
Facebook a officiellement annoncé Libra dans la seconde moitié du mois de juin avec l’ambition de permettre à tout individu d’avoir accès aux services financiers de base. Mais les inquiétudes se sont très vite fait ressentir à propos de Libra et Facebook a été contraint d’arrêter, un mois plus tard, le développement de sa cryptomonnaie en attendant que les doutes des régulateurs se dissipent. Si les inquiétudes des régulateurs sont aussi élevées, quand est-il des utilisateurs du réseau social lui-même ou des Américains en général ?
En s'attaquant au domaine des cryptomonnaies, Facebook se lance un défi de taille, tant il fait lui-même l'objet d'une grave crise de confiance après une série de scandales autour de sa gestion des données personnelles. CivicScience, un cabinet d’étude de marché et de collecte d’opinions du public, s’est penché sur la question et a mené une enquête afin de connaître l'avis et le niveau de confiance que les Américains sont prêts à accorder à Libra de Facebook. En effet, CivicScience a examiné l'intérêt général et les préoccupations du public concernant Libra dès l'annonce de la monnaie virtuelle.
Dans une enquête menée auprès de 1799 citoyens américains, à peine 5 % au total ont exprimé un intérêt quelconque pour la monnaie numérique proposée par Facebook. « Dans quelle mesure êtes-vous intéressés par la nouvelle cryptomonnaie Libra de Facebook et par son portefeuille numérique ? », voilà la question à laquelle CivicScience a cherché une réponses dans un premier temps. À cet effet, le graphe présenté par CivicScience montre que seulement 2 % des répondants sont vraiment intéressant par la cryptomonnaie Libra de Facebook, 3 % sont légèrement intéressés et 10 % ont déclaré qu’ils ne sont sûrs de rien.
Enfin, une grande partie (86 %) des répondants de cette première phase de l’enquête ont déclaré ne pas être du tout intéressés par la cryptomonnaie Libra de Facebook. De plus, dans cet échantillon d’étude, CivicScience a constaté que parmi les 2 % qui sont véritablement intéressés par Libra, les jeunes de 18 à 24 ans étaient les plus nombreux. Le cabinet d’étude a également remarqué que dans l’ensemble de l’échantillon, la majorité des Américains ne fait pas du tout confiance à Facebook. De cette façon, les experts s’accordent à dire que Libra et Facebook sont un excellent exemple de mauvaise réputation.
Dans un autre cas, CivicScience a mené une autre enquête en juillet visant à connaître la popularité des différentes cryptomonnaies auprès des citoyens américains. L'enquête réalisée auprès de plus de 2100 adultes a révélé que la majorité des Américains (79 %) ont déjà entendu parler du Bitcoin ou d’autres cryptomonnaies, telles que Litecoin, Ethereum ou Ripple. Globalement, 6 % des personnes interrogées ont confirmé qu’ils ont déjà investi dans une cryptomonnaie. Parmi ces personnes, 3 % d’entre elles ont déclaré qu’ils ont investi et aiment bien cela, tandis que 3 % ont déclaré avoir investi, mais n’aiment pas les cryptomonnaies.
Pour ceux qui restent dans cet échantillon, 7 % des répondants ont déclaré qu’ils n’ont pas investi dans une quelconque cryptomonnaie, mais qu'ils envisagent de le faire d’ici les prochaines années. Cependant, environ 66 % des répondants ont déclaré à CivicScience qu’ils n’ont pas investi dans une cryptomonnaie et n’ont pas envie de le faire dans les prochaines années. Enfin dans cette phase de l’enquête, ils sont environ 21 % à avoir déclaré qu’ils n’ont jamais entendu parler des cryptomonnaies ni du Bitcoin, qui est pourtant la cryptomonnaie la plus connue.
D’après CivicScience, les résultats des enquêtes qui cherchent à déterminer la cote de popularité de cryptomonnaie aux États-Unis varient. Par exemple, un récent sondage de Harris Poll portant sur un échantillon similaire a révélé que 11 % de la population adulte américaine possédait des Bitcoins. Une autre enquête menée en 2018 a montré que moins de 8 % des Américains possédaient des cryptomonnaies. Néanmoins, CivicScience a fait remarquer que malgré le faible pourcentage global d'investisseurs en cryptomonnaie, le marché est en croissance et dépasse les 200 milliards de dollars.
Actuellement, un Bitcoin se négocie à plus de 10 000 dollars. Libra de Facebook pourra-t-elle faire face au Bitcoin ? Selon CivicScience, les enquêtes montrent un intérêt plus général pour la première des cryptomonnaie, avec 7 % d’investisseurs, par rapport à Libra. Selon le cabinet d’étude, la différence réside peut-être dans l'utilisation prévue. Ainsi, l’étude a montré que la principale raison qui motive les gens à investir dans les cryptomonnaies aux États-Unis était l’investissement à long terme et non l’utilisation comme monnaie réelle. Cela a été suivi d'investissements à court terme.
Si l’on se réfère au Livre blanc déposé par Facebook à propos de Libra et de Calibra, il est mentionné que la monnaie vise à rendre les achats de biens et services aussi faciles que le fait d’envoyer un message. En d’autres termes, Libra est une cryptomonnaie qui est censée permettre d'acheter des biens et services ou d'envoyer de l'argent aussi facilement qu'un message instantané.
Libra veut faciliter ces aspects de la vie à ceux qui vivent dans les pays en développement avec un accès limité ou inexistant à la banque et soumis à des frais élevés pour leurs transactions financières. Si le Bitcoin et de nombreuses autres cryptodevises ne sont pas réglementés par des tiers et doivent être libérés dans la sphère numérique par « extraction », ce n'est pas le cas de Libra. En comparaison, même si elle utilise toujours la technologie blockchain pour sécuriser les transactions, Libra sera supervisée par la Libra Association qui est composée de plusieurs membres fondateurs autres que Facebook/Calibra, notamment PayPal, Mastercard, eBay et Uber, pour n'en nommer que quelques-uns.
En outre, Libra est soutenue par un panier de devises et de fonds mondiaux. Selon CivicScience, bien que cela puisse réduire la volatilité sauvage qui a rendu les cryptomonnaies difficiles à traiter, cela éloigne également l'attrait non réglementé et spéculatif de la cryptomonnaie. De plus, compte tenu des antécédents de Facebook en matière de protection de la vie privée, il n’est pas surprenant de constater que la majorité des personnes interrogées n’ont pas confiance en Facebook en ce qui concerne leurs informations et données personnelles. Cela pourrait considérablement jouer dans l'adoption de Libra.
S'agissant de la confiance en Libra et de son porte-monnaie numérique, le sondage a révélé que 40 % des personnes interrogées font très peu confiance à Libra qu’à Bitcoin et les autres monnaies cryptographiques similaires. Seuls 2 % sont prêts à accorder un minimum de confiance à Libra. Il est également intéressant de noter que, même si moins de 10 % des personnes interrogées ont investi dans une cryptomonnaie, un pourcentage significatif se sent moins confiant envers Libra de Facebook qu’envers le Bitcoin ou d'autres monnaies numériques.
Selon le cabinet, davantage de recherches sont nécessaires pour découvrir pourquoi les gens ressentent cela, mais si les données sont un prédicteur, les fondateurs de Libra ont du travail à faire s'ils veulent gagner plus de 5 % du public américain. Ajoutez à cela des représentants du gouvernement qui s’emploient à mettre fin à l’opération pour diverses raisons. « Comme lors de la première apparition mystérieuse du Bitcoin il y a dix ans et de la ruée vers l'or de la cryptomonnaie, personne ne sait vraiment à quoi s'attendre lorsque certaines des plus grandes entreprises du monde collaborent pour créer leur propre version », a conclu CivicScience.
Source : CivicScience
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