L'énorme bonus de 200 millions de dollars accordé à Bobby Kotick, PDG d'Activision Blizzard, alors qu’il vient d’annoncer le licenciement de 190 employés, a été critiqué à la fois par les joueurs et par CtW Investment Group.
Le PDG Kotick reçoit régulièrement des millions de bonus d’actions chaque année en fonction des performances de l’entreprise grâce à une clause de son contrat qui lui permet d'obtenir la totalité du paiement compensatoire des années précédentes, que les objectifs aient été atteints ou non. Considérant que la valeur des actions a augmenté de 66 % depuis 2019, Kotick recevra les paiements supplémentaires. Et parce que l’année 2020 a vu l’accélération de cette hausse de l’action de la société alors que des millions de personnes se tournent vers les jeux pour se distraire pendant la pandémie, Kotick est en passe de recevoir un énorme record.
L'entreprise de développement et d'édition de jeux vidéo estime que cette prime est justifiée par la hausse du cours de l'action de la société. C'est le point le plus élevé que l'action a atteint depuis 1984. Mais le fonds d'investissement CtW, un actionnaire d'Activision Blizzard, a critiqué cette démarche dans une déclaration officielle.
D'après l'organisation CtW Investment Group, Bobby Kotick, le patron d'Activision Blizzard, a touché un beau chèque lié à la santé financière de son entreprise en Bourse. Ainsi, le principal intéressé aurait empoché environ 200 millions de dollars. Ce montant est composé de divers bonus accumulés au fil des années et de plusieurs clauses rattachées à son contrat.
Il faut dire qu'Activision Blizzard a largement profité de la pandémie. Les confinements successifs ont poussé les joueurs à se connecter en masse aux jeux de l'éditeur. Ainsi, l'action du groupe atteignait 55 dollars en mars 2020 et pointe désormais à 91 dollars un an plus tard. Un pic à plus de 103 dollars a même été atteint en février dernier.
CtW n'est pas seulement l'un des investisseurs d'Activision-Blizzard, c'est aussi un organisme de surveillance des entreprises qui travaille avec des fonds de pension parrainés par les syndicats. Il a pour mission de tenir "les administrateurs responsables du comportement irresponsable et contraire à l'éthique des entreprises". CtW a condamné le bonus de 200 millions de dollars que Bobby Kotick est appelé à recevoir dans le cadre d’une disposition "Incitation à la création de valeur pour les actionnaires" dans son contrat de travail.
« Bien que l'augmentation du prix de l'action d'Activision soit quelque peu louable, comme nous l'avons dit l'année dernière et continuons à l'affirmer, cette réalisation ne justifie pas en soi un paiement aussi important au PDG », a déclaré Michael Verner, directeur de la recherche sur la rémunération des cadres chez le groupe d'investissement. Selon ses propres termes, de nombreux facteurs peuvent contribuer à l'augmentation de la valeur des actions qui ne sont pas forcément « attribuables au leadership de Robert Kotick ».
Et il ajoute : « L'utilisation des jeux vidéo comme l'une des seules options de divertissement pendant la pandémie de civid-19, par exemple, a été une bénédiction pour de nombreuses entreprises du secteur des jeux vidéo », ce qui n'est pas lié aux décisions stratégiques de ses dirigeants, selon Verner.
Ce bonus intervient alors que l’entreprise licenciait 190 employés
Ce qui a fait tiquer les fans, c'est que Kotick recevait ce bonus alors que l'entreprise licenciait 190 employés, tous départements confondus. À cause de la crise liée à l'épidémie de coronavirus, les principaux événements physiques liés à l'e-sport ont été massivement annulés l'année dernière. Dans le but de réaliser des économies, Activision Blizzard a effectué des coupes au sein de ses effectifs. Un premier rapport publié par Sports Business Journal parlait de 50 employés remerciés par la multinationale.
Mais d’autres rapports ont suivi annonçant qu’il ne s'agirait que de la face cachée de l'iceberg. Au final, un peu moins de 2 % des effectifs mondiaux d'Activision Blizzard, soit environ 190 personnes, auraient finalement été licenciés. Une anomalie est pourtant pointée du doigt. En effet, l'entreprise a réalisé des recettes record en 2020, ce qui a valu d'énormes bonus accordés aux dirigeants.
Selon Tony Petitti, directeur général de l’entreprise, cette décision est le résultat de la manière dont le groupe a dû se réinventer dans le contexte de la pandémie de coronavirus. Dans une interview accordée mardi au Sports Business Journal, Petitti n'a pas donné de détails sur les postes qui seraient touchés. Mais il a souligné que la division – qui gère l'Overwatch League et la Call of Duty League – se prépare à un avenir où son activité sera différente et moins dépendante des événements en direct.
