Depuis plusieurs années, les États-Unis ne manquent pas de profiter de la moindre occasion pour faire savoir à qui veut l’entendre que les équipements réseau du fournisseur chinois Huawei comportent des risques de sécurité pour les données des entreprises qui les utilisent. Intimement convaincu de ce problème, le pays de l’Oncle Sam a ouvertement déconseillé à plusieurs pays de l’Union européenne ainsi qu’aux pays membres de l’alliance des services de renseignements des Five Eyes composée également de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, du Canada et du Royaume-Uni de se détourner des équipements réseau 5G du géant chinois des TIC Huawei.
En substance, les États-Unis reprochent déjà à l’équipementier Huawei d’avoir espionné des entreprises américaines et volé leurs secrets technologiques. En outre, le gouvernement américain reproche à Huawei d’entretenir une collusion avec le parti communiste chinois, ce qui pourrait favoriser l’introduction de portes dérobées dans les équipements de Huawei et permettre au gouvernement chinois de surveiller le trafic et espionner les communications réseau partout dans le monde. Enfin, avec le déploiement de la 5G, l’accroissement de l’usage des technologiques sans fil dans de nombreux domaines pourrait renforcer la position de Huawei tout en accroissant davantage les risques cités plus haut, selon les USA.
En référence à tous ces risques, les États-Unis ont interdit à ses agences gouvernementales d’acheter du matériel chinois y compris ceux de Huawei et contraint les opérateurs de télécom américains bénéficiant d’un financement public d’écarter Huawei de la liste des fournisseurs de matériels réseaux. Si cette démarche connaît du succès sur le territoire américain ainsi que chez certains de ses partenaires comme comme le Japon, l’Australie, et la Nouvelle-Zélande, le gouvernement américain peine encore à convaincre un de ses alliés majeurs qu’est le Royaume-Uni.
Pour ce dernier, bien que le réseau de Huawei comporte des risques de sécurité importants, il est en mesure de gérer ces risques liés à l’utilisation des équipements de télécommunications fournis par ce dernier. De même, le pays ajoute qu’il n’existe aucun élément de preuve susceptible de confirmer une quelconque activité malveillante de la part de l’entreprise technologique. Partant de ce fait, le Royaume-Uni a donc refusé de céder aux pressions américaines et de bannir Huawei des fournisseurs d’équipements réseau 5G dans le pays.
Il convient de préciser que depuis 2010, Huawei et le gouvernement du Royaume-Uni ont conclu un accord afin de permettre des examens approfondis de la sécurité du matériel et des logiciels du fournisseur d’équipements chinois. Ce serait donc en connaissance de cause que les autorités du Royaume-Uni n’ont pas écarté le géant chinois après avoir également eu accès aux matériels et au code source de certains logiciels utilisés par le géant chinois. Mais face à la pression des États-Unis à l’égard de ses alliés, Reuters a rapporté le mois dernier que le Conseil de sécurité britannique a décidé d’interdire l’usage des équipements de Huawei dans tous les éléments essentiels de son réseau 5G, tout en permettant l’utilisation des équipements de l’entreprise dans les parties non essentielles de réseau, et ceci avec des restrictions élevées.
Huawei veut jouer la carte de la diplomatie
Huawei s'est dit prêt à signer des accords de non-espionnage avec des gouvernements, y compris la Grande-Bretagne, a déclaré mardi le président du conseil d'administration de la compagnie de télécommunications chinoise, alors que les États-Unis exhortaient les pays européens à s’éloigner de la société pour des raisons d’espionnage.
Washington a demandé à ses alliés de ne pas utiliser la technologie de Huawei pour construire de nouveaux réseaux 5G, craignant que cela ne soit un véhicule d'espionnage pour la Chine, accusation que la compagnie a démentie.
