Les États-Unis ont clairement appelé l’Australie à n’accorder aucune confiance à Huawei et exhorté les responsables politiques de ce pays à ne pas utiliser les équipements conçus par cette entreprise technologique chinoise pour mettre en place leur réseau 5G. Ces informations ont été rapportées par le média australien Financial Review.
Les responsables de la National Security Agency (NSA) et du Department of Homeland Security (DHS) auraient personnellement fait part de leurs préoccupations vis-à-vis d’une implication chinoise dans la conception des réseaux 5G au Premier ministre australien, Malcolm Turnbull. Elles concerneraient en particulier le choix effectué par l’Australie de permettre à la firme technologique chinoise Huawei, que les Américains soupçonnent d’être à la solde de Pékin, de participer aux travaux de construction de son réseau 5G.
En effet, Huawei a récemment conclu des accords avec les opérateurs de télécommunication locaux Optus et Vodafone, et ce malgré le scepticisme du gouvernement australien. Le chinois a été inclus dans un groupe de travail axé autour de la 5G qui a été mis en place par le ministère australien des Communications à la fin de l’année dernière. Optus a promis de créer le premier réseau 5G sur le territoire australien d’ici 2019 en utilisant des équipements fournis par Huawei.
Les risques liés aux activités de cyberespionnage menées par la Chine feraient partie du « ;Top 2 ;» des risques critiques définis dans l’agenda de cybersécurité adopté de façon conjointe par les États-Unis et l’Australie. Les actions américaines évoquées ici viseraient donc à empêcher la Chine ou les entités qui travaillent à sa solde de prendre le contrôle des réseaux 5G étrangers.
Il faut rappeler que plus tôt ce mois, plusieurs hauts responsables des agences de renseignement US (FBI, CIA et NSA notamment) ont réaffirmé leurs inquiétudes concernant la montée en puissance de la Chine dans le domaine de la 5G et le choix qui est fait par de nombreux pays à l’échelle mondiale de s’associer avec des sociétés chinoises telles que ZTE ou Huawei pour la construction de leur réseau 5G. Ils ont notamment mis en garde contre les risques de sécurité potentiels (installation de portes dérobées, espionnage, etc.) liés à l’exploitation de matériels chinois et les relations étroites que ces entreprises technologiques entretiendraient avec le gouvernement chinois.
À ce propos, le directeur du FBI, Chris Wray, a déclaré : « ;Nous sommes profondément préoccupés par les risques auxquels on s’exposerait si on permettait à toute entreprise ou entité redevable envers des gouvernements étrangers qui ne partagent pas nos valeurs d’accéder à la partie névralgique de nos réseaux de télécommunications. ;»
Ces inquiétudes ont poussé les législateurs américains et les agences de sécurité à faire pression sur les opérateurs de télécom américains afin que ces derniers rompent leurs liens avec les entreprises technologiques chinoises qui, à l’instar d’Huawei, sont impliquées dans la fourniture de matériels destinés à la conception de réseau 5G et souhaiteraient s’installer sur le marché américain. De là, à considérer que le champion mondial du libéralisme ne serait en réalité qu’un adepte inconscient du protectionnisme dans sa forme la plus décomplexée, il n’y a qu’un pas ;!
Il faut toutefois préciser que les faits rapportés par le Financial Review dépassent largement le cadre des frontières américaines, suggérant un problème d’ampleur mondiale et une volonté américaine de faire jouer coûte que coûte la carte sécuritaire pour limiter l’expansion et la prise de contrôle du marché émergent de la technologie 5G par la Chine ou des entreprises chinoises.
L’opérateur Optus a estimé que les craintes du gouvernement australien n’avaient pas lieu d’être, car la plupart de ses préoccupations seront examinées au cours de procédures spécifiques prévues à cet effet. Vodafone, pour sa part, a déclaré que des contrôles rigoureux existent pour assurer le respect strict de toutes les conditions, des exigences légales, des pratiques autorisées et autres.
Les États-Unis auraient tout intérêt à s’acharner contre la Chine et combattre la menace économique et politique croissante qu’elle représente, une menace qui se matérialise par les efforts gigantesques que ce pays d’Asie déploie afin de mettre en place un réseau 5G sur son territoire et en dehors. Cette course au réseau 5G devrait procurer un avantage technologique certain à la nation qui parviendra la première à la développer compte tenu du fait que, plus tard, c’est sur cette technologie que devrait reposer l’ensemble de l’économie mondiale de l’information ainsi que l’essor d’autres technologies émergentes.
Source : Financial Review
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Le , par Christian Olivier
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