En attendant de passer à la barre, Mark Zuckerberg a fait parvenir une copie du témoignage qu’il fera lors de son audition ce 11 avril 2018 devant la Chambre des représentants des États-Unis.
En guise d’introduction, le PDG de Facebook a commencé par rappeler ce que son entreprise a apporté dans le quotidien de nombreuses personnes :
« Facebook est une entreprise idéaliste et optimiste. Durant la plupart de notre existence, nous nous sommes concentrés sur tout le bien que connecter les gens peut apporter. Tandis que Facebook grandissait, les gens de par le monde ont obtenu un nouvel outil puissant pour rester en contact avec ceux qu'ils aiment, faire entendre leur voix, mais aussi construire des communautés et des entreprises. Tout récemment, nous avons vu le mouvement #metoo et le March for Our Lives, organisé, au moins en partie, sur Facebook. Après l'ouragan Harvey, les gens ont recueilli plus de 20 millions de dollars pour les secours. Et plus de 70 millions de petites entreprises utilisent maintenant Facebook pour grandir et créer des emplois. »
Un passage sans doute crucial pour Facebook avant de présenter le problème qui emmène son PDG à la barre. Ce dernier a opté pour citer tous les problèmes qui ont mis le réseau social au centre de la polémique ces dernières années, reconnaissant que Facebook aurait pu faire mieux, mais a manqué de le faire :
« Mais il est clair maintenant que nous n'avons pas fait assez pour empêcher que ces outils soient utilisés pour faire du tort également. Cela vaut aussi bien pour les fake news, l'ingérence étrangère dans les élections, que pour les discours incitant à la haine, sans oublier la confidentialité des données. Nous n'avons pas pris une vision suffisamment large de notre responsabilité et cela était une grosse erreur. C'était mon erreur, et j’en suis désolé. J'ai lancé Facebook, je le dirige et je suis responsable de ce qui se passe ici. »
Dans le cœur du sujet, le PDG de Facebook s’est étendu sur Cambridge Analytica, mais également sur l’ingérence présumée russe durant les élections présidentielles américaines.
Cambridge Analytica
Zuckerberg a pris la peine d’expliquer ce qui s’est passé :
- en 2007, Facebook a lancé Facebook Platform avec la vision selon laquelle plus d'applications devraient être sociales. L’idée était que votre calendrier soit en mesure de montrer les anniversaires de vos amis, vos cartes soient en mesure de montrer où vos amis vivent et votre carnet d'adresses en mesure de montrer leurs photos. « Pour ce faire, nous avons permis aux gens de se connecter à des applications et de partager avec leurs amis des informations les concernant » ;
- en 2013, un chercheur de l'Université de Cambridge nommé Aleksandr Kogan a créé une application de quiz de personnalité. Cette dernière a été installée par environ 300 000 personnes qui ont accepté de partager une partie de leurs informations Facebook ainsi que certaines informations de leurs amis dont les paramètres de confidentialité l'ont permis. « Compte tenu de la façon dont notre plateforme fonctionnait à ce moment, cela signifiait que Kogan était en mesure d'accéder à certaines informations sur des dizaines de millions de leurs amis » ;
- en 2014, pour prévenir des abus perpétrés par certaines applications abusives, Facebook a annoncé des changements sur sa plateforme afin de limiter considérablement les informations Facebook auxquelles les applications ont accès. « Plus important encore, des applications comme celle de Kogan ne pouvaient plus demander d'informations sur les amis d'une personne à moins que ces amis aient également donné leur autorisation à l'application. Nous avons également demandé aux développeurs d'obtenir l'approbation de Facebook avant qu'ils ne puissent demander des données au-delà du profil public, de la liste d'amis et de l'adresse e-mail d'un utilisateur. Ces actions empêchent à toute application comme celle de Kogan de pouvoir accéder à autant de données Facebook aujourd'hui » ;
- en 2015, Facebook a appris par le biais de journalistes du Guardian que Kogan avait partagé des données obtenues via son application avec Cambridge Analytica. « Nos politiques interdisent aux développeurs de partager des données sans le consentement des utilisateurs. Nous avons donc immédiatement banni l'application de Kogan de notre plateforme et avons exigé que Kogan et les autres entités auxquelles il a donné les données, parmi lesquelles Cambridge Analytica, certifient formellement qu'ils avaient supprimé toutes les données incorrectement acquises – ce qu'ils ont fait par la suite » ;
- puis vient 2018. Zuckerberg explique que le mois dernier, son entreprise a appris par le biais des médias que Cambridge Analytica n'a pas supprimé les données comme elle l’avait certifié. Aussi, Facebook l’a immédiatement banni. Cambridge Analytica a accepté de se plier à un audit par une entreprise embauchée par Facebook pour enquêter sur le sujet. Par ailleurs, Facebook travaille avec le Bureau du Commissaire à l'information du Royaume-Uni, qui a compétence sur Cambridge Analytica.
Que fait Facebook à ce sujet ?
Zuckerberg a également expliqué un certain nombre de mesures prises par Facebook pour s’assurer de ne plus avoir un autre Cambridge Analytica.
- Au niveau de sa plateforme, l’entreprise a limité la quantité d’accès à laquelle peuvent avoir accès les développeurs et leur retire complètement les accès si les utilisateurs ne se sont pas servis de leur application en trois mois. Une liste plus exhaustive a déjà été communiquée et a fait l’objet d’un billet ;
- Facebook a décidé d’enquêter sur d'autres applications, en particulier sur celles qui ont eu accès à une grande quantité d'informations avant que la plateforme ne soit verrouillée en 2014. « Si nous détectons une activité suspecte, nous ferons un audit légal complet. Et si nous découvrons que quelqu'un a utilisé des données de manière inappropriée, nous allons le bannir de l’utilisation de tout service Facebook et en informer toutes les personnes concernées.
- Facebook veut développer de meilleurs contrôles. « Enfin, nous facilitons la compréhension des applications auxquels vous avez accordé un accès à vos données. Cette semaine, nous avons commencé à montrer à tous une liste des applications que vous avez utilisées et à fournir un moyen facile de révoquer leurs autorisations d’accès à vos données. Vous pouvez déjà utiliser cet outil dans vos paramètres de confidentialité, mais nous allons le mettre en haut du fil d’actualité pour être certain que tout le monde le voit ».
Conclusion
En définitive, Zuckerberg explique que « ma priorité absolue a toujours été notre mission sociale de connecter les gens, de construire la communauté et de rapprocher un peu plus le monde. Les annonceurs et les développeurs n'auront jamais la priorité tant que je dirige Facebook. »
« J'ai commencé Facebook quand j'étais à l’Université. Nous avons parcouru un long chemin depuis lors. Nous servons maintenant plus de 2 milliards de personnes à travers le monde, et chaque jour, les gens utilisent nos services pour rester connectés avec les gens qui comptent le plus pour eux », explique le PDG qui avance qu’il a foi en ce que Facebook accomplit.
Source : témoignage en PJ