Ce mercredi, Julian Assange comparaissait devant un tribunal londonien pour sa soustraction à la justice après l’obtention, en 2012, de l'asile dans l'ambassade d’Équateur à Londres pour éviter de se présenter aux autorités britanniques en charge de dire le droit. Le tribunal de Southwark vient de le condamner à 50 semaines de prison pour avoir rompu les termes de sa liberté provisoire.
11 mois de prison, c’est 1 mois de moins que la peine maximale que le fondateur de WikiLeaks risquait pour les charges retenues contre lui par la justice britannique. La période passée en détention depuis le 11 avril sera prise en compte et Assange pourra demander sa libération provisoire après avoir effectué la moitié de sa peine. Tous calculs faits, il ne devrait y rester que 22 semaines, soit près de 6 mois. « La peine de Julian Assange, pour avoir demandé et reçu l'asile, est deux fois plus lourde que celle prévue par les lignes directrices en matière de détermination de la peine », commente WikiLeaks.
Les points saillants de l’audience de ce jour …
Julian Assange, qui est détenu à la prison de Belmarsh, dans l'Est de Londres, a fait valoir qu'il ne devrait pas être emprisonné pour cette infraction, car il a été effectivement emprisonné à l'ambassade. Ce mercredi premier mai, à Southwark Crown Court à Londres, la juge Deborah Taylor a rejeté cet argument.
« Il est difficile d'envisager un exemple plus sérieux de ce délit. En vous cachant dans l'ambassade, vous vous êtes mis de façon délibérée hors de portée, tout en restant au Royaume-Uni », rapportent des médias anglais des propos de la juge à l’intention de Julian Assange.
Avant sa condamnation, le tribunal a eu lecture d'une lettre d'excuses de Julian Assange dans laquelle il déclarait qu'il était aux prises avec des circonstances difficiles. « J'ai fait ce que je pensais à l'époque être la meilleure ou peut-être la seule chose que j'aurais pu faire. Je regrette la tournure actuelle des événements », rapportent des médias anglais des propos de Julian Assange lors de l’audience.
Cet argumentaire a été réitéré par son avocat lors des échanges devant la cour britannique. Selon son conseil, Assange s'est réfugié dans l’ambassade d’Équateur car se sachant recherché par les autorités américaines. Il lui fallait un refuge où il ne pourrait pas « être kidnappé et ramené de force aux États-Unis. » Son avocat a également expliqué qu'Assange craignait une extradition vers les USA car les relations entre le pays et la Suède pouvaient impliquer des processus d'extradition.
Dans un document de 9 pages, l’équipe Assange revient en détail sur les raisons qui expliquent son choix de se réfugier à l’ambassade d’Équateur à Londres ainsi que sur les conditions de son séjour.
« Il a passé près de sept ans dans des conditions d'isolement, sans accès à des soins médicaux adéquats, à l'espace et à la lumière naturelle, circonstances dans lesquelles sa santé physique et psychologique s'est considérablement détériorée. Dans le délai qui s'est écoulé depuis qu'il a été avisé de l'inscription de cette affaire sur la liste, il n'a pas été possible de fournir des preuves médicales à jour. Nous joignons pour l'arrêt de la cour des informations sur des preuves médicales antérieures du Dr Michael Korzinski décrivant les conséquences psychologiques [onglet 16] et du Dr Tim Ladbrooke décrivant les conséquences physiques [onglet 17]. Nous espérons que le tribunal acceptera de ses avocats que, depuis son admission à HMP Belmarsh, l'accusé fait actuellement l'objet d'une batterie de tests et d'interventions médicales », lit-on.
« En juin 2012, lorsque l’ordre d’extradition vers la Suède est devenu définitif, sa mise à disposition de ce pays était désormais inévitable. A l'époque des faits, la Suède avait des antécédents bien documentés de refoulement direct de personnes vers des États où elles risquaient d'être victimes de mauvais traitements, notamment de torture et de mort », peut-on encore souligner.
D’après WikiLeaks, la défense d'Assange a fourni de nombreux éléments de preuve à l'audience concernant les mesures d'atténuation pour la détermination de la peine prononcée ce jour, mais le juge n'en a pas tenu compte.
Que va-t-il arriver ensuite ?
L’audience de ce jour marque le début d’une nouvelle chaîne d’ennuis légaux pour Julian Assange. Jeudi 2 mai, il fera une nouvelle fois face au tribunal pour des échanges relatifs à une demande d’extradition vers les USA. Une publication du Washington Post parue à mi-parcours du mois d’Avril de l’année en cours confirme cette crainte du fondateur de WikiLeaks. Y faisant suite, les États-Unis ont dévoilé un acte d’accusation contre à l’encontre du fondateur de WikiLeaks.
Dans l'acte d'accusation, le gouvernement affirme qu'Assange a travaillé avec Chelsea Manning (ex-analyste du renseignement américain) pour obtenir des documents classifiés. Les procureurs ont déclaré que Manning avait accédé à des fichiers gouvernementaux classifiés, les avait fournis à Assange et avait ensuite collaboré avec Assange pour tenter de déchiffrer le mot de passe d'un réseau gouvernemental classé. L'acte d'accusation décrit les communications entre Manning et Assange à partir du printemps 2010. WikiLeaks a par la suite publié une cache importante des télégrammes du département d'État, et Manning a été inculpé. Elle a été condamnée à une peine de prison, mais sa peine a été commuée par le président Obama. Le mois dernier, elle a de nouveau été emprisonnée pour avoir refusé de témoigner au sujet de WikiLeaks.
Les procureurs ont également affirmé qu'Assange avait activement encouragé Manning à consulter des dossiers. À date, Assange est accusé d'avoir accéder sciemment à un ordinateur, sans autorisation, pour obtenir des informations qui ont été déterminées par le gouvernement américain comme protégées contre toute divulgation non autorisée pour des raisons de défense nationale et relations publiques. Notamment, des documents relatifs à la défense nationale classés "Secret Défense" avec des raisons de penser que, si de telles informations étaient révélées, cela pourrait être utilisé pour faire du tort aux États-Unis. Il est également accusé de complot en vue de commettre une intrusion dans un ordinateur. Il risque jusqu'à 5 ans de prison.
WikiLeaks s’est avancé sur le terrain de ce qui pourrait être l’issue du procès à venir et exprime ses craintes sur ceci que la messe semble dite. « Nous sommes très inquiets de savoir s'il bénéficiera d'un procès d'extradition équitable au Royaume-Uni », lit-on.
Sources : NYT, Notes sur les mesures d’atténuation, WikiLeaks
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Quelles chances pour que la décision d’extradition de julian Assange vers les USA ne soit pas prononcée dans l’audience à venir ?
Voir aussi :
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Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange condamné à 11 mois de prison par les Britanniques
En attendant une éventuelle extradition vers les USA
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Le , par Patrick Ruiz
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