Julian Assange a fait vœu de lutter contre l'extradition vers les États-Unis dans ce qui pourrait devenir une longue et compliquée bataille juridique.
Lors d'une audience hier à Londres, le juge Michael Snow lui a fait savoir qu'il pouvait consentir à une extradition vers les États-Unis, ce, alors que ses partisans se rassemblaient à l'intérieur et à l'extérieur de la salle d'audience, scandant et tenant des pancartes demandant sa liberté.
« Je ne souhaite pas me livrer à une extradition pour avoir fait du journalisme qui a remporté de nombreux prix et protégé de nombreuses personnes », a déclaré Julian Assange à la cour via un direct vidéo depuis la cellule de prison où il se trouve, selon les médias.
Le fondateur de WikiLeaks a été arrêté en avril. L'ambassade de l’Équateur à Londres venait d’expulser l'homme de 47 ans après lui avoir accordé près de sept ans d'asile. La police métropolitaine de Londres s'était chargée de son arrestation au sein de l'ambassade et de son transport vers son actuel lieu de détention. Ainsi s'ouvrait une nouvelle ère de batailles juridiques pour le personnage controversé.
Y faisant suite, le gouvernement américain a publié un acte d’accusation contre le fondateur de WikiLeaks. Dans ce que le département de la Justice des États-Unis a récemment qualifié d’ « une des plus grandes compromissions d'informations classifiées de l'histoire des États-Unis », Julian Assange est accusé d'avoir aidé l’ex-analyste du renseignement des USA, Chelsea Manning, à accéder à des milliers de documents et de communications sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi qu'à des câbles et mémoires diplomatiques sur des détenus de Guantanamo Bay. D’après Ben Brandon, représentant des USA lors des échanges, Julian Assange est parvenu à télécharger 90 000 rapports de guerre concernant l'Afghanistan, 400 000 de la guerre en Irak, 800 évaluations de détenus de Guantanamo Bay et 250 000 câbles du département d'État. Plusieurs de ces documents ont fait l’objet de publications sur WikiLeaks en 2010 et 2011.
L'audience d'extradition de jeudi fait suite à une comparution en cour mercredi, au cours de laquelle le tribunal de Southwark a condamné Assange à 11 mois de prison pour avoir rompu les termes de sa liberté provisoire. La période passée en détention depuis le 11 avril sera prise en compte et Assange pourra demander sa libération provisoire après avoir effectué la moitié de sa peine. Tous calculs faits, il ne devrait y rester que 22 semaines, soit près de 6 mois.
Ben Brandon, l'avocat représentant le gouvernement américain, a déclaré jeudi à la cour qu'Assange pourrait être passible d'une peine d'emprisonnement maximale de cinq ans s'il est jugé coupable par les juridictions américaines. Le calcul de cette peine s’appuierait principalement sur des preuves de communications entre Assange et Chelsea Manning. Deux autres audiences sont programmées pour les 30 mai et 12 juin, ce, après obtention, par les avocats d'Assange, du contenu complet de la demande d'extradition américaine.
Les avis d’experts en droit sur les conditions à remplir pour que l’extradition soit envisageable
D’après Anna Bradshaw, expert en droit pénal européen, l’extradition d’Assange vers les USA est conditionnée par la réussite d’un certain nombre de tests que les autorités britanniques vont se charger de mener. « Ils sont relativement simples. L'infraction qu'il est accusé d'avoir commise doit avoir une correspondance en vertu de la loi britannique », indique-t-elle. Elle précise toutefois que le camp Assange est susceptible d’user d’un certain nombre de leviers, notamment, celui des droits de l’Homme. En effet, des craintes subsistent quant aux traitements qu’Assange pourrait subir s’il venait à être extradé vers les États-Unis. Cette carte dans la manche du camp Assange s’aligne bien avec le fait que le Royaume-Uni est signataire d’une convention européenne sur les droits de l’homme.
Daniela Nadj, professeur de droit à l’université Queen Mary de Londres, coupe court : « il existe d’importants obstacles juridiques pour ce qui est de la demande d’extradition des États-Unis. » De nombreux experts sont d’accord là dessus : c’est parti pour de nombreux mois (voir années) de batailles juridiques.
Assange : journaliste ou criminel ?
Londres n'est pas le seul endroit où les partisans d'Assange se sont réunis à l'occasion de cette audience. Ils se sont également rassemblés devant l'ambassade des États-Unis à Berlin. Là, l'un des manifestants s'est chargé de lire une déclaration écrite par le célèbre transfuge de la National Security Agency, Edward Snowden, qui a lui aussi eu à divulguer des informations classifiées : « ce n'est pas seulement un homme qui est en danger, mais l'avenir de la liberté de la presse. »
Sources : NYT, USATODAY, NPR
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Julian Assange ne souhaite pas se livrer à une extradition vers les États-Unis
Pour « avoir fait du journalisme qui a remporté de nombreux prix »
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Le , par Patrick Ruiz
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