Depuis l'avènement du numérique, plusieurs Etats s'emploient à accroître la surveillance sur leurs populations dans des buts plus ou moins répréhensibles et ces dernières années, le phénomène s'est aggravé. En France par exemple, on apprenait en novembre dernier que le fisc va tester la surveillance des comptes des contribuables sur les réseaux sociaux pour améliorer la lutte contre la fraude fiscale. Si le cas de la France peut être perçu comme acceptable, aux États-Unis ce n'est pas toujours le cas puisque l'an dernier un service pensé pour surveiller des prisonniers aurait été utilisé pour localiser en temps réel d'autres personnes sans mandat.
Les États-Unis constituent une grande nation très avancée sur le plan technologique. Très souvent, ils collaborent avec d'autres pays et leur vendent parfois même leur technologie sans se soucier de l'utilisation que ces derniers en feront à partir du moment où cela ne nuira pas à leurs intérêts. Bien sûr, les États-Unis ne sont pas les seuls à agir de la sorte et c'est ainsi que plusieurs pays qualifiés comme des dictatures ou des régimes autoritaires se retrouvent en possession de technologies de surveillance fournies par les entreprises américaines ou occidentales.
Un exemple de ce genre de collaboration est illustré dans un récent article de Forbes. Cet article fait état de ce que la société américaine Gatekeeper Intelligent Security aurait vendu au gouvernement saoudien une technologie de reconnaissance faciale qui identifie le visage des conducteurs et des passagers dans les voitures, même avec des vitres obscurcies ou teintées. L'article mentionne également que cette technologie a été vendue à d'autres régimes aux Emirats Arabes Unis. Ces technologies de surveillance et de contrôle d'internet ne font pas qu'aider, car elles sont également utilisées à de mauvaises fins.
Les États-Unis, pour essayer de lutter contre la propagation de ces outils, ont opté pour l'utilisation des contrôles à l’exportation. C'est ainsi que l'administration Trump a insisté pour resserrer la réglementation en matière d'exportation américaine de technologies. Ces nouvelles mesures sont censées imposer de nouvelles limites aux types de technologies pouvant être vendues et à qui. On constate néanmoins que ces mesures restent assez floues concernant l'exportation des technologies de surveillance vers les auteurs de violations des droits de l’homme ce qui pourrait laisser place à diverses supputations.
En 2013, l’arrangement de Wassenaar, un accord multilatéral de maîtrise des armements de 41 pays membres y compris les États-Unis, a vu le jour. Il avait pour objectif de limiter la vente et le trafic de technologies à double usage (une utilisation à la fois civile et militaire). L’arrangement de Wassenaar n’est pas un traité et ne peut donc en aucun cas contraindre les pays membres, mais ces derniers se sont engagés à faire établir et appliquer des contrôles à l’exportation pour les articles figurant sur la liste de contrôle de l'arrangement, qui est mise à jour tous les mois de décembre. Parmi les ajouts faits à cette liste figuraient les systèmes de surveillance des communications réseau. Il s'agit de systèmes qui classifient, collectent et peuvent inspecter tout le trafic numérique transitant par un réseau.
Plusieurs pays membres de l'arrangement de Wassenaar, y compris tous les pays de l'Union européenne, ont respecté l'application de ce dernier ajout à l'exception des États-Unis. Si le fait que cette technologie tombe entre les mains d'auteurs de violations des droits de l'homme ne préoccupe jusqu'à présent pas les États-Unis, la montée de l'autoritarisme numérique devrait grandement les inquiéter, car ceci nuirait à leurs intérêts.
L’autoritarisme numérique coupe les économies nationales du réseau mondial et permet aux Etats, à leur guise, de censurer et de ralentir l'accès au contenu internet qu'ils jugent indésirable. De manière générale, l'autoritarisme numérique consolide le pouvoir entre les mains de gouvernements eux-mêmes autoritaires.
Les États-Unis sont de fervents défenseurs de la liberté d'expression en ligne, ils protègent la neutralité d'internet et préconisent les avantages économiques d'un internet mondial reliant les marchés et les sociétés. Mais s'ils continuent de laisser des entreprises américaines vendre des technologies de surveillance à des pays tels que l’Arabie Saoudite, ils risquent de voir leurs efforts réduire à néant. Il revient donc au gouvernement américain de mettre à jour sa stratégie d’exportation des technologies de surveillance pour stopper la montée de l'autoritarisme numérique dans le monde.
Source : Washington Post
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Le , par Jonathan
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