Il a été révélé le mois dernier que Cambridge Analytica a payé pour obtenir des données Facebook collectées par un chercheur via une application qu’il a baptisée « thisisyourdigitallife ». Contre 4 $, les internautes étaient invités à se connecter avec leurs identifiants Facebook et à répondre à une série de questions. Ils étaient plus de 270 000 à se livrer à cet exercice qui a eu un impact sur plus de 87 millions d’utilisateurs Facebook. Autant de données que Cambridge Analytica a utilisées pour faire du profilage et tenter d’influencer le courant politique aux États-Unis.
Si Facebook a été pris dans la tourmente, multipliant les mea culpa ainsi que les changements dans l’utilisation de ses outils, Cambridge Analytica n’a pas pour autant été épargné. Une série de réunions filmées en caméra cachée a été diffusée sur Channel 4 News, confirmant ainsi le rôle joué par la société dans l’élection de Donald Trump aux États-Unis.
Suite à la publication de la série de vidéos, le comité de direction de Cambridge Analytica a annoncé la suspension de son patron, qui était alors Alexander Nix, « dans l’attente d’une enquête complète et indépendante ». Par ailleurs, l’entreprise a précisé que « De l'avis de la Commission, les récents commentaires de Nix, secrètement enregistrés par Channel 4 et d'autres allégations, ne représentent pas les valeurs ou les opérations de l'entreprise et sa suspension reflète le sérieux avec lequel nous considérons cette violation. »
Mais pour certains, cette décision n’est pas suffisante. Claude Moraes, un parlementaire britannique, a déclaré sur Twitter « S’ils pensent que la ‘suspension’ d’un chef d’entreprise correspond au degré de proportionnalité attendu pour ce type de violation massive des données, ils sous-estiment les personnes et les institutions qui se battront pour les droits à la vie privée et pour Facebook afin qu’ils rendent compte de leurs actions. »
Cette fois-ci, Cambridge Analytica et sa société mère, SCL Group, ont décidé de fermer leurs portes. Une nouvelle qui a été annoncée lors d'une conférence téléphonique dirigée par Julian Wheatland, l'actuel président du groupe SCL, qui aurait été choisi pour succéder à la direction de Cambridge Analytica.
Dans un communiqué, la société a déclaré qu’elle a déposé des demandes d'ouverture de procédures d'insolvabilité au Royaume-Uni. La Société met immédiatement fin à toutes ses activités et le conseil a demandé la nomination de Crowe Clark Whitehill LLP, praticien de l'insolvabilité, à titre d'administrateur indépendant de Cambridge Analytica.
De plus, des procédures de faillite parallèles seront bientôt entamées au nom de Cambridge Analytica LLC et de certains de ses affiliés aux États-Unis au tribunal des faillites des États-Unis pour le district sud de New York.
« Au cours des derniers mois, Cambridge Analytica a fait l'objet de nombreuses accusations infondées et, malgré les efforts de la Société pour corriger le dossier, a été vilipendée pour des activités non seulement légales, mais largement acceptées comme une composante standard de la publicité en ligne dans les domaines politique et commercial » , a regretté l’entreprise.
À la lumière de ces accusations, le conseiller de la Reine, Julian Malins, a été chargé de mener une enquête indépendante sur les allégations concernant les activités politiques de la société. Son rapport, que la Société a affiché sur son site Web hier, a conclu que les allégations n'étaient pas « corroborées par les faits ». En ce qui concerne les conclusions énoncées dans son rapport, Malins a déclaré:
« J'ai eu un accès total à tous les membres du personnel et des documents dans la préparation de mon rapport. Mes conclusions reflètent entièrement la stupéfaction du personnel, lorsqu’il regardait les programmes télévisés et lisait les reportages sensationnalistes, qui n’y reconnaissaient pas l’entreprise pour laquelle ils travaillaient. Rien de ce qu'ils ont entendu ou lu n'a résonné avec ce qu'ils ont vraiment fait pour gagner leur vie ».
Malgré le fait que Cambridge Analytica a soutenu que ses employés ont agi de façon éthique et légale, opinion que soutient désormais Malins, la couverture médiatique a chassé la quasi-totalité des clients ainsi que des fournisseurs de la Société. Par conséquent, il a été déterminé qu'il n'était plus viable de continuer à exploiter l'entreprise, ce qui ne laissait aucune autre option réaliste à Cambridge Analytica.
Source : communiqué de Cambridge Analytica
Voir aussi :
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La couverture médiatique a chassé presque toute sa clientèle
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Le , par Stéphane le calme
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