Toutefois, Petitti a précisé qu'Activision Blizzard Esports ne s'éloigne pas à 100 % des événements en direct et qu'au contraire, il cherchera à y revenir dans une certaine mesure lorsque cela sera possible. Cependant, OWL et CDL ont changé le concept de leurs ligues pendant la pandémie, passant d'événements en direct, en personne à domicile ou à l'extérieur, comparables à des ligues "stick-and-ball", à des ligues entièrement en ligne. Il est possible que les matchs en ligne constituent une part importante du calendrier des ligues OWL et CDL à l'avenir.
Il a reconnu que les licenciements sont dus à la fois à la nécessité de réduire les coûts et de réaffecter certaines ressources à d'autres domaines :
« Nous avons beaucoup appris l'année dernière sur la façon dont les ligues peuvent être structurées pour le jeu en ligne, et nous chercherons à appliquer les meilleures pratiques qui en découlent », a déclaré Petitti, qui a rejoint Activision Blizzard en tant que président des sports et du divertissement en août dernier. « En termes de calendrier, il s'agit d'une réaction aux réalités de la façon dont les ligues évoluent et des ressources que nous devons allouer pour servir au mieux la ligue, les propriétaires, les équipes et les fans ».
Le directeur général, qui rend compte au PDG Bobby Kotick, a indiqué qu'il y avait eu des discussions sur la meilleure façon de structurer la ligue avant même qu'il ne commence. La décision a pris du temps, en partie parce qu’ « on ne prend jamais une telle chose à la légère ; il s'agit de nos collègues et on passe beaucoup de temps à réfléchir pour prendre les meilleures décisions possible ». En fin de compte, la société a déclaré qu'elle avait conservé la grande majorité de son personnel en 2020, mais qu'elle devait maintenant mettre en œuvre des changements.
Les joueurs et CtW ont attaqué Activision alors même qu'il offrait 90 jours d'indemnités de licenciement, un an d'assurance maladie continue et 200 dollars de cartes-cadeaux Battle.net aux employés licenciés, a rapporté Estnn. Les joueurs ont critiqué l’éditeur pour ses licenciements massifs en période de turbulences économiques, alors même que l'entreprise annonçait d'énormes bénéfices.
Ce n'est pas la première fois que l’éditeur de jeux se sépare des employés. En 2019, malgré le fait que les résultats de 2018 étaient les meilleurs de l'histoire de l'entreprise (à cette date) avec un chiffre d'affaires de plus de 7,5 milliards de dollars, Bobby Kotick a estimé qu’ Activision Blizzard n'avait pas exploité tout son potentiel. Pour l'aider à l'atteindre ses objectifs, la société a déclaré qu’elle devra se séparer d'environ 800 employés, soit 8 % de ses effectifs.
En juin dernier, CtW avait aussi critiqué la rémunération excessive Kotick. Entre 2016 et 2020, Kotick aurait reçu plus de 96,5 millions de dollars de revenus cumulés. L’organisme a déclaré que la rémunération massive de Kotick est particulièrement préoccupante à la lumière de la vague de près de 800 licenciements que l'entreprise a déployés en 2019.
Le groupe d'investissement a critiqué le salaire du PDG en ces termes : « Au cours des quatre dernières années, le PDG d'Activision Blizzard, Robert Kotick, a reçu plus de 20 millions de dollars d'actions / options combinées par an. Ces subventions en actions ont toujours été supérieures au salaire total (la somme du salaire de base, de la prime annuelle et de la rémunération en actions) des PDG de sociétés similaires. Plus précisément, au cours des quatre dernières années, Kotick a reçu 96,5 millions de dollars cumulativement en attributions combinées d'actions et d'options seulement ».
Par ailleurs, l’année 2020 a vu la société annoncer son intention de fermer son bureau français installé à Versailles, où pas moins de 400 personnes étaient employées depuis le début de l'année 2019.
Activision a justifié son dernier bonus accordé à son PDG, mais selon un commentateur, rien ne peut justifier une telle prime. « Je ne vois vraiment pas une situation où un bonus de 200 millions de dollars est justifiable. Si un mec inventait seul le vaccin contre le covid-19, je penserais que c'est excessif... Ce bonus est plus que les coûts de développement de plusieurs grands jeux », a-t-il écrit. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Sources : Estnn, SBJ
Et vous ?
Que pensez vous du bonus de 200 millions de dollars accordé au PDG d’Activision alors que 190 employés étaient en train d’être licenciés ?
Quel est votre avis sur les rémunérations excessives versées aux dirigeants d’entreprises ?
Voir aussi :
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Alors que l'entreprise a annoncé le licenciement des dizaines d'employés
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Le , par Stan Adkens
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