En attendant la réponse, une start-up du nom de Nectome, fondée par Michael McCanna et Robert McIntyre, deux anciens étudiants du MIT, a mis au point un procédé à mi-chemin entre la cryogénisation et l’embaumement pour conserver le cerveau de ses clients dans d’assez bonnes conditions afin qu'une sauvegarde ultérieure soit possible.
Cependant, cette technique implique de mourir dans un premier temps. Pour une conservation optimale, le cerveau doit être embaumé chimiquement juste après le décès du patient. Autrement, les neurones et les synapses peuvent vite se détériorer, rendant une future « résurrection » impossible. Nectome propose donc d’euthanasier le patient dans un premier temps, pour mieux le faire revivre ensuite.
« Donc voilà. Nectome est une entreprise de “préservation puis téléchargement de votre cerveau”. Sa solution chimique peut garder un corps intact pendant des centaines d'années, peut-être des milliers, comme une statue de verre congelé. L'idée est qu'un jour, dans le futur, les scientifiques vont analyser votre cerveau puis le transformer en une simulation informatique. De cette façon, quelqu'un comme vous, mais pas exactement vous, sentira de nouveau les fleurs dans un serveur de données quelque part », pouvons-nous lire sur l’article paru dans le MIT Technology Review.
« Les neurosciences n’ont pas suffisamment progressé pour savoir si une méthode de préservation du cerveau est suffisamment puissante pour préserver toutes les biomolécules liées à la mémoire et à l’esprit.
« On ne sait pas non plus s’il est réellement possible de recréer la conscience d’une personne.
« Étant donné que nous ne connaissons pas l’ensemble des molécules nécessaires à une telle opération, nous ne pouvons pas dire si une technique de préservation du cerveau est suffisante pour préserver tous les détails biomoléculaires requis pour préserver les souvenirs et autres informations liées à l’esprit ».
En effet, comme rappelle l'article du MIT Technology Review, il n’existe encore aucune preuve que la mémoire subsiste dans les tissus après la mort.
Selon Ken Hayworth, un neuroscientifique qui est président de la Brain Preservation Foundation, une carte de connectome, l’ensemble des connexions neuronales, pourrait être la base permettant de reproduire la conscience d’une personne.
Il faut noter que les chercheurs ne s’attendent pas à ce que le tissu préservé puisse être réellement ramené à la vie. Au lieu de cela, l'idée est de récupérer des informations qui sont présentes dans la disposition anatomique du cerveau et les détails moléculaires. « Un cerveau mort est comme un ordinateur éteint ; cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’information à tirer », a expliqué Hayworth.
À ce jour, l’entreprise est déjà capable de sauvegarder le connectome d’animaux. Galvanisés par ce succès, les chercheurs ont décidé de passer à l’étape supérieure. En février, Nectome a obtenu le cadavre d'une femme âgée et a pu commencer à préserver son cerveau seulement 2,5 heures après sa mort. C'était la première démonstration de leur technique, appelée cryoconservation stabilisée par l'aldéhyde, sur un cerveau humain.
La procédure de conservation, qui prend environ six heures, a été effectuée dans une morgue. « Vous pouvez voir ce que nous faisons comme une forme d'embaumement de fantaisie qui préserve non seulement les détails extérieurs, mais également les détails intérieurs », a commenté McIntyre. Selon lui, le cerveau de cette femme est « l'un des mieux préservés de tous les temps ».
Pour Robert McIntyre, « la préservation du cerveau a un potentiel commercial énorme, mais c’est avant tout l’aspect humain qui compte. Aujourd’hui, quand une génération entière meurt, nous perdons toute sa sagesse collective. On peut transmettre les savoirs, mais la sagesse est quelque chose de plus difficile à inculquer. Vos enfants doivent apprendre des mêmes erreurs [que leurs ainés] et devenir encore plus puissants. »
Qu’en est-il du financement ?
Nectome a reçu des financements conséquents pour mener à bien son projet. Grâce à l’entreprise de financement de start-up Y Combinator, l’entreprise est parvenue à bénéficier d'un financement de 120 000 dollars, en plus de la subvention fédérale de 960 000 dollars obtenue auprès de l’Institut National américain pour la santé mentale.
Le service de stockage de Nectome n'est pas encore sur le marché et ne le sera probablement pas avant plusieurs années. Cependant, Nectome a déjà des clients potentiels ; 25 personnes lui ont déjà fait une avance chacun de 10 000 dollars, remboursable si elles changeaient d’avis. L'une de ces personnes est Sam Altman, un investisseur de 32 ans qui est l'un des créateurs du programme Y Combinator. Altman a expliqué au MIT Technology Review qu'il est assez sûr que le cerveau pourra être numérisé de son vivant. « Je suppose que mon cerveau sera téléchargé sur le cloud », a-t-il déclaré.
Nectome perd le soutien du MIT
Si le MIT remet en cause le procédé, l’établissement indique également que ce domaine d’étude présente un intérêt certain. La critique porte donc davantage sur la technique mise au point par l’entreprise.
Michael Hendricks, neuroscientifique à l’Université McGill, se dit quant à lui radicalement opposé au projet de Nectome : « J'espère que les gens, dans le futur, seront consternés de voir qu'au XXIe siècle, les personnes les plus riches de toute l'histoire dépensaient leur argent pour essayer de vivre éternellement sur le dos de leurs descendants. Je veux dire, c'est une blague, non ? Ces gars ressemblent aux méchants dans les dessins animés ».
Sources : MIT Technology Review,
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Pensez-vous qu'il est possible de télécharger une conscience sur le Cloud ?
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