Depuis quelques années, on note une profonde transition dans les habitudes d'achat des consommateurs. Ces derniers passant plus de temps sur internet, leur premier réflexe est de rechercher un produit en ligne avant de passer à l'achat, qu'ils n'hésitent plus à faire directement en ligne. Cela a accéléré le développement des plateformes d'e-commerce, et en particulier le leader Amazon. Avec la crise sanitaire de la Covid-19, il y a une plus grande affluence vers les sites de vente en ligne, aussi bien du côté des consommateurs que des vendeurs.
Pour les derniers cependant, la concurrence étant plus que jamais rude, il est beaucoup plus difficile de vendre sur Amazon. Il faut donc trouver des raccourcis. C'est d'ailleurs ce qu'expliquait Fahim Naim, un ancien responsable d’Amazon.
Le commerce électronique ne permet pas aux consommateurs d’être en contact direct avec les produits qu’ils veulent acheter ou de se faire une idée assez précise de leur qualité. Dès lors, bon nombre d'internautes se fient aux critiques en ligne, c'est-à-dire le nombre d'étoiles et le sentiment général dans les commentaires laissés par d'autres consommateurs. Avoir de nombreux commentaires, une bonne note et des commentaires positifs est donc un grand avantage comparatif pour les vendeurs. C'est donc là que certains ont décidé de tricher : solliciter de fausses critiques positives avec contrepartie financière ou d'autre nature.
La demande croissante de fausses critiques aurait donné naissance à une multitude d'offres professionnelles, d'après Which?. Il s'agit d'une association britannique de consommateurs qui promeut le choix éclairé des consommateurs dans l'achat de biens et de services. Pour ce faire, elle teste des produits et met en évidence les produits ou services de qualité inférieure.
Le groupe de consommateurs dit avoir identifié une dizaine de sites Web offrant des services de critiques de produits en vente sur Amazon, ce qui enfreint les conditions générales de l'entreprise. Ces services comprenaient des packages de fausses critiques disponibles pour environ 15 £ par critique, ainsi que des gros packages à partir de 620 £ pour 50 avis et allant jusqu'à 8000 £ pour 1000 avis. Which? révèle également que cinq des entreprises examinées avaient plus de 700 000 critiques de produits à leur actif.
Les évaluateurs de produits se voient proposer de petits paiements allant de quelques livres à plus de 10 £, ainsi que des produits gratuits ou à prix réduit. Ils peuvent même participer à desdits « programmes de fidélité » et gagner des produits haut de gamme, des jouets pour enfants aux équipements de sport.
Les sites Web que Which? a examinés offraient également des conseils sur la façon d'écrire des critiques afin de ne pas éveiller les soupçons d'Amazon, et dans certains cas, les évaluateurs devaient répondre à des critères pour être éligibles à des récompenses. Ces critères incluaient par exemple le fait de laisser des critiques d'au moins deux phrases ou comprenant des photos.
Quelles mesures prendre face à un tel phénomène qui pourrait conduire les consommateurs à faire de mauvais choix ? Pour le groupe de défense des consommateurs, le régulateur de la concurrence et des marchés doit sévir contre les mauvais acteurs, mais aussi demander des comptes aux sites de vente en ligne s'ils ne parviennent pas à assurer la sécurité de leurs utilisateurs. « Amazon et d'autres plateformes en ligne doivent faire plus pour empêcher de manière proactive les fausses critiques d'infiltrer leurs sites afin que les consommateurs puissent avoir confiance en l'intégrité de leurs critiques », soutient l'un des responsables de Which? Il affirme par ailleurs que le gouvernement devrait de toute urgence renforcer la protection des consommateurs en ligne.
Le régulateur britannique avait pour sa part déjà lancé un examen sur la façon dont différents sites Web détectent et traitent le problème des fausses critiques. Il a même prévenu qu'il n'hésiterait pas à agir si les sites ne respectaient pas la loi, ce qui pourrait inclure la poursuite des principaux détaillants en justice. Pendant ce temps, Amazon dit faire face à une « lutte acharnée » contre une « industrie répandue de faux avis ». Le géant en ligne dit supprimer les faux avis qu'il arrive à détecter et prendre des sanctions contre toute personne impliquée dans ces abus.
Source : BBC
Et vous ?
Comment selon vous peut-on lutter efficacement contre le phénomène des fausses critiques en ligne ?
Quelle doit être la responsabilité des différentes parties : consommateurs, vendeurs, régulateurs, gouvernements, propriétaires de plateformes de vente en ligne, etc. ?
Voir aussi :
Les fraudes aux critiques positives sur Amazon se multiplient durant la pandémie, Amazon se lance dans une campagne contre les fraudes à cinq étoiles après la publication d'une enquête
Les fraudeurs achètent des milliers de faux commentaires Amazon notés 5 étoiles via Facebook, le système de notation d'Amazon est-il encore fiable ?
Les sites Web offrant des services de fausses critiques de produits en vente sur Amazon se multiplient
Vers l'émergence de « fake reviews as a service » ?
Les sites Web offrant des services de fausses critiques de produits en vente sur Amazon se multiplient
Vers l'émergence de « fake reviews as a service » ?
Le , par Michael Guilloux
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