L'iBackPack est équipé de :
- 5 câbles USB zip ;
- une batterie de 20 000 mAh dotée de 4 ports USB ;
- une autre batterie de 8 000 mAh avec un port USB ;
- une puce GPS ;
- une enceinte Bluetooth ;
- un système de fermeture standard TSA ;
- une plaque en kevlar.
Une affaire qui remonte à 2015
Pour concrétiser le projet, Monahan s'est tourné vers le financement participatif. Il y a cinq ans, il a d'abord lancé une première campagne via la plateforme Indiegogo. Il avait alors expliqué que les fonds collectés serviront au développement, à la production et à la distribution du sac à dos au mois de mars 2016. Huit mois après cette échéance, plus de 641 000 euros ont été levés par la campagne.
En mars 2016, Doug Monahan a ensuite lancé une deuxième campagne via Kickstarter, dans le but de lancer l'iBackPack 2.0, une autre version du produit. La campagne a pris fin juste un mois après et il a pu collecter 67 000 euros, alors qu'aucun produit n'a été livré.
Mais il a également lancé deux autres campagnes sur Indiegogo au cours de la même période, respectivement pour un sac à bandoulière nommé « MOJO » et un système de câble USB qu'il a appelé « POW », lui permettant de récolter 9 700 euros.
Presque trois ans plus tard, le 6 mai 2019, la Federal Trade Commission (FTC), une agence fédérale des États-Unis, a intenté une action en justice contre Douglas Monahan, après que des centaines de consommateurs se sont plaints sur les plateformes de crowdfunding et sur Facebook. Une plainte a ensuite été déposée par la FTC auprès du tribunal de district américain pour le district sud du Texas. De plus, l'État du Texas a aussi déposé une plainte contre Monahan et sa société iBackPack of Texas.
« Monahan n'a cependant pas utilisé les fonds principalement pour développer, produire, compléter ou livrer ces produits, mais a continué à solliciter les consommateurs pour obtenir des fonds tout en utilisant une grande partie des fonds pour diverses dépenses personnelles. Alors que des centaines de consommateurs se sont plaints des campagnes, Monahan a largement ignoré les demandes de remboursement et a ensuite fermé l'entreprise, transféré le reste de l'argent à des entreprises non liées gérées par lui-même, et a cessé de communiquer avec les consommateurs », a indiqué la FTC dans sa plainte.
« Si vous collectez des fonds par le biais d'un financement participatif, vous n'avez pas à garantir que votre idée fonctionnera », a abondé Andrew Smith, directeur du bureau de la protection des consommateurs de la FTC.
Malgré les critiques, il insiste sur le fait qu'il n'est pas un escroc
Douglas Monahan est un entrepreneur de 63 ans. Dans les années 90, il a créé la société de bases de données marketing Sunset Direct qu'il a ensuite vendue à 6 millions de dollars (20 millions d'après lui dans une interview).
Il y a 12 ans, un médecin lui avait dit qu'il ne lui restait plus que deux ans à vivre. Il a donc décidé de dépenser tout son argent. Un ami à lui a même affirmé que Monahan a vécu un style de vie extravagant. Il a alors manqué d'argent après cette période.
Douglas Monahan
En 2010, il a fondé Mobilezapp, une société de développement d'applications, qui s'avère être « une arnaque absolue », d'après un ancien employé.
Doug Youmans, un ancien client de Mobilezapp, déclare même que Monahan lui a volé 27 000 euros qu'il a payés d'avance pour des services qu'il n’a jamais reçus jusqu'à présent. « J'ai tout perdu. Le gars m'a ruiné », a-t-il indiqué. Monahan a ensuite quitté l’entreprise.
L'idée de la création de l'iBackPack lui est venue après avoir dormi chez une petite amie et que la batterie de son téléphone était à plat. Et pour lancer son sac à dos intelligent, il a pris l'exemple du projet Coolest Cooler, un refroidisseur avec un haut-parleur Bluetooth, qui a levé plus de 13 millions de dollars sur Kickstarter.
En outre, d'anciens associés de Monahan indiquent que l'iBackPack était une idée d'une société nommée GeoValid, lancée en 2013 par Charlie Erlandson. Ce dernier avait chargé Doug Monahan de concevoir une application et un site Web liés au sac à dos. Le projet de l'entreprise n'a jamais pu voir le jour et le manque de liquidités a contraint GeoValid à fermer ses portes.
« Je suis sûr que nous n'étions pas les premiers, et je sais que nous ne serons pas les derniers ; c'est vraiment triste... Ce fut un si mauvais moment pour ma famille, je veux le mettre dans le passé... Il a littéralement saigné ma famille », a alors déclaré Zachary Erlandson, fils de Charlie, à propos de Monahan.
« Je construisais une gamme de produits avec un plan à long terme pour en vendre des dizaines de milliers, et ces 4000 personnes ne faisaient que la financer au début. C'est tout (...) Je veux vendre 40 000 [sacs à dos] par mois, pas 4 000 sacs à dos. Ce n'est pas du tout mon jeu », explique Doug Monahan.
« Chaque personne va avoir son sac à dos, et ça va être un bon. J'ai bâti une grande entreprise prospère et j'ai échoué ici. C'est sans aucun doute un échec », ajoute-t-il.
Concernant la fabrication de l'iBackPack et la gestion des réseaux sociaux, Monahan a fait appel à quatre personnes habitant aux Philippines et deux autres en Inde. L'un d'entre eux, Wally Cruz, entrepreneur philippin, déclare : « c'est la pire personne que j'ai jamais rencontrée ».
Chris Justes, un autre ancien employé de Monahan, qui est en charge de saisir des données, affirme de son côté qu' « il n'y avait qu'un seul prototype en état de marche, et c'est ce que Doug l'avait en main ».
À propos de la procédure judiciaire engagée par la FTC, Monahan répond que l'agence fédérale « ne se soucie pas que quelqu'un reçoive un sac à dos ». « Ce qu'ils [la FTC] veulent, c'est un RIP sur moi », ajoute-t-il.
Par ailleurs, Douglas Monahan affirme qu'il a connu des problèmes de santé. Récemment, les médecins lui ont amputé un doigt de pied après avoir été atteint d'une thrombose veineuse, affirme-t-il en ajoutant que son hospitalisation l'a rendu inapte et qu'il est devenu dépendant aux analgésiques.
« Je pense que la seule chose que je puisse faire est de rire. Je suis content de ne pas être assis dans une cellule en ce moment (...) Tout ce qu'ils [les contributeurs et les employés] veulent, c'est leur chèque de paie ou leur sac - c'est une transaction, et ce n'est pas mon travail d'être gentil avec les gens non plus », conclut-il.
Source : FTC
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