
L’algorithme en question, dont le code source n’a pas encore été publié par les deux musiciens, a pu générer 300 000 mélodies par seconde, et le résultat final consiste en un répertoire de 68,7 milliards de mélodies stockées en format MIDI. Ces dernières ont dès lors été publiées dans deux gros fichiers pesant chacun un peu plus de 600 Go sur le site archive.org. Les notes d’une mélodie sont convertibles en série de chiffres, ce qui facilite l’écriture de l’algorithme pour les développeurs. En effet, il suffit pour ces derniers d’employer la même approche que celle utilisée par les pirates informatiques pour tester toutes les combinaisons possibles de suites de chaînes de caractères afin de trouver un mot de passe.
Néanmoins, il faut reconnaître que les éléments utilisés par ces deux musiciens sont, jusqu’ici, discutables. Par exemple, les notes ayant été prises en compte sont limitées à celles qui sont diatoniques à la gamme majeure, c’est-à-dire ne considérant pas le dièse (ou le bémol) : il faudrait encore, dans ce cas, compléter les notes utilisées en intégrant l’ensemble des douze notes de la gamme chromatique. De plus, l’algorithme de Riehl et Rubin se limite à une seule octave, alors que la mélodie d’une chanson peut souvent embrasser deux, voire trois octaves. Il y a lieu également de penser, non seulement à la longueur du temps pour jouer chaque note, mais aussi au temps dédié pour le silence. Les musiciens et artistes admettent, en effet, que ces quelques éléments peuvent changer sensiblement et de façon substantielle les caractères d’une mélodie, distinguant celle-ci par rapport à une autre.
Cependant, de très nombreux internautes qui se sont exprimés sur le sujet se montrent plutôt sceptiques, notamment sur le manque possible de considération que les juges pourraient accorder aux œuvres produites via une intelligence artificielle. De plus, il est fort probable que certaines des mélodies générées par ce procédé sont déjà protégées par d’autres auteurs qui les ont créées originellement.
Tout de même, il faut dire que ce projet réalisé par Riehl et Rubin constitue une initiative ouvrant probablement la voie à d’autres pistes de recherche et d’exploration. Ce qui implique sans doute la réécriture de l’algorithme. Effectivement, de très nombreux commentaires louent cette initiative qui pourrait réussir à rassembler de très fortes contributions de la part des communautés des développeurs et des musiciens. Il y a, par exemple, ceux qui ont déjà proposé des codes pour générer le titre pour chacune des millions de mélodies produites, avec Diceware, une méthode pour créer des phrases aléatoirement. Les deux musiciens espèrent que d’autres contributeurs élargiront le champ couvert par ce projet à d’autres domaines que celui de la musique pop.
Les deux initiateurs de ce projet rappellent, dans une interview, que les problèmes liés au plagiat d’œuvre musicale sont fréquents, pouvant frapper injustement des musiciens et artistes de bonne foi. Les procès qui en découlent sont souvent très coûteux pour le monde musical qui risquerait généralement de dépenser entre 380 000 et 2 millions de dollars, uniquement pour les frais d’avocat. De surcroît, les amendes à payer en cas de reconnaissance du plagiat par le juge sont parfois très élevées. L’on se souvient par exemple du procès, en été 2019, concernant la chanson à succès « Dark Horses » de Katy Perry, désormais obligée de verser 2,78 millions de dollars, car la mélodie en question se ressemblerait à celle d’une chanson de rap chrétienne écrite par Marcus Gray intitulée « Joyful Noise ».
Source : Archive.com
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