Intelligence, créativité, volonté de combattre, pugnacité face aux défis, passion pour le développement de nouvelles armes et patriotisme, tels ont été les critères qui ont permis de sélectionner parmi 5000 enfants les 31 (27 garçons et 4 filles tous âgés de moins de 18 ans) qui seront formés au Beijing Institute of Technology (BIT), selon un professeur dudit institut. Le BIT, l'un des instituts de recherche en armement les plus cotés de la Chine a élaboré un programme dénommé « programme expérimental pour les systèmes d'armes intelligentes » qui consiste à former sur 4 ans des lycéens qui, à la fin de leur formation devront être capables de concevoir des armes basées sur l'Intelligence Artificielle.
Ce programme qui a été lancé le 28 octobre dernier au quartier général de Norinco (l'une des plus grande entreprise qui exporte entre autres de l'armement fabriqué en République populaire de Chine), a pour objectif à long terme de faire de ces enfants des docteurs dans leurs domaines de spécialité et de faire en sorte qu'ils deviennent les prochains leaders de la Chine en matière d'armes basées sur l'IA. Recrutés donc depuis le lycée, ces futurs scientifiques en armement suivront un programme de cours sur 1 semestre avant de choisir une spécialité (ingénierie mécanique ou électronique, conception des armes) qu'ils pourront explorer en profondeur dans le laboratoire de défense dans lequel ils seront envoyés.
Ces enfants ne seront toutefois pas abandonnés à leur propre sort durant leur formation, car chacun d'eux bénéficiera de l'accompagnement de deux scientifiques en armement qui viennent respectivement du BIT et de Norinco. Il faut noter que ce programme tombe à pic pour les bénéficiaires. En effet, pour la porte-parole de ces étudiants, Cui Lyan, ce programme leur permet « de faire des choses que personne n'a encore jamais fait ». Elle est rejoint dans son enthousiasme par Qi Yishen, un autre lauréat, qui voit son rêve de petit garçon de travailler sur les armes être réalisé. Ce programme a le mérite d'être ambitieux. Il convient alors de se demander au vu de l'ambition d'un tel programme, la raison de son élaboration.
Ce n'est un secret pour personne que la Chine, dans sa course à l'armement contre les États-Unis et d'autres pays, cherchent à développer des utilisations létales de l'IA. Le but est donc de développer des armes telles que des robots microscopiques qui peuvent circuler à travers les veines des êtres humains ou des armes nucléaires sous-marines avec des micros puce autonomes. Le ministre des affaires étrangères de la Chine a souligné la volonté de son pays de prendre une part active au développement des potentialités que peuvent offrir l'IA afin de booster les domaines de l'économie, du développement social, et du progrès scientifique et technologique. La Chine s'affirme donc un peu plus dans sa volonté de se positionner en tant que leader mondial en utilisant l'IA comme un outil de progrès technologique et sécuritaire.
De plus, le gouvernement chinois a proposé aux Nations Unies l'utilisation des armes basées sur l'IA en avril dernier. En effet pour ce dernier « en tant que produit de l'émergence des hautes technologies, le développement et l'usage d'armes autonomes réduirait l'effort et le coût de la guerre pour les pays utilisateurs. Ce qui rendrait plus facile et plus rapide le déclenchement des guerres ». Pour Beijing les préjugés ne devraient pas venir « entraver le développement de la technologie de l'IA ». Cependant beaucoup ne sont pas d'accord avec cette utilisation de l'IA que la Chine projette de faire et surtout avec des enfants. A ce propos, Eleonore Pauwels de l'Université des Nations unies et Stuart Russel, le directeur du Centre pour les Systèmes Intelligents à l'Université de Californie (Bekerley) se sont tous deux prononcés en défaveur de ce programme.
Pour Pauwels, la dangerosité de ce programme vient du fait qu'il soit « le premier programme universitaire dans le monde conçu pour encourager stratégiquement et avec agressivité la prochaine génération à penser, concevoir et déployer l'IA pour des recherches et des usages militaires ». Ce qui rend selon cette dernière « le concept à la fois puissant et troublant ». Il ne s'agit pas de diaboliser la Chine pour le fait qu'elle fasse des recherches militaires en matière de l'IA. Les États-Unis conduisent aussi des programmes de recherches militaires sur l'IA (Defence Advanced Research Projects Agency). Cependant, à la différence de la Chine, ce genre de programme reste secret et concerne des scientifiques aguerris et avertis.
Pour cette dernière ce programme pourrait avoir des conséquences désastreuses en ce sens qu'elle amènerait la nouvelle génération à voir l'IA uniquement comme un moyen de créer des armes puissantes et sophistiquées capable d'attaquer avec « une précision chirurgical, des populations spécifiques ». Nous avons donc à craindre des robots capables d'empoisonner de la nourriture, des cyberattaques très perfectionnés et autonomes, et même une utilisation de ces armes pour surveiller et blesser des civils. Russel est encore plus vindicatif que Pauwels, car, pour lui, ce programme est « une très mauvaise idée ». Selon lui, « les machines ne devraient jamais être autoriséés à tuer des humains. Ces genres d'armes deviennent rapidement des armes de destructions massives. De plus, elles augmentent l'amour de la guerre ».
Il espère que ces étudiants visionneront le film Slaugterbots qui leur servira de mise en garde contre les dérives de l'usage des armes autonomes dans les guerres. Les internautes n'ont pas manqué de donner leur point de vue. Deux grandes tendances se sont dégagées. Pour les uns, le reste du monde et principalement les États-Unis tentent de diaboliser la Chine qui ne fait rien que ces pays n'aient jamais fait. Pour les autres, ce programme incarne la volonté de la Chine de se lancer dans une guerre et pour ces derniers, utiliser l'IA n'évitera pas à la Chine les pertes qu'elle désire éviter en se lançant dans le développement d'une telle technologie. La Chine a quand même fait remarquer qu'elle était parfaitement au courant des problèmes éventuels que pourrait susciter l'utilisation d'un système autonome d'armes et pour cela, elle encourage la recherche de mesures préventives de la part de la communauté international.
Source : South China Morning Post
Et vous ?
Que pensez-vous de ce programme ?
Voir aussi
Hawking, Musk, Wozniak et plusieurs scientifiques appellent à l'interdiction des armes autonomes en soutenant une lettre ouverte, qu'en pensez-vous ?
Des représentants de 150 entreprises de la tech plaident contre les robots tueurs autonomes lors d'une conférence internationale sur l'IA
USA : le sous-secrétaire à la défense soulève l'importance d'associer l'intelligence artificielle à l'armée évoquant une future course aux armes
L'intelligence artificielle est-elle l'arme de la prochaine guerre froide ? Oui répond un chercheur en informatique
Elon Musk appelle les Nations Unies à bannir les robots tueurs dans une lettre ouverte signée par 116 spécialistes de l'IA et la robotique
Chine : les enfants les plus brillants du pays sont sélectionnés pour être formés pour le développement d'armes létales
Basées sur l'IA
Chine : les enfants les plus brillants du pays sont sélectionnés pour être formés pour le développement d'armes létales
Basées sur l'IA
Le , par Bill Fassinou
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !