Le président américain Donald Trump devrait signer cette semaine un décret interdisant aux entreprises américaines d’utiliser des équipements de télécommunication fournis par des groupes représentant une menace en termes de sécurité nationale, ce qui ouvrira la voie à un bannissement du chinois Huawei, ont déclaré à Reuters trois responsables américains informés de ce projet.
Le décret, qui ne devrait explicitement mentionner aucun pays ou aucune entreprise, est à l’étude depuis plus d’un an mais a été retardée à plusieurs reprises, ont précisé les sources, demandant à ne pas être nommée car les préparatifs restaient confidentiels. Cela pourrait être retardé à nouveau, ont-elles dit.
Ce décret s’appuiera sur l’International Emergency Economic Powers Act, qui permet au président des Etats-Unis de prendre des mesures sur le plan commercial en cas d’urgence nationale face à une menace contre le pays. Il chargera alors le département du Commerce, en collaboration avec les différentes agences fédérales, d’élaborer un plan de mise en oeuvre des mesures prévues, ont précisé les sources.
Notons que Donald Trump a déjà promulgué en août 2018 une loi interdisant aux autorités fédérales américaines de recourir aux équipements de Huawei et d’un autre groupe chinois, ZTE.
Des tensions commerciales
S'il était signé, le décret entrerait à un moment délicat dans les relations entre la Chine et les États-Unis, les deux plus grandes économies du monde augmentant leurs droits de douane dans une bataille contre ce que des responsables américains appellent les pratiques commerciales déloyales de la Chine.
En substance, les États-Unis reprochent déjà à l’équipementier Huawei d’avoir espionné des entreprises américaines et volé leurs secrets technologiques. En outre, le gouvernement américain reproche à Huawei d’entretenir une collusion avec le parti communiste chinois, ce qui pourrait favoriser l’introduction de portes dérobées dans les équipements de Huawei et permettre au gouvernement chinois de surveiller le trafic et espionner les communications réseau partout dans le monde. Enfin, avec le déploiement de la 5G, l’accroissement de l’usage des technologies sans fil dans de nombreux domaines pourrait renforcer la position de Huawei tout en accroissant davantage les risques cités plus haut, selon les USA.
En référence à tous ces risques, les États-Unis ont interdit à ses agences gouvernementales d’acheter du matériel chinois y compris ceux de Huawei et contraint les opérateurs de télécom américains bénéficiant d’un financement public d’écarter Huawei de la liste des fournisseurs de matériels réseaux. Si cette démarche connaît du succès sur le territoire américain ainsi que chez certains de ses partenaires comme comme le Japon, l’Australie, et la Nouvelle-Zélande, le gouvernement américain peine encore à convaincre un de ses alliés majeurs qu’est le Royaume-Uni.
Pour ce dernier, bien que le réseau de Huawei comporte des risques de sécurité importants, il est en mesure de gérer ces risques liés à l’utilisation des équipements de télécommunications fournis par ce dernier. De même, le pays ajoute qu’il n’existe aucun élément de preuve susceptible de confirmer une quelconque activité malveillante de la part de l’entreprise technologique. Partant de ce fait, le Royaume-Uni a donc refusé de céder aux pressions américaines et de bannir Huawei des fournisseurs d’équipements réseau 5G dans le pays.
Huawei, qui a à plusieurs reprises nié les accusations, a décidé d’adopter une autre stratégie. En effet, mardi, son PCA s'est dit prêt à signer des accords de non-espionnage avec des gouvernements, y compris la Grande-Bretagne. « Nous sommes prêts à signer des accords de non-espionnage avec les gouvernements, y compris le gouvernement du Royaume-Uni, afin que notre équipement réponde à la norme de non-espionnage et soit exempte de porte dérobée », a déclaré le président de Huawei, Liang Hua, à Londres, par l'intermédiaire d'un interprète.
Liang a indiqué que Huawei n'avait agi pour le compte du gouvernement chinois sur aucun marché international.
« En dépit du fait que Huawei a son siège en Chine, nous sommes une société opérant dans le monde entier », a-t-il rappelé. « Partout où nous opérons dans le monde, nous nous sommes engagés à respecter les lois et réglementations locales applicables dans ce pays. Aucune loi chinoise n'oblige les entreprises à collecter des informations auprès d'un gouvernement étranger ou à implanter des portes dérobées pour le gouvernement ».
La Chine estime que la réaction des États-Unis n’est ni honorable, ni juste
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a déclaré lors d'un point de presse quotidien à Beijing que les Etats-Unis avaient « abusés de leur pouvoir national » pour « délibérément discréditer » et réprimer certaines entreprises chinoises.
« Ce n'est ni honorable, ni juste », a-t-il déclaré.
« Nous exhortons les États-Unis à cesser d'utiliser l'excuse des problèmes de sécurité pour réprimer de manière déraisonnable les sociétés chinoises et créer un environnement juste, équitable et non discriminatoire pour les sociétés chinoises qui effectuent des investissements et des opérations normales aux États-Unis.»
Les États-Unis poussent activement d'autres pays à ne pas utiliser les équipements de Huawei dans les réseaux 5G de prochaine génération qu'ils qualifient de « non fiables ». En août, Trump a signé un projet de loi interdisant au gouvernement américain d'utiliser lui-même les équipements de Huawei et d'un autre fournisseur chinois. ZTE Corp.
Source : Reuters
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Le , par Stéphane le calme
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