
Dans un communiqué attribuant le contrat à Microsoft, le ministère de la Défense a déclaré : « le processus d'acquisition s'est déroulé conformément aux lois et règlements en vigueur ». « Toutes les (offres) ont été traitées équitablement et évaluées conformément aux critères d'évaluation énoncés dans la demande de soumissions. Avant l'attribution du prix, le ministère s'est entretenu avec l'inspecteur général du ministère de la Défense, qui a éclairé la décision d'aller de l'avant », a ajouté le ministère.
Ce contrat est d'une importance capitale, car il est au cœur des efforts du Pentagone pour moderniser sa technologie. Une grande partie de l'armée utilise des systèmes informatiques des années 1980 et 1990, et le ministère de la Défense a dépensé des milliards de dollars pour essayer de les moderniser, a rapporté Reuters. Selon le quotidien, les fonctionnaires se sont plaints d'avoir des systèmes informatiques désuets et d'être incapables d'accéder aux dossiers ou de partager l'information aussi rapidement que cela se fait dans le secteur privé.
L'unification de l'information dans le cloud présente, par conséquent, des avantages évidents pour le Pentagone à mesure que les militaires utilisent davantage les capteurs à distance, les armes semi-autonomes et l'intelligence artificielle. Selon Reuters, le Pentagone a déclaré qu'il avait accordé plus de 11 milliards de dollars dans le cadre de 10 contrats de cloud distincts au cours des deux dernières années. « Alors que nous poursuivons l'exécution de la stratégie cloud du DoD, d'autres contrats sont prévus pour les services cloud et les solutions complémentaires de migration et d'intégration nécessaires à une adoption efficace du Cloud », a déclaré le Pentagone.
La Défense avait lancé un appel d’offres en juillet 2018 et les finalistes désignés par le ministère américain de la Défense étaient Microsoft et Amazon.
Mais la décision d’attribution de JEDI à Microsoft devant Amazon a surpris plus d’un. Car, d’une part, AWS avait été considérée comme le chef de file pour avoir construit des services de cloud computing pour la Central Intelligence Agency, et d’autre part, parce qu’Amazon avait été certifiée au plus haut niveau d'habilitation de sécurité existant, tandis que Microsoft s'efforçait de rattraper son retard dans le cloud computing, selon le News York Times. Il faut noter également que le processus d’attribution, qui a duré plus longtemps que prévu, a aussi été émaillé par des intrusions de la Maison-Blanche, le président Trump devenant parfois publiquement hostile à Jeff Bezos, PDG d’Amazon. Bezos possède également le Washington Post qui n’hésite pas à critiquer l’administration Trump. JEDI a aussi fait l’objet de critiques dès le départ par les employés de certains fournisseurs.
L'affaire est portée devant la justice
Amazon a décidé de poursuivre le Pentagone en justice. La société allègue un « parti pris incontestable » de la part du gouvernement lors de l'attribution d'un contrat de grande envergure dans le domaine de la technologie militaire à Microsoft.
Le porte-parole d'Amazon Web Services a déclaré que la société était « particulièrement expérimentée et qualifiée » pour le poste, ajoutant : « Nous pensons également qu'il est essentiel pour notre pays que le gouvernement et ses dirigeants élus gèrent les achats de manière objective et sans influence politique ».
Fin janvier, Amazon a demandé à la Cour de suspendre le travail de Microsoft sur le contrat JEDI du Pentagone. Notons que Microsoft a commencé à exécuter le contrat le 11 février, les États-Unis ayant classé les services à fournir dans le cadre du JEDI comme nécessaires de toute urgence pour soutenir la sécurité nationale.
Le PDG de Microsoft Satya Nadella a expliqué la raison pour laquelle son équipe a été choisie devant AWS.
Nadella a déclaré que l’offre cloud de Microsoft a remporté le contrat du Pentagone en raison de son investissement dans le cloud hybride. Selon lui, l'approche de Microsoft, qui met l'accent sur un équilibre entre les ressources publiques et privées, a milité en faveur de la société.
S’adressant au journaliste, Nadella a dit : « Nous sommes les seuls aujourd'hui à avoir la capacité de distribuer les calculs, de contester les données et d'avoir ensuite une cohérence de gestion, de sécurité et de données entre ces deux plaques », faisant apparemment référence à l'informatique sur site et à l'informatique dans sur le cloud. « C'est une chose difficile ». Il a ajouté que « nous avons juste construit une position de leader dans ce que les gens décrivent comme l'informatique hybride ».
Amazon demande à Donald Trump de témoigner
Dans son appel de l’attribution du contrat, Amazon a prétendu que le président Trump « a lancé des attaques répétées, en public et en coulisse, pour détourner le contrat JEDI d'AWS [Amazon Web Services] afin de nuire à son ennemi politique présumé - Jeffrey P. Bezos », fondateur et PDG d'Amazon qui est aussi propriétaire du Washington Post. Donald Trump critique régulièrement le journal du milliardaire pour sa couverture de son administration.
AWS a noté : « le parti pris du président Trump contre Jeffrey P. Bezos, fondateur de la société mère d'AWS, Amazon.com, Inc. ("Amazon"), est de notoriété publique. Avant même de prendre ses fonctions, le président Trump a fait campagne sur la promesse qu'Amazon aurait des "problèmes" s'il devenait Président. Lorsque le moment est venu pour le ministère de la Défense de choisir un fournisseur de services en ligne pour les essentiels contrats JEDI, le Président a fait savoir - à la fois au grand public et, très clairement, aux hauts fonctionnaires du ministère de la Défense (y compris ses représentants politiques) - qu'il ne voulait pas que son administration attribue le contrat à AWS. En plus de ses tweets publics et de ses déclarations critiquant Amazon et M. Bezos, il a ordonné au ministère de la Défense de "virer Amazon" du contrat JEDI, et en juillet 2019, il a de nouveau ordonné au ministère de la Défense de "regarder de très près" le marché JEDI en se basant sur sa propre affirmation de "plaintes... énormes" concernant AWS ».
C'est dans ce contexte qu'Amazon Web Services, filiale d’Amazon.com, a déclaré vouloir faire témoigner Donald Trump et son secrétaire à la Défense, Mark Esper. L'objectif est de découvrir « comment exactement l'ordre du président Trump de "mettre des bâtons dans les roues d'Amazon" a été exécuté pendant le processus de décision ».
« Pour que l’opinion publique garde sa confiance dans le système des marchés publics, il convient qu’une enquête soit faite, tout particulièrement à la lumière de l’ordre donné par le président Trump de nuire à Amazon », a déclaré un représentant d’Amazon.
« Le président a plusieurs fois démontré qu’il entendait se servir de sa position de président et de commandant en chef pour interférer dans la prise de décisions, notamment en matière de marchés publics fédéraux, pour faire valoir ses intérêts ».
« La question qui se pose est celle de savoir si le président des États-Unis peut être autorisé à utiliser le budget du département de la Défense à des fins personnelles et politiques », a ajouté ce représentant.
Source : Reuters
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