Depuis quelques années, une nouvelle tendance est apparue sur Internet : les bots informatiques. Ils sont de plus en plus exploités sur Internet. Sur les réseaux sociaux par exemple, Facebook a mis un magasin de bots à la disposition des utilisateurs pour que ceux-ci puissent s’en servir. L’évolution de la technologie faisant son petit effet, les bots sont devenus plus rapides et plus efficaces, et sont parfois difficiles à distinguer des humains. C'est ainsi que lors des dernières élections présidentielles aux USA et en France par exemple, les bots ont été utilisés sur les réseaux sociaux pour diffuser les fake news, dans le but d'influencer les opinions politiques.
C’est donc en réponse à ce problème que le sénateur américain Robert Hertzberg a émis une proposition de loi qui imposera aux bots de révéler aux personnes avec qui ils interagissent qu’ils ne sont pas des humains. Précisons que seuls les bots destinés à vendre des biens et des services ou à influencer les votes lors d’une élection sont concernés par la proposition de loi. Le texte de loi a été rédigé par Common Sense Media, un organisme à but non lucratif qui donne son avis sur l'âge minimal pour regarder des films et des émissions de télévision, en collaboration avec le Center for Humane Technology, un groupe d'anciens employés de grosses firmes technologiques.
Le fait que les bots soient si simples à créer et que les entreprises n’aient aucune obligation légale de s’en débarrasser justifie le fait qu’ils soient encore autant utilisés. Une loi sanctionnant leur utilisation pourrait s’avérer utile, mais les experts n’ont aucune idée des effets que celle proposée par le sénateur Hertzberg pourrait avoir.
Oren Etzioni, directeur général de l'Institut Allen pour l'intelligence artificielle, a fait remarquer qu’il approuvait entièrement l’esprit de la loi, mais que le texte en lui-même était très perfectible. « C'est une législation révolutionnaire », a-t-il déclaré. « Nous sommes sur une trajectoire où la réalité, le tissu même de l'information que nous voyons, peut être modifiée de façon inédite. Quand cela est fait, comme le dit la loi, avec l'intention de tromper, c'est un énorme problème », a-t-il poursuivi. Ajoutant cependant qu’on ne devait ni « faire deux poids, deux mesures » ni « mettre de mauvaises lois aux conséquences inconnues dans les livres », le directeur de l’institut Allen a mis en lumière le fait que le texte de la loi était problématique.
Madeline Lamo, une ex-laborantine du Tech Policy Lab de l’université de Washington, a déclaré que le libellé du projet de loi sur les bots « influençant un vote lors d'une élection » se heurtait au même problème qui a empoisonné les règlements sur le financement des campagnes et les lois sur les discours liés aux élections. « Dans la mesure où les bots ont eu une emprise sur les opinions politiques, ils ont agi à grande échelle, avec des milliers de comptes automatisés travaillant pour diffuser une gamme diversifiée de messages ». Il est difficile d'imaginer, a-t-elle dit, que l’obligation d’identification de quelques comptes dans un seul Etat aurait un effet remarquable sur les bots à l’échelle mondiale.
Interrogés sur la question, ni le sénateur Hertzberg ni le directeur général de Common Sense Media n’ont semblé trop préoccupés par les critiques que leur proposition de loi essuyait. Mais il faut préciser qu’après qu’ils aient été interviewés et que les comités de l’assemblée aient examiné le projet, le contenu de celui-ci a considérablement changé. La définition de « bot » s’est faite plus précise passant de « compte en ligne » à « compte en ligne automatisé sur une plateforme en ligne ». Cette loi est encore un autre symbole de la difficulté que cela représente pour les législateurs d’élaborer des lois répondant efficacement aux problèmes auxquels les utilisateurs sont confrontés sur Internet.
Source : Brisbane Times, California legislative information
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Quel effet une telle loi pourrait-elle avoir sur l'utilisation des bots ?
Cela va-t-il contribuer à lutter efficacement contre les fake news ?
Voir aussi
Fortinet publie un rapport sur l'écosystème des menaces informatiques au T1, les cybercriminels préfèrent le cryptojacking aux ransomwares
Microsoft annonce avoir fait l'acquisition du spécialiste de bots informatiques Wand Labs pour accélérer sa stratégie Conversation as a Platform
Des experts en sécurité mettent fin à Grum le troisième botnet de spam mondial
Microsoft met à jour la plateforme de chatbots de Skype et ajoute le support du chat en groupe et les cartes visuelles
Le Parlement européen adopte le rapport sur la robotique en écartant les questions d'impôt sur le travail des robots et de revenu universel de base
Californie : un sénateur propose une loi imposant aux bots de révéler qu'ils ne sont pas des humains
Mais elle suscite la controverse
Californie : un sénateur propose une loi imposant aux bots de révéler qu'ils ne sont pas des humains
Mais elle suscite la controverse
Le , par Bill Fassinou
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !