Amazon France a décidé de fermer ses entrepôts en avril dernier. C’était en raison d’une action syndicale qui a amené le tribunal judiciaire de Nanterre à prendre cette décision. Motif : l’entreprise a failli à implémenter les mesures nécessaires à la protection des employés contre le coronavirus. Du côté étasunien, les employés entament seulement un processus pour s’ouvrir la porte du regroupement en syndicats. Un entrepôt situé en Alabama est en passe d’entrer dans l’histoire sur toute l’étendue des États-Unis.
Les employés d’Amazon entament ce jour un vote historique dans une banlieue de l'Alabama. Ce dernier est susceptible de décider si ledit entrepôt devient le premier de l'entreprise à voir son personnel se regrouper en syndicats aux États-Unis. Des bulletins de vote sont parvenus à plus de 5800 travailleurs de l'entrepôt de Bessemer pour leur demander s'ils souhaitent adhérer au Retail, Wholesale and Department Store Union (RWDSU). L'élection se déroule jusqu'au 29 mars. Elle marque le premier vote syndical dans un entrepôt du géant du commerce en ligne depuis qu'un groupe de techniciens du Delaware a voté contre la syndicalisation en 2014.
« Le fait d'avoir un syndicat chez Amazon nous donnerait le droit de négocier de façon collective nos conditions de travail, notamment sur des points tels que les normes de sécurité, la formation, les pauses, les salaires, les avantages sociaux et d'autres questions importantes qui amélioreraient notre lieu de travail. Amazon aborde parfois des problèmes au travail, mais tout cela est temporaire. Un contrat syndical est écrit, négocié et Amazon doit légalement suivre les directives et il existe des mécanismes pour les tenir légalement responsables devant nous en tant que travailleurs. Il n'y a pas d'autre moyen d'avoir ce type de relation avec Amazon que d'avoir un syndicat », lit-on sur le site dédié à la cause.
Le vote par correspondance a lieu quelques jours après le rejet d'une tentative d'Amazon de retarder l'élection. L'entreprise avait demandé un report en faisant valoir que le vote - effectué par courrier afin de minimiser la propagation du coronavirus - devrait se faire en personne.
C’était là une énième tentative de l’entreprise de faire échouer une initiative de ce type à côté des moyens technologiques qu’elle déploie pour y arriver. Nombreuses sont les publications qui font état de ce que le géant du commerce en ligne fait usage de : logiciels de navigation, bracelets, caméras thermiques, caméras de sécurité, enregistrements. Chez Amazon, on se justifie en arguant qu’il s’agit de dispositifs destinés à encadrer la productivité des employés : « Les performances des employés sont mesurées et évaluées sur une longue période, car nous savons que divers facteurs peuvent avoir un impact sur la capacité à répondre aux attentes d'un jour ou d'une heure donnés. Nous soutenons les personnes qui ne sont pas performantes au niveau attendu grâce à un accompagnement spécifique pour les aider à s'améliorer. »
Les entrepôts d’Amazon sont automatisés et certains postes sont occupés par des robots. La société s’appuie sur un animé par une intelligence artificielle chargée du suivi de la productivité des employés. Ce dernier est même en mesure de générer de façon automatique les documents nécessaires au licenciement en cas de non-atteinte des objectifs. Ce seul motif a mené au licenciement de plus de 300 employés travaillant dans un des entrepôts de l’entreprise à Baltimore pendant la période allant d'août 2017 à septembre 2018.
Amazon a fait savoir que malgré le fait que le système soit en mesure de produire des documents de licenciement, l'accord d'un superviseur humain est obligatoire pour la décision finale. Dans ce cas, celle-ci est transmise à l'employé concerné par le superviseur humain. Quoi que la société puisse dire pour sa défense, ses mécanismes pour une productivité exigeante sont omniprésents dans bon nombre de ses domaines d’activité. À titre d’illustration, ses chauffeurs ont déclaré être tellement sous pression qu'ils ne prennent des pauses que devant les panneaux d'arrêt et qu'ils urinent dans des bouteilles dans les camions de livraison. Amazon intègre même des caméras connectées animées par une intelligence artificielle à ses vans de livraison pour surveiller les livreurs tout le long du parcours de livraison et ainsi connaître leur performance.
C’est une offre d’emploi mise en ligne par Amazon au cours de l’année dernière qui était venue révéler les raisons véritables de l’adoption de tous ces moyens technologiques par l’entreprise. À la recherche d’un « analyste en renseignement » elle stipulait que ce dernier a pour missions : d’espionner les efforts de syndicalisation des travailleurs et rendre compte de ses conclusions aux dirigeants de l’entreprise ; collecter des éléments pour le montage des actions en justice contre les groupes de travailleurs qui protestent contre Amazon ; etc. Des prérogatives difficiles à remplir si l’analyste ne s’appuie pas sur l’arsenal technologique évoqué.
Amazon avait fini par supprimer l’offre d’emploi en question affirmant qu’elle ne « décrivait pas de façon fidèle le poste à attribuer. » « L'offre d'emploi n'était pas une description précise du poste. C'était une erreur qui a été corrigée depuis », avait indiqué l’entreprise.
Sources : amazonunion, doitwithoutdues
Et vous ?
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Accepteriez-vous de travailler dans de telles conditions ?
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Le , par Patrick Ruiz
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