Comme Elon Musk, ils sont nombreux ceux qui pensent que les machines sont en train de prendre une avance considérable sur le cerveau humain. Ils estiment que si rien n’est fait pour rattraper le retard, les humains pourraient ressembler à des animaux devant les machines de demain. Dans les technologies qui font grincer les dents, il y a notamment l’intelligence artificielle que Musk et beaucoup d’autres considèrent comme une chose plus dangereuse que l’arme nucléaire. Le lundi, il a annoncé l’arrivée très prochaine d’une interface capable de connecter le cerveau humain aux ordinateurs. Selon lui, cela permettra à l’homme de rattraper son retard sur les machines et de pouvoir rivaliser avec elles.
Elon Musk a longtemps estimé que les progrès rapides observés dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ne laisseront, à un moment donné, que deux options aux êtres humains : fusionner avec l’IA ou devenir obsolètes. Il a donc lancé la start-up Neuralink en 2016 pour tenter d’apporter une solution. Neuralink a été présentée comme une entreprise de biotechnologie spécialisée en neuro-ingénierie. Depuis lors, Neuralink travaille activement sur un projet qui vise à développer des neuroprothèses pouvant être utilisées comme des interfaces cerveau-machine à très haut débit afin de connecter le cerveau humain et des ordinateurs via des implants cybernétiques et de permettre à l’esprit humain de s’interfacer avec des gadgets et des programmes.
À l’instar de la technologie de neuro-ingénierie exploitée par Néo, Morphéus ou encore Trinity dans la saga culte « The Matrix » pour acquérir instantanément de nouvelles connaissances sans entraînement, le « Neural Lace » devrait permettre à ses utilisateurs d’échanger des données en temps réel (upload, download, mise à jour) avec un système informatique. D’après ce qu’il disait, « nous sommes tous des cyborgs » et il y a de fortes chances que, comparés à l’IA, « nous devenions l’équivalent intellectuel du chat domestique si rien n’est fait ». Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il a créé Neuralink, il avait répondu que « le risque existentiel est trop élevé pour ne pas le faire ».
Cette année , le milliardaire est revenu, à plusieurs reprises, sur son projet, réaffirmant que, d’ici sept à dix ans, l’être humain serait capable de relier son cerveau à un ordinateur et qu’un prototype pourrait voir le jour avant la fin de cette année. Si l’idée de renforcer votre intelligence par des ordinateurs vous semble folle, retenez que, selon Elon Musk, cela a déjà commencé. « En fait, vous y êtes déjà d’une façon qui peut sembler étrange : vous avez une couche tertiaire numérique sous la forme de votre téléphone, votre ordinateur, votre montre. En gros, ces appareils informatiques forment déjà une couche tertiaire de votre cognition », a-t-il l'habitude de dire.
Il revient encore une fois ce lundi pour indiquer que la machine pouvant connecter le cerveau humain aux ordinateurs pourrait très bientôt voir le jour. Le patron de Tesla a annoncé que Neuralink est sur le point de finaliser la première interface cerveau-machine qui permettra de connecter les humains aux machines. La technologie pourra permettre à l’homme de fusionner efficacement avec l’IA, a-t-il repris. Le quotidien américain The Independent explique néanmoins que ce type de réflexion n’a pas été entendu pour la première fois de la bouche d’Elon Musk. The Independent souligne qu’en 2015, un article publié dans Nature Nanotechnology décrivait déjà un concept pour cette connexion, expliquant comment un circuit flexible pouvait être injecté dans un cerveau vivant.
« Nous essayons de brouiller la distinction entre les circuits électroniques et les circuits neuronaux. Nous devons marcher avant de pouvoir courir, mais nous pensons que nous pouvons vraiment révolutionner notre capacité d'interface avec le cerveau », a déclaré Charles Lieber, chercheur à l’université d’Harvard, qui a corédigé l'étude. Cependant, que fait-on des risques qui pourraient être liés à une telle technologie ? En effet, selon certains experts, malgré le potentiel pour augmenter les capacités du cerveau humain, les risques sont énormes. Ils pensent que les interfaces cerveau-ordinateur risquent d'être détournées par une intelligence artificielle non fiable. Vous imaginez que votre cerveau se fasse pirater ou se fasse attaquer par un virus informatique dans 10 ou 15 ans ? Pour ironiser la situation, d’autres émettent l'idée qu’il faudrait développer un antivirus à côté, histoire de prévenir les dégâts.
Cela amène toujours les experts à notifier qu’un tel scénario pourrait conduire l'IA à contrôler les pensées, les décisions et les émotions d'une personne à l'aide d'un lien cerveau-ordinateur. « Prenons un instant et demandons-nous si nous courrons dans la bonne direction. Tâchons-nous d’évaluer si les risquent ne sont pas plus considérables que les avantages », ont déclaré certains parmi les experts. « Les développements technologiques signifient que nous sommes sur la voie d'un monde dans lequel il sera possible de décoder les processus mentaux des personnes et de manipuler directement les mécanismes cérébraux sous-tendant leurs intentions, leurs émotions et leurs décisions. Les avantages cliniques et sociétaux des neurotechnologies sont vastes. Pour les récolter, nous devons guider leur développement d'une manière qui respecte, protège et rend possible le meilleur de l'humanité », a déclaré un commentaire de Nature rédigé par 27 neuroscientifiques, éthiciens et ingénieurs de l'intelligence artificielle.
Protection et équité, l’IA d’aujourd’hui respecte-t-elle tout cela ? L’on pourrait être amené à croire le contraire quand on observe les différentes orientations que les hommes donnent à cette technologie. Les armes intelligentes (robots tueurs ou des drones de frappe) en sont les exemples les plus connus parmi tant d’autres. L’homme cherche encore activement à contrôler ce qui se fait avec l’IA avec des processus tels que les réglementations de la Commission européenne sur le développement de l’IA ou le comité d’éthique mis en place par Google cette année. Ce dernier qui malheureusement a vite échoué.
Pourquoi soumettre le cerveau humain à une technologie dont l'homme lui-même ne maîtrise pas tous les contours ? Pour l’instant, le mystère plane sur Elon Musk et Neuralink et leurs implants cérébraux. Entre vision futuriste et réalité acceptable, beaucoup préfèrent patienter et observer la tournure que prendront les événements.
Source : The Independent
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Le , par Bill Fassinou
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