L’affaire Cambridge Analytica a conduit Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, devant plusieurs institutions législatives pour témoigner des pratiques de confidentialité de son entreprise. Parmi ces institutions, il y a le Congrès américain qui a soumis Zuckerberg à une série d’interrogation afin de comprendre la politique d’utilisation des données des utilisateurs. Dans un document de 500 pages publié en juin 2018, Facebook, comme son PDG dans ses différents témoignages, a promis de mener une enquête pour éclaircir son éventuelle implication dans l’affaire Cambridge Analytica tout en continuant à améliorer ses pratiques de confidentialité.
Facebook avait donc brandi de nouveaux outils destinés à appuyer ses pratiques de confidentialité, notamment une fonctionnalité baptisée « Clear History » qui « permettra aux utilisateurs de voir les sites Web et les applications qui envoient des informations à Facebook lorsqu'ils les utilisent. La fonctionnalité permettra également aux utilisateurs de supprimer ces données de leurs comptes et de désactiver pareils échanges avec leurs comptes à l’avenir », avait déclaré la société. Comme son nom l'indique, cette fonctionnalité permet aux utilisateurs d'effacer leur historique de navigation sur le réseau social. La fonctionnalité Clear History avait été annoncée à la conférence annuelle F8 de Facebook pour les développeurs en mai 2018 et devrait être disponible cette année.
« Dans votre navigateur Web, vous disposez d'un moyen simple d'effacer vos cookies et votre historique. L'idée est que beaucoup de sites ont besoin de cookies pour fonctionner, mais vous devriez toujours pouvoir effacer votre historique quand vous le voulez. Nous construisons une version de [cette fonctionnalité] pour Facebook aussi. Ce sera un contrôle simple pour effacer votre historique de navigation sur Facebook - ce sur quoi vous avez cliqué, les sites Web que vous avez visités, et ainsi de suite », a écrit Mark Zuckerberg dans un post sur Facebook. « Cette fonctionnalité vous permet de voir les sites Web et les applications qui nous envoient des informations lorsque vous les utilisez, de supprimer ces informations de votre compte et de désactiver notre capacité à les stocker dans votre compte », explique Erin Egan, Chief Privacy Officer de Facebook, dans un autre post. Il profite également pour préciser que les applications et sites Web qui utilisent des fonctionnalités telles que le bouton « J'aime » ou Facebook Analytics envoient au réseau social des informations pour améliorer son contenu et ses annonces.
En résumé, cette fonctionnalité vise à permettre aux utilisateurs d'isoler Facebook du reste de leur activité de navigation Web. Sa finalité s'apparente donc à celle de l'extension Facebook Container lancée fin mars par Mozilla pour Firefox. Mais contrairement à Clear History qui est utilisé à postériori, c'est-à-dire après que les données sont collectées, la solution de Mozilla veut tout simplement empêcher Facebook de collecter des données sur les utilisateurs alors qu'ils ne sont pas sur son site.
« Clear History » commençait à ressembler à une promesse vide de sens faite par Zuckerberg sous la contrainte dans le sillage du scandale Cambridge Analytica. Après avoir initialement dit que le développement de la fonctionnalité prendrait quelques mois, Facebook a déclaré en décembre que cela « prenait plus de temps que prévu », en citant des obstacles techniques. Mardi dernier, Facebook a donné une forte indication que « Clear History » est vraiment à venir et il a joint un calendrier plus crédible. David Werner, chef de la direction financière, a déclaré à un auditoire de banquiers, d'investisseurs et d'industriels à la conférence Morgan Stanley que la fonctionnalité sera disponible cette année et que cela nuirait probablement aux activités publicitaires ciblées de Facebook.
Plus important encore, le fait que le directeur financier de Facebook parle de cette fonctionnalité en termes de « vents contraires » pour les activités du réseau social suggère qu'il ne s'agit pas simplement d'une façade. « Facebook pourrait bien publier cette fonctionnalité, mais la concevoir de telle sorte qu'elle soit inefficace ou peu susceptible d'être largement utilisée. Facebook et d'autres plateformes technologiques se spécialisent dans la manipulation du comportement des utilisateurs via la conception de leurs produits. Elles savent donc comment enterrer une caractéristique quand ils ne veulent pas que beaucoup de gens s'en servent. Une telle mesure leur permet d'apaiser les critiques en matière de protection de la vie privée tout en maintenant le statu quo pour la grande majorité des utilisateurs qui ne savent pas qu'ils peuvent s'exclure », a écrit Slate, un magazine américain.
Cela pourrait bien être le cas avec « Clear History ». Toutefois, la déclaration de Wehner donne l'impression qu'il s'agit d'une fonctionnalité que Facebook s'attend à ce que les gens utilisent réellement, peut-être parce qu'ils seront en mesure de la trouver. Sinon, l'effet sur ses activités publicitaires serait négligeable. Néanmoins, des questions importantes demeurent quant à la conception et à la fonction de l'élément. Slate a demandé à Facebook si les données seront réellement supprimées ou simplement effacées d'une manière ou d'une autre qui les laissera stockées sur les serveurs de Facebook. À cette question, la réponse d'un porte-parole de Facebook a suggéré qu'il ne sera pas supprimé en soi, bien qu'il ait au moins réaffirmé que les données ne seront plus utilisées pour le ciblage publicitaire.
« Du point de vue du ciblage et de l'optimisation, Clear History sera similaire au contrôle des données de nos partenaires existants dans les Préférences publicitaires - les données effacées par une personne ne seront pas utilisées pour personnaliser ses annonces. Nous partagerons plus de conseils et de détails sur l'impact pour les annonceurs à mesure que nous nous rapprochons du lancement ». Les internautes restent assez septiques sur le fonctionnent réel de cette fonctionnalité. Certains sont surpris que Facebook soit en train d'implémenter une telle fonctionnalité et doute qu'elle fonctionne vraiment comme le public le souhaite.
Sources : CNBC, Slate
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Facebook va-t-il vraiment lancer Clear History qui pourrait nuire à ses revenus publicitaires ?
Pensez-vous que cette fonctionnalité fonctionnera vraiment comme annoncé par Facebook ? Pourquoi ?
Voir aussi
Affaire Cambridge Analytica : Facebook témoigne dans un document de 500 pages en ignorant les préoccupations de nombreux législateurs américains
Mozilla lance une extension Firefox pour isoler Facebook dans un conteneur afin d'empêcher le réseau social de vous pister sur les autres sites
Mark Zuckerberg annonce (avec un peu de regret ?) la fonctionnalité « Clear History » qui permet d'effacer son historique de navigation sur Facebook
« Clear History » qui permettra d'effacer son historique de navigation sur Facebook est pour 2019,
La firme dit qu'il nuira à ses activités de pub
« Clear History » qui permettra d'effacer son historique de navigation sur Facebook est pour 2019,
La firme dit qu'il nuira à ses activités de pub
Le , par Bill Fassinou
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !