En mars, des rapports ont révélé la participation de Google dans un contrat de plusieurs milliards de dollars avec le Pentagone, des révélations qui ont suscité la colère de plusieurs milliers d’employés du géant de la recherche. Et pour cause, il a été révélé que Google aide le Pentagone à développer une IA pour analyser les vidéos par drone. Aussitôt, des organisations comme l’EFF et l’ICRAC ont mis en garde contre une éventuelle utilisation de l’IA pour développer des armes et pour la guerre.
L’implication de Google dans ce projet soulève certainement plusieurs questions d’ordre éthique, c’est pour cette raison que la firme a décidé de publier ce jeudi un guide regroupant les principes auxquels la société adhère pour le développement de l’intelligence artificielle. Parmi les limites que s’est fixées Google, il s’engage à ne pas utiliser son IA pour développer des armes, la surveillance illégale ou des technologies causant un préjudice global. Les nouvelles limites que s’est fixé pourrait aider l’entreprise à calmer l’euphorie de certains de ces employés.
Si Google s’engage à ne pas développer d’armes, il informe néanmoins qu’il va continuer à solliciter des contrats pour travailler avec le gouvernement sur des domaines tels que la cybersécurité, le recrutement militaire et la recherche et sauvetage, a dit Sundar Pichai, PDG de Google.
« Au sein de Google, nous utilisons l’IA pour rendre les produits plus pratiques, de l’email sans spam et plus facile à composer, à l'assistant personnel auquel vous pouvez parler naturellement, aux photos qui mettent en avant ce qui est amusant pour vous divertir, » a écrit Sundar Pichai. « Nous reconnaissons qu’une telle technologie aussi puissante soulève des questions aussi importantes sur son usage. La manière dont l'IA est développée et utilisée aura un impact significatif sur la société pendant de nombreuses années. En tant que leader dans l'IA, nous nous sentons une responsabilité particulière de faire les choses correctement. »
Le projet Maven sur lequel travaille Google vise à améliorer les opérations des drones en utilisant des technologies de reconnaissance d'images. Malgré la pétition des employés de Google et la démission d’au moins une douzaine de Googlers, la firme compte honorer le contrat jusqu’à son expiration en 2019. Selon certains rapports, Google viserait un autre contrat de 10 milliards de dollars avec le Pentagon, un projet auquel prétend aussi IBM, Microsoft et Amazon.
Avec le développement rapide de l’IA, ses applications ont été transférées des laboratoires de recherche aux applications directes dans plusieurs industries comme la défense et la santé. Et les géants de la Silicon Valley comme Google et ses grands rivaux sont devenus de véritables pionniers de la technologie, dotés d’outils capables d’analyser de larges quantités de données, faire des prédictions et identifier des anomalies de façon plus rapide que des humains.
Mais la décision de Google de se fixer des limites vient après des années de mises en garde contre le développement rapide de systèmes automatisés et le développement rapide de l’IA en général. Ainsi, une coalition de défenseurs des droits de l’Homme et d’entreprises technologiques a appelé à la mise sur pied de systèmes d’apprentissage machine respectueux des valeurs de la Déclaration des droits de l’homme.
À vrai dire, les craintes les plus farfelues sont en train de devenir une réalité, le potentiel des systèmes d’IA de mener des attaques par drone sans supervision ou identifier des dissidents grâce à la collecte en masse de données en ligne sont désormais possibles, autant d’exemples qui agacent les éthiciens et académiques. C’est pourquoi lors des dernières années, les critiques se sont multipliées au regard du développement de l’IA et de plus en plus de firmes de la Silicon Valley allouent plus de ressources pour la recherche et le développement d’une IA sans risque, à l’image d’Open IA et d’autres groupes de recherche partout dans le monde.
Google s’est fixé donc des limites éthiques aujourd’hui, mais il faut rappeler, cette promesse n’aurait pas pu avoir lieu si le grand public n’a pas été exposé au scandale du projet Maven, qui est devenu au final une véritable crise de relations publiques pour le géant de la recherche. Car, il faut le dire, lorsque Google s’est engagé dans le projet, la question d’éthique n’a pas été soulevée ni même considérée comme le révèlent les premiers échanges entre les directeurs de la firme, qui se sont concentrés surtout sur la rentabilité du projet et la crainte d’un contrecoup médiatique. Une fois que l’affaire a été révélée, Google a vite entrepris d’organiser des réunions et a prétendu que ce projet n’a pas une grande importance et que l’IA ne sera pas utilisée pour tuer des gens. Bien que la firme n’a pas forcément menti, les mêmes échanges par email entre les exécutifs de la société montrent que ce projet était destiné à évoluer plus tard pour rapporter 250 millions de dollars par an, une somme non négligeable !
Un responsable de Google a informé Reuters que la firme n’aurait pas participé au projet si ces principes étaient déjà en place. Le travail de Google dans le cadre du contrat se rapproche à l’armement, bien qu’il n’est pas destiné à tuer des gens.
Le responsable a décrit les principes comme un modèle auxquels peut adhérer tout développeur. Toutefois, Microsoft et d’autres firmes ont déjà mis en place leurs propres principes pour le développement de l’IA, mais l’attention particulière portée par la communauté aux efforts de Google est liée à la révélation du scandale et la protestation interne des employés contre le contrat de drones.
Source : Reuters
Et vous ?
Pensez-vous que Google a ignoré volontairement la question d'éthique lorsqu'il s'est engagé avec le Pentagone dans le projet Maven ?
Pensez-vous que la firme a déraillé de son slogan informel "Don't be evil" ?
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Google promet de ne pas utiliser l'IA pour le développement d'armes
Mais informe qu'il va continuer à coopérer avec les militaires
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Le , par Coriolan
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