« Nous sommes prêts à signer des accords de non-espionnage avec les gouvernements, y compris le gouvernement du Royaume-Uni, afin que notre équipement réponde à la norme de non-espionnage et soit exempte de porte dérobée », a déclaré le président de Huawei, Liang Hua, à Londres, par l'intermédiaire d'un interprète.
La Grande-Bretagne est en train de décider dans quelle mesure elle permettra à Huawei, premier fournisseur mondial d’équipements de télécommunications, de participer à la construction de ses réseaux 5G.
« La sécurité et la résilience des réseaux de télécommunication du Royaume-Uni sont d'une importance primordiale, et nous avons des contrôles stricts sur la manière dont l'équipement de Huawei est actuellement déployé au Royaume-Uni », a déclaré mardi un porte-parole du gouvernement britannique.
Il a indiqué que les résultats de la révision de la chaîne logistique des télécommunications affectant le cas de Huawei seraient annoncés prochainement et que tous les opérateurs de réseau devraient se conformer à la décision.
Des informations confidentielles divulguées ?
La Première ministre Theresa May a limogé ce mois-ci son ministre de la Défense, Gavin Williamson, après des fuites qui prétendaient que Huawei jouerait un rôle dans le réseau 5G, plaçant ainsi la Grande-Bretagne dans une situation embarrassante face à son principal allié du renseignement, les États-Unis.
Williamson a nié avoir divulgué des informations confidentielles.
S'exprimant en marge d'une réunion avec les partenaires technologiques britanniques de Huawei, Liang a déclaré que la société n'avait jamais eu l'intention d'être aux prises avec une tempête politique.
« La question de la cybersécurité ne concerne pas qu'un seul fournisseur ou une seule entreprise, c'est un défi commun à l'ensemble du secteur et du monde », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que Huawei coopérait de longue date avec le Centre britannique de la cybersécurité (National Cyber Security) pour superviser sa technologie et avait amélioré ses capacités d'ingénierie logicielle pour les rendre égales à ses concurrents.
« Aucune loi en Chine ne nous oblige à collecter des informations auprès d'un gouvernement étranger ou à implanter des portes dérobées »
Liang a indiqué que Huawei n'avait pas agi pour le compte du gouvernement chinois sur aucun marché international.
« En dépit du fait que Huawei a son siège en Chine, nous sommes une société opérant dans le monde entier », a-t-il rappelé. « Partout où nous opérons dans le monde, nous nous sommes engagés à respecter les lois et réglementations locales applicables dans ce pays. Aucune loi chinoise n'oblige les entreprises à collecter des informations auprès d'un gouvernement étranger ou à implanter des portes dérobées pour le gouvernement ».
Le ministre britannique Jeremy Wright, qui annoncera les conclusions de l'examen des chaînes d'approvisionnement des opérateurs télécoms, avait déclaré que les avantages d'un kit économique ne l'emporteraient pas sur les préoccupations en matière de sécurité.
Liang, cependant, a déclaré que les facteurs économiques devraient faire partie de la décision et que la politique devrait en être retirée.
« Je pense que la décision devrait être basée sur une évaluation des risques et une évaluation de la chaîne d'approvisionnement, et devrait également refléter les exigences du Royaume-Uni en termes de développement économique lorsqu'il choisit ses fournisseurs », a-t-il déclaré.
« La cybersécurité est en effet un facteur très important à prendre en compte (...), mais il devrait en même temps être une décision équilibrée entre cyber sécurité et prospérité économique ».
Liang a déclaré qu'il rencontrait des clients plutôt que des politiciens. Huawei a signé plus de 40 contrats 5G, 25 en Europe, 10 au Moyen-Orient et six en Asie.
Le gouvernement allemand a toutefois déclaré que rien n'indiquait que la Chine offrait un accord de non-espionnage qui aiderait Huawei dans son offre de contrats pour la construction de réseaux de téléphonie mobile de nouvelle génération en Allemagne.
Source : Reuters
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Le , par Stéphane le calme
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