Affaire James Damore : le Conseil américain des relations de travail donne raison à Google
Qui a renvoyé l'ancien Googler suite à un mémo
Le 2018-02-17 09:22:04, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
En août dernier, James Damore, qui travaillait alors pour le compte de Google, a été licencié. La raison ? Un mémo qui a fait l’objet de critiques au sein de l’entreprise avant de devenir une affaire publique. Dans cette argumentation de dix pages, l’ancien employé de Google s’efforçait d’expliquer les inégalités du genre au sein de la Tech par des « différences biologiques ». Il s’est érigé contre l’idée selon laquelle la différence de salaire entre hommes et femmes impliquait forcément du sexisme. En effet, de son point de vue, « les choix et les capacités des hommes et des femmes divergent, en grande partie, en raison de causes biologiques et ces différences pourraient expliquer pourquoi les femmes ne sont pas représentées de manière égale dans la Tech et [aux postes de responsabilité]. »
Si le PDG de Google, Sundar Pichai, avait défendu le droit des employés à exprimer leur point de vue, il a toutefois estimé que certaines parties de l’exposé sur les inégalités de genre dans la Tech avaient violé le code de conduite de la société et franchit les limites en perpétrant des stéréotypes offensants sur le genre sur le lieu de travail.
Bien entendu, le PDG a pris cette décision après une concertation avec d’autres cadres supérieurs de l’entreprise. « Suggérer à un groupe de nos collègues des traits qui les rendent moins adaptés biologiquement à ce travail est offensant et pas correct », avait-il noté dans un communiqué.
Une décision qui a déçu Damore. Ce dernier a expliqué que « mon document de dix pages énonçait ce que je considérais comme un argument raisonné, bien étudié et de bonne foi, mais comme je l'ai dit, le point de vue que je défendais est généralement banni chez Google en raison de la "chambre d'écho idéologique" de l'entreprise. Mon licenciement confirme exactement ce point. »
Damore a décidé d’attaquer son ancien employé et a déposé une plainte auprès du NLRB en août 2017 contre Google pour violation des droits de l’employé de s'engager dans une « activité concertée » pour résoudre les problèmes du lieu de travail, puis devant la justice le lundi 8 janvier pour intolérance envers les hommes blancs conservateurs. Rappelons que le NLRB (National Labor Relations Board) est une agence indépendante du gouvernement fédéral américain chargée de conduire les élections syndicales et d'enquêter sur les pratiques illégales dans le monde du travail.
Selon une lettre récemment divulguée par le National Labor Relations Board (NLRB) des États-Unis, Google n’a pas violé les lois du travail après avoir renvoyé Damore. La déclaration légèrement expurgée est écrite par Jayme Sophir, avocat général adjoint de la division des conseils du NLRB. Elle date de janvier, mais n’a été publiée que cette semaine, selon Law.com. Sophir conclut que, même si certaines parties du mémo de Damore étaient légalement protégées par des règlements sur le lieu de travail, « les déclarations concernant les différences biologiques entre les sexes étaient si nuisibles, discriminatoires et perturbatrices qu'elles n'étaient pas protégées ».
James Damore
Parce que les entreprises ont le devoir de se conformer aux lois sur l'égalité de travail et de promouvoir la diversité, « les employeurs doivent être autorisés à “étouffer” les comportements des employés qui pourraient mener à un “lieu de travail hostile” plutôt que d'attendre qu’un environnement hostile ait été créé dans le lieu de travail hostile avant d'agir », a estimé Sophir.
La société a « soigneusement adapté » ses messages en congédiant Damore et en s'adressant ensuite aux employés « pour affirmer leur droit de s'engager dans un discours protégé tout en interdisant la discrimination ou le harcèlement ». Sophir a également noté que Google a sanctionné l'un des collaborateurs de Damore qui lui a envoyé un courriel menaçant suite à la publication de son mémo.
Sophir a recommandé au NLRB de rejeter l'affaire.
La conclusion de l'avocat du conseil des relations du travail est « compatible avec le précédent du conseil depuis des décennies, qui considère comme non protégé le discours qui crée un environnement hostile susceptible de produire la discorde et la division », a déclaré William Gould IV, qui a dirigé le NLRB sous la présidence de Bill Clinton.
« Dans le cadre de protestation contre les conditions de travail, vous pouvez être profane, agressif et désagréable, vous pouvez même être militant et cela reste toujours protégé », a déclaré Gould. Cependant, il a précisé que « La différence ici est la caractérisation stéréotypée et poussant à la dérision d'un genre ».
Bloomberg rapporte que Damore a retiré sa plainte au NLRB en janvier, et que son avocat lui a conseillé de se concentrer sur l’autre plainte alléguant la discrimination contre les hommes blancs conservateurs chez Google.
Source : Bloomberg, NLRB
Et vous ?
Que pensez-vous de la décision du conseil ?
Si le PDG de Google, Sundar Pichai, avait défendu le droit des employés à exprimer leur point de vue, il a toutefois estimé que certaines parties de l’exposé sur les inégalités de genre dans la Tech avaient violé le code de conduite de la société et franchit les limites en perpétrant des stéréotypes offensants sur le genre sur le lieu de travail.
Bien entendu, le PDG a pris cette décision après une concertation avec d’autres cadres supérieurs de l’entreprise. « Suggérer à un groupe de nos collègues des traits qui les rendent moins adaptés biologiquement à ce travail est offensant et pas correct », avait-il noté dans un communiqué.
Une décision qui a déçu Damore. Ce dernier a expliqué que « mon document de dix pages énonçait ce que je considérais comme un argument raisonné, bien étudié et de bonne foi, mais comme je l'ai dit, le point de vue que je défendais est généralement banni chez Google en raison de la "chambre d'écho idéologique" de l'entreprise. Mon licenciement confirme exactement ce point. »
Damore a décidé d’attaquer son ancien employé et a déposé une plainte auