Une enquête menée par The Australian Financial Review, un quotidien économique d'Australie, et Nine News, le service d’information national du Nine Network (une chaîne de télévision) en Australie, a confirmé que le ministère chinois de la Sécurité de l'État (MSS) était responsable de la récente vague d'attaques dirigées contre des sociétés australiennes. Celles-ci faisaient partie d'une opération dénommée "Operation Cloud Hopper", qui a été détecté par l'Australie et ses partenaires de Five Eyes, l'alliance des services de renseignement de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis. Ces attaques contre des entreprises australiennes sont en violation d'un accord conclu en avril 2017 entre le Premier ministre chinois Li Keqiang et l'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull, qui leur interdit de se voler des secrets commerciaux.
Rappelez-vous qu'au début de ce mois, Rob Joyce, conseiller principal pour la stratégie de cybersécurité à la National Security Agency (NSA), avait aussi déclaré que la Chine a violé l'accord signé avec les États-Unis il y a trois ans qui l'engage à ne pas se lancer dans le piratage informatique à des fins d'espionnage économique. « Il est clair que la Chine va bien au-delà des limites de l'accord conclu entre nos deux pays », a-t-il déclaré. Pour rappel, en septembre 2015, la Chine et les USA étaient tombés d'accord pour lutter contre le piratage informatique. Ces commentaires de Joyce exprime la frustration sans cesse croissante de Washington face « aux violations » par la Chine de l'accord signé entre le président de l’époque, Barack Obama, et le président chinois, Xi Jinping. Trois ans après cet accord, le moins que l'on puisse dire est que ces mots n'ont pas été suivis par des actions.
Le procureur général de l'époque, Jeff Sessions, a également déclaré que la Chine n'adhérait pas à cet accord, aux termes duquel les États-Unis et la Chine ont convenu de ne pas se lancer de cyberattaques pour voler de la propriété intellectuelle ou d'autres formes de renseignements économiques. Cependant, la Chine a nié à plusieurs reprises les allégations de piratage d'entreprises américaines qui lui sont reprochées. Plusieurs entreprises privées de cybersécurité ont déclaré que Pékin enfreignait cet accord depuis la prise de fonction de Donald Trump il y a près de deux ans, car, les hostilités commerciales entre les deux pays se sont intensifiées au cours de cette période.
Louis Freeh, ancien directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI), pense que des cyberattaques ciblées et une forte capacité de dissuasion sont les moyens les plus efficaces d'empêcher la Chine et d'autres pays de continuer à voler des secrets commerciaux. Il a déclaré que la menace d'accusations criminelles ou d'une peine d'emprisonnement empêcherait les pirates informatiques sponsorisés par l'État chinois de continuer à voler de précieuses propriétés intellectuelles. Il a comparé les capacités cyber-offensives à la doctrine de destruction mutuellement assurée de la guerre froide, qui, a-t-il dit, a finalement empêché l'utilisation des armes nucléaires.
« Toutes les grandes puissances, y compris l'Australie, connaissent la [capacité] virtuelle de leurs adversaires. Elles peuvent évaluer avec assez de précision la capacité de leurs adversaires et de leurs alliés et c'est la raison la plus simple pour laquelle nous n'avons pas assisté à une guerre cybernétique. C'est la même raison pour laquelle personne n'a tiré une arme nucléaire depuis 75 ans », a-t-il déclaré. Freeh a déclaré que les grandes puissances avaient la capacité de fermer les réseaux électriques, les réseaux de transport et les systèmes financiers de la Chine, mais ne l'avaient pas encore fait, car cela risquerait de déclencher une attaque de représailles beaucoup plus grande. Il a ajouté que des cyber-capacités défensives avaient été effectuées après des attaques, mais proportionnellement aux attaques. « Nous avons vu suffisamment d'attaques qui ont donné aux pays les bases pour exercer des représailles et ils l'ont souvent fait, mais les représailles sont très proportionnées et très mesurées par rapport à l'attaque initiale », a-t-il précisé.
Pour rappel, le Département du commerce des États-Unis d’Amérique a placé sur sa liste noire en début de ce mois, Fujian Jinhua, une société chinoise qui fabrique des semi-conducteurs. L'entreprise ne pourra plus acheter ou vendre de produits technologiques sur le sol américain. Et pour cause, le Département de la Justice des États-Unis a dévoilé les accusations portées contre une entreprise publique chinoise et son partenaire taïwanais, pour avoir volé des secrets commerciaux auprès de Micron Technology Inc., un fabricant américain de micropuces pour les smartphones, les tablettes et aussi pour les ordinateurs.
Les employés de Fujian Jinhua auraient tenté de dissimuler les preuves mais la police taïwanaise a réussi à retrouver l'employé chinois chargé de faire disparaître les preuves de l'espionnage industriel. Selon les autorités taïwanaises, ces informations étaient destinées à la Chine, qui comptait les copier et les reproduire à grande échelle dans une nouvelle usine de micropuces, une startup financée par des fonds publics s'élevant à 5,7 milliards de dollars US, dont le nom est Fujian Jinhua. Par cet acte, la Chine espérerait envahir le marché des puces avec ces copies probablement bon marché et, au passage, atteindre l'autosuffisance sur la production de micropuces.
Source : The Australian Financial Review
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