
C’est sans surprise que l’Allemagne a annoncé le mercredi dernier la création d’une agence gouvernementale qui devra financer les recherches sur la cybersécurité, selon Reuters. Par ce projet conjoint des ministères de l'Intérieur et de la Défense, le pays recherche également son indépendance vis-à-vis des technologies numériques des Etats-Unis, de la chine et d’autres pays fournisseurs de technologies.
German Interior Minister Horst Seehofer talks to journalists
En effet, au fur et à mesure que les technologies explosent avec la forte pénétration de l’Internet dans les systèmes des gouvernements et des organisations, des personnes ou groupes de personnes malintentionnées adaptent leur armes d’attaque pour déstabiliser le bon fonctionnement de ces gouvernements et organisations. L'Allemagne, comme beaucoup d'autres pays, n’est pas épargnée et est confrontée à un flot quotidien d’actes de cybercriminalité sur ses systèmes informatiques gouvernementaux et industriels.
C’est ainsi que, le ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, a déclaré à la presse les ambitions du gouvernement allemand de se doter de nouveaux outils pour devenir un acteur majeur de la cybersécurité et renforcer la sécurité et l'indépendance de son pays et de l’Europe.
Lors d'une conférence de presse avec la ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, M. Seehofer a déclaré que « Notre objectif commun est que l'Allemagne joue un rôle de premier plan dans la cybersécurité au niveau international ». « Nous devons reconnaître que nous sommes à la traîne, et quand on est à la traîne, il faut des approches complètement nouvelles. », a-t-il ajouté.
Cependant, ces ambitions ne sont pas partagées par le parti vert de l'opposition. Et les Verts n’ont pas tardé à le faire savoir en critiquant le projet. « Cette agence n'augmenterait pas notre sécurité informatique, mais la mettrait davantage en danger », a déclaré le législateur des Verts, Konstantin von Notz. Selon m. Konstantin von Notz, développer les capacités offensives compromettrait les efforts diplomatiques du pays visant à limiter l'utilisation des cyberarmes à l'international. « En tant qu’État de droit, nous ne pouvons que perdre une course aux armements avec des États comme la Chine, la Corée du Nord ou la Russie », a-t-il ajouté, appelant à « limiter les ressources ».
S’inquiétant de leur dépendance des technologies américaines, l’Allemagne et d’autres pays de l’Europe veulent conduire, par eux-mêmes, dorénavant, leur développement technologique. En effet, une grande partie du secteur public et même de l’armée de certains pays européens dépend des solutions technologiques des entreprises américaines.
La décision de l’Allemagne est aussi motivée par des révélations du vaste réseau d'espionnage par l’américain Edouard Snowden en 2012 et par le US Patriot Act, qui a accordé au gouvernement américain de larges pouvoirs lui permettant de disposer des données des entreprises.
« En tant que gouvernement fédéral, nous ne pouvons pas rester les bras croisés lorsque des gouvernements utilisent des technologies sensibles à haute sécurité. Nous devons sécuriser et développer de telles technologies clés de notre infrastructure numérique », a déclaré M. Seehofer.
Source : Reuters
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