YouTube met à jour les règles d'utilisation de la plateforme et de monétisation des vidéos, et crée la polémique. La société a annoncé jeudi que Google, qui détient YouTube, va désormais afficher des annonces sur toutes les vidéos, même si leurs créateurs n'en veulent pas. Si la politique de YouTube sur la diffusion des annonces a changé, ce n'est pas le cas du partage des gains tirés de la publicité. Les créateurs qui ne font pas partie du programme de rémunération de la plateforme ne recevront aucun centime de ses revenus, YouTube se réserve le droit d'en conserver la totalité dans ce cas.
« À partir d'aujourd'hui, nous allons commencer à diffuser lentement des publicités sur un nombre limité de vidéos provenant de chaînes qui ne font pas partie du programme de partenariat de YouTube », a déclaré la société. « Cela signifie que, en tant que créateur ne faisant pas partie de YPP, vous pourrez voir des publicités sur certaines de vos vidéos. Comme vous n'êtes pas actuellement dans YPP, vous ne recevrez pas une part des revenus de ces publicités ». La nouvelle bien sûr a été mal reçue par les créateurs, qui s'indignent de ce comportement.
En effet, YPP (YouTube Partner Program - Programme Partenaire YouTube) est le programme de partenariat de YouTube auquel les créateurs de vidéos et les personnes influentes peuvent adhérer s'ils ont plus de 1 000 abonnés et 4 000 heures de contenu visionné au cours des 12 derniers mois. « Nous avons défini ces seuils pour inciter les créateurs à se comporter en bons citoyens sur la plateforme, et permettre à nos équipes de disposer de suffisamment d'informations pour examiner votre chaîne », explique YouTube.
L'adhésion à YPP vous donne droit à des parts de revenus de YouTube en fonction des publicités diffusées sur vos vidéos, mais, à ce jour, beaucoup ne remplissent pas les conditions requises. Selon l'analyse de certains experts, cette situation peut "énormément" profiter à YouTube et Google s'ils diffusent des annonces sur toutes les vidéos, en augmentant les revenus issus de la publicité à un niveau très supérieur. De plus, YPP n'est pas actuellement disponible dans tous les pays où la plateforme de diffusion de contenu de YouTube est disponible.
Cela représente un manque à gagner pour les créateurs de contenu résidant dans ces pays, mais un gros avantage pour YouTube et Google, qui vont pouvoir conserver la totalité des revenus tirés des publicités diffusées via leurs différentes vidéos. « C'est dingue », a déclaré un grand créateur de YouTube qui compte plus de 3,5 millions d'abonnés. « Si vous êtes une petite chaîne, qui a du mal à se développer et n'a pas encore obtenu de monétisation, YouTube diffusera des publicités dès maintenant et tirera 100 % des bénéfices de votre travail ».
Par ailleurs, l'une des choses les plus discutées à propos de cette annonce est les catégories de vidéos concernées par les nouvelles règles. Tout le monde est encore dans le fou à ce niveau, car pour l'instant, YouTube n'a pas fait de distinction entre les contenus destinés aux enfants et aux adultes, et d'autres catégories (éducation, musique, information, etc.). D'autres ne veulent tout simplement pas de publicité sur leurs vidéos, ce qui les laisse libres de toute publicité pour que les gens puissent en profiter. Cette option ne sera plus disponible dans les nouvelles conditions d'utilisation de YouTube.
Cette dernière décision fait suite à ce que les créateurs de YouTube considèrent comme un bogue qui leur a coûté des semaines de revenus, mais que Google refuse de reconnaître : une déclaration soudaine et unilatérale selon laquelle 100 % de leurs vidéos ont été visionnées à partir d'un "trafic non valide" pendant la nuit, avant de revenir à des niveaux de monétisation standard, du moins pour certains, quelques semaines plus tard. D'autres suggèrent que, dans ces nouvelles conditions, YouTube devrait partager les revenus publicitaires avec tout le monde, même avec les non-inscrits au YPP.
« Si vous monétisez les publicités sur nos petites chaînes, alors vous devriez au moins nous donner une part de nos efforts », a déclaré le créateur de The Boob Tube (qui concerne la télévision, et non une partie de l'anatomie humaine). « C'est aussi simple que ça ». Bien sûr, du point de vue de YouTube, il s'agit d'héberger et de diffuser des vidéos gratuitement. L'exploitation de YouTube entraîne des coûts importants, souvenez-vous du temps qu'il a fallu à YouTube pour devenir rentable, et la bande passante n'est pas gratuite.
Ainsi, selon les experts, cette démarche de la société est compréhensible. Mais la question évidente est la suivante : si vous voulez monétiser les petites chaînes, pourquoi ne pas simplement changer le programme de partenariat pour donner aux petits créateurs une part des revenus ? À ce propos, certains commentaires estiment qu'il est désormais temps pour les créateurs de se regrouper en syndicat. « Les YouTubers ont besoin d'une sorte de syndicat », dit Brax, un créateur de contenu. « Je ne sais pas comment cela fonctionnerait, mais ils ne peuvent pas s'en tirer en tuant des petits créateurs comme ça ».
Pourquoi pas comme dans le cas des chauffeurs d'Uber ? D'après une analyse de John Koetsier, un collaborateur de Forbes, c'est une réflexion qui en vaut la peine. Les grands créateurs qui ont des millions d'adeptes ont un certain pouvoir sur les plateformes de partage comme YouTube et Instagram, mais les petits créateurs n'ont pas de pouvoir significatif. Et pourtant, avec des millions de personnes qui gagnent aujourd'hui un certain niveau de revenu en créant du contenu numérique, et qui commencent à compter sur ce revenu, l'heure est peut-être venue d'y réfléchir.
Cela dit, le principal défi pour les créateurs : ils sont essentiellement des métayers modernes, entièrement à la merci des grandes plateformes. Un syndicat ayant le pouvoir de faire la grève, et éventuellement de retirer une quantité importante de nouveaux contenus de YouTube, TikTok ou Instagram, pourrait, par exemple, rétablir l'équilibre des pouvoirs. Une dernière observation, avec ses nouvelles règles, YouTube pourrait nuire aux "petits" créateurs de contenu, car pour ces derniers, le fait d'être sans publicité peut être un avantage concurrentiel.
L'absence de publicité leur permet de gravir rapidement la longue marche pour avoir une chaîne YouTube monétisable avec un montant raisonnable de revenus. Cela signifie également que les spectateurs peuvent profiter de leurs vidéos sans être distraits et les créateurs peuvent se concentrer sur la croissance. Dorénavant, cette option n'existe plus.
Sources : Nouvelles conditions d'utilisation de YouTube, Analyse de John Koetsier
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Le , par Bill Fassinou
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