Un des prototypes de voiture autonome d’Uber a été impliqué dans une collision mortelle avec une piétonne en mars dernier à Tempe en Arizona, lors d'un essai sur les routes. Les capteurs de la voiture ont bien détecté la piétonne, mais le véhicule ne l’a pas évitée. Le logiciel d’Uber n’a pas réagi à temps et a percuté la femme qui est décédée des suites de ses blessures.
La cause probable identifiée par la société était la conséquence d’un mauvais réglage du logiciel de conduite autonome. Selon sa configuration, le logiciel d’Uber comme d'autres systèmes de véhicules autonomes peut ignorer les « faux positifs » ou des objets qui ne seraient pas des obstacles pour le véhicule comme un sachet plastique volant.
Cependant, selon The Information, certains dirigeants et membres de l’équipe véhicule autonome d’Uber ont reconnu que le problème provient de la course effrénée au développement d’un taxi autonome, négligeant la simulation par ordinateur au profit des tests pratiques sur des routes privées. Cette raison n’est pas établie de façon précise, selon les sources d’information, mais cet accident pourrait être évité avec un logiciel bien amélioré si les simulations avaient été correctement menées, ont dit les informateurs.
Depuis l’accident mortel, Uber a arrêté les essais sur les routes pour focaliser son équipe sur la simulation par ordinateur. La société a, par ailleurs, considérablement augmenté ses dépenses en technologie de simulation ces derniers mois, selon The Information.
Les simulations informatiques de véhicule autopiloté avant les tests réels de validation
La sécurité routière s’est accrue grâce à la simulation numérique. Le prix d’un crash test en conditions réelles étant extrêmement coûteux, il est possible aujourd’hui de simuler de nombreuses situations de collision avant d’aller réaliser le vrai test de validation.
Les simulations par ordinateur des scénarios de conduite sont conçues pour détecter les problèmes avant que les prototypes de véhicules autonomes soient mis dans des situations réelles et pour évaluer ensuite comment les voitures autonomes ont géré des situations risquées sur la route, afin que des améliorations puissent être apportées.
Des logiciels de jeu vidéo 3D sont utilisés pour alimenter certains simulateurs, l’objectif étant de tester dans un environnement virtuel des manœuvres particulières, dans des millions de variations différentes, beaucoup plus qu'une voiture peut tester dans le monde réel. Les ingénieurs ont besoin pour cela de rassembler des données très détaillées sur les routes et les panneaux de signalisation, ainsi que les comportements des autres véhicules sur les routes capturés à partir des capteurs d'un prototype de voiture autonome afin d’améliorer le logiciel de conduite.
Les difficultés rencontrées avec la simulation informatique chez Uber
Problèmes de financement
La faiblesse du programme de simulation est en partie le fait d’un manque d’investissement, selon The Information. C’était tout le contraire chez d’autres grandes entreprises de développement de véhicule autonome tel que Waymo, où les tests de simulation étaient une priorité absolue. Jusqu’en fin 2017-début 2018, les ingénieurs étaient sous-payés, selon The Information. Ce qui n’encourageait pas de nouveaux talents à intégrer l’équipe ni les anciens à rester. Le logiciel actuel a été développé en 2018 après que l’équipe se soit battue pour obtenir une amélioration des rémunérations.
Problèmes de personnes
Les défaillances dans les simulations d’Uber sont, également, en partie dues aux problèmes de personnes au sein de l’équipe. En effet, en mi-2016, l’équipe, renforcée par de nouveaux ingénieurs, était dirigée par Anthony Levandowski, qui travaillait auparavant dans l'équipe des voitures autonomes de Google. Bien que M. Levandowski ait poussé Uber à investir dans la simulation, elle n’est pas devenue une partie importante du processus de développement de logiciel chez Uber en partie à cause des incompréhensions entre le nouveau dirigeant de l’équipe et les anciens. Aussi, une poursuite engagée contre M. Levandowski par Google pour vol de secrets commerciaux a conduit à son renvoi en mi-2017.
Problèmes de compatibilité entre logiciel d’autopilotage et logiciel de simulation
L’incompatibilité entre le code développé par l’équipe de base de la conduite autonome et celui qui alimentait le programme de simulation rendait difficile l’exécution des simulations par les ingénieurs. Par manque de temps, l’équipe de développement du logiciel de conduite autonome ne pouvait pas répondre aux requêtes d’adaptation du logiciel de base formulées par l’unité de simulation. À cause de cette incompatibilité, l’unité de simulation ne pouvait pas contribuer significativement à la préparation des ambitions d’Uber de se lancer dans le développement d’un véhicule commercial autopiloté, selon The Information.
Course au lancement de taxi sans chauffeur
La course au développement du véhicule commercial sans conducteur impliquait plus de charges pour l’équipe de simulation qui travaillait déjà avec un logiciel à capacité réduite. Mais au lieu d’aider son unité de simulation à améliorer les possibilités de son logiciel pour des tests informatisés plus avancés, Uber a préféré se concentrer sur des tests pratiques, espérant accélérer l’apprentissage de son véhicule autonome pour rattraper son retard sur Waymo, qui a déjà des robots taxis en circulation.
Cependant, un ancien cadre de conduite autonome d'Uber pouvait dire : « Vous ne pouvez pas simuler les données du monde réel ». « Mais en créant des environnements virtuels avec relativement peu d'obstacles, les simulateurs peuvent identifier les problèmes de base, à la fois avant et après que les voitures commencent à être testées dans les rues publiques ». C’est le simulateur qui permet de tester les changements apportés par une amélioration du logiciel de conduite en l’exécutant en milieu virtuel tout en évitant les crashs réels. Des millions de kilomètres de tests physiques ne suffisent pas à avoir une meilleure voiture autonome, mais une simulation approfondie est aussi nécessaire, a rapporté The Information.
Source : The Information
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Le , par Stan Adkens
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