« The Offer » est le nom de la proposition de prime de démission que le géant du commerce en ligne fait à ses employés. L’entreprise ouvre ainsi la porte aux tiers désireux d’aller à la quête d’un meilleur emploi en termes de conditions. Elle leur propose donc des primes de démission de minimum 1000 dollars. La manœuvre est à connecter avec le vote historique que ses employés ont entamé pour s’ouvrir la porte à la syndicalisation. Elle vise à les empêcher d’y participer.
Le montant offert aux employés à temps plein varie entre 2000 et 5000 dollars et dépend de leur ancienneté dans l'entreprise. S'ils acceptent l'argent, ils acceptent de ne plus jamais travailler pour Amazon. L’entreprise leur a fait parvenir les détails de l’offre par courriel.
Certains employés d’Amazon, qui n'aiment pas leur travail à l'entrepôt, peuvent trouver dans les primes une tentation de quitter leur emploi et chercher quelque chose de mieux. Toutefois, si les travailleurs démissionnent maintenant, ils ne pourront pas voter lors de l'élection syndicale en cours. Y faisant suite, Amazon devrait par la suite recruter des tiers qui viendront mettre à mal les efforts de syndicalisation de l’entrepôt de l’Alabama par leur vote. En sus, il se pourrait que ceux des employés qui décideront d’opter pour la prime de démission retrouvent leur emploi après l’élection du syndicat.
Seulement, la loi fédérale interdit aux employeurs d’améliorer les conditions matérielles des travailleurs à l’approche des élections. Les primes de démission pourraient ainsi devenir un motif d’annulation de l’élection en cours et de programmation d’une nouvelle.
C’est une énième tentative de l’entreprise de faire échouer une initiative de syndicalisation à côté des moyens technologiques qu’elle déploie pour y arriver. Nombreuses sont les publications qui font état de ce que le géant du commerce en ligne fait usage de : logiciels de navigation, bracelets, caméras thermiques, caméras de sécurité, enregistrements. Chez Amazon, on se justifie en arguant qu’il s’agit de dispositifs destinés à encadrer la productivité des employés : « Les performances des employés sont mesurées et évaluées sur une longue période, car nous savons que divers facteurs peuvent avoir un impact sur la capacité à répondre aux attentes d'un jour ou d'une heure donnés. Nous soutenons les personnes qui ne sont pas performantes au niveau attendu grâce à un accompagnement spécifique pour les aider à s'améliorer. »
Les entrepôts d’Amazon sont automatisés et certains postes sont occupés par des robots. La société s’appuie sur un animé par une intelligence artificielle chargée du suivi de la productivité des employés. Ce dernier est même en mesure de générer de façon automatique les documents nécessaires au licenciement en cas de non-atteinte des objectifs. Ce seul motif a mené au licenciement de plus de 300 employés travaillant dans un des entrepôts de l’entreprise à Baltimore pendant la période allant d'août 2017 à septembre 2018.
Amazon a fait savoir que malgré le fait que le système soit en mesure de produire des documents de licenciement, l'accord d'un superviseur humain est obligatoire pour la décision finale. Dans ce cas, celle-ci est transmise à l'employé concerné par le superviseur humain. Quoi que la société puisse dire pour sa défense, ses mécanismes pour une productivité exigeante sont omniprésents dans bon nombre de ses domaines d’activité. À titre d’illustration, ses chauffeurs ont déclaré être tellement sous pression qu'ils ne prennent des pauses que devant les panneaux d'arrêt et qu'ils urinent dans des bouteilles dans les camions de livraison. Amazon intègre même des caméras connectées animées par une intelligence artificielle à ses vans de livraison pour surveiller les livreurs tout le long du parcours de livraison et ainsi connaître leur performance.
C’est une offre d’emploi mise en ligne par Amazon au cours de l’année dernière qui était venue révéler les raisons véritables de l’adoption de tous ces moyens technologiques par l’entreprise. À la recherche d’un « analyste en renseignement » elle stipulait que ce dernier a pour missions : d’espionner les efforts de syndicalisation des travailleurs et rendre compte de ses conclusions aux dirigeants de l’entreprise ; collecter des éléments pour le montage des actions en justice contre les groupes de travailleurs qui protestent contre Amazon ; etc. Des prérogatives difficiles à remplir si l’analyste ne s’appuie pas sur l’arsenal technologique évoqué.
Amazon avait fini par supprimer l’offre d’emploi en question affirmant qu’elle ne « décrivait pas de façon fidèle le poste à attribuer. » « L'offre d'emploi n'était pas une description précise du poste. C'était une erreur qui a été corrigée depuis », avait indiqué l’entreprise.
Source : Amazon
Et vous ?
Que pensez-vous de l’approche Amazon sur ce cas ?
Voir aussi :
Amazon : un employé demande à son patron d'arrêter de vendre le système de reconnaissance faciale à la police évoquant des dérives
24 ouvriers d'Amazon soignés à l'hôpital après qu'un robot ait déchiré accidentellement une bombe anti-ours, dans un entrepôt à News Jersey
Amazon révèle que plus de 10 000 employés travaillent sur Alexa ainsi que sur les appareils Echo qu'il alimente
Amazon offre des primes de démission de 2000 $ à ses employés afin de les empêcher de participer à un vote historique
Pour s'ouvrir la porte de la syndicalisation à laquelle l'entreprise s'oppose
Amazon offre des primes de démission de 2000 $ à ses employés afin de les empêcher de participer à un vote historique
Pour s'ouvrir la porte de la syndicalisation à laquelle l'entreprise s'oppose
Le , par Patrick Ruiz
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !