Les avions cloués au sol doivent être entreposés quelque part. Le site Web Bloomberg estime qu’il y aurait environ 500 avions 737 Max cloués au sol dans le monde, dont une bonne centaine bloquée à l’usine Renton de Boeing qui est située dans l’État de Washington. Dans un autre site du groupe, celui de Boeing Field qui sert de base d'essais en vol et de préparation finale, il y a tellement de 737 MAX immobilisés qu’une partie de l’espace réservé pour le parking des employés de Boeing a dû être réquisitionnée pour le stationnement des avions, comme le montre cette image publiée sur le réseau social Instagram :
La durée de l’immobilisation des 737 Max a depuis longtemps franchi le cap des 60 jours, ce qui est synonyme d’un entreposage à long terme. Leur remise en service nécessitera désormais un examen rigoureux pouvant durer des semaines. Certains experts cités par Bloomberg assurent qu’environ 80 heures de travail sont nécessaires rien que pour préparer chaque avion pour le stockage et il faudrait environ 120 heures de travail supplémentaires pour remettre chacun d’entre eux en état de vol. En tout, les vérifications d’entretien pourraient prendre environ 30 jours avant que le dernier des 737 stationnés ne reprenne ses opérations quotidiennes si l’interdiction venait à être levée.
Le rythme des opérations de maintenance à respecter est en grande partie déterminé par des listes de contrôle détaillées fournies par Boeing. Les instructions pour le « ;stationnement prolongé ;», par exemple, s’étalent sur plus de 100 pages dans un manuel conçu pour la génération précédente d'avions que le 737 MAX venait remplacer. Il existe des procédures distinctes pour préparer les avions selon qu’ils seront stationnés pendant une semaine, un mois, deux mois ou un an.
La gestion de l’entretien des avions à une telle échelle est sans précédent. Tim Zemanovic, président de Fillmore Aviation, une entreprise de Minneapolis qui se spécialise dans la maintenance des avions en fin de vie, a déclaré à ce propos : « ;Ils ne les garent pas tout simplement et s’en vont pour revenir six mois plus tard ;», précisant que « ;quelqu’un doit s’en occuper tous les jours ;».
L’interdiction de vol prolongée des 737 MAX risque d’affecter lourdement les comptes de Boeing. Le coût important lié au stationnement prolongé et à la maintenance n’est que le début de l’exposition financière de Boeing. L’avionneur basé à Chicago devra dédommager les compagnies aériennes qui possèdent l’un des 737 MAX livrés avant l’interdiction mondiale de vol. Il devra aussi s’occuper de ses autres clients, notamment du manque à gagner qu’ils accusent à cause du retard de livraison des 737 MAX déjà commandés qui devaient être livrés depuis le 13 mars dernier.
Trois mois après le début de l’immobilisation des 737 MAX, un analyste de Bloomberg estime à 1,4 milliard de dollars la facture de Boeing pour les vols annulés des compagnies aériennes clientes et le manque à gagner d’exploitation si la flotte de 737 MAX est toujours clouée au sol d’ici fin septembre. Il faut également préciser que la société fait déjà face aux actions en justice intentées par les familles des victimes des deux accidents. Des spécialistes du secteur estiment à ce sujet que les malheurs du 737 MAX vont couter des milliards au constructeur américain qui devra mobiliser toutes ses ressources pour résoudre cette affaire.
Malgré tout, Boeing envisage déjà de mettre en place un centre des opérations ouvert 24 heures sur 24 pour aider ses clients. Des équipes de mécaniciens, de techniciens et de représentants du service après-vente se mobiliseront pour aider les compagnies aériennes clientes lorsque leurs jets devront effectuer la « ;transition des activités de stockage et de préservation au vol opérationnel ;», a déclaré à Bloomberg Doug Alder, porte-parole de Boeing.
Boeing se démène pour finaliser la mise à jour et la certification de son logiciel de contrôle de vol qui est impliqué dans les deux dernières catastrophes aériennes précédemment évoquées. Les dirigeants du groupe préparent des plans détaillés pour le retour éventuel du Max au vol commercial. L’équipe se réunit quotidiennement et comprend des responsables du programme 737, du siège social et des divisions commerciales et des services mondiaux. Mais l’absence de consensus sur un calendrier de redéploiement jusqu’à l’heure actuelle laisse supposer que les autorités de régulation devraient au mieux aboutir à une nouvelle certification en ordre dispersé de l’appareil.
Source : Bloomberg, Instagram, Twitter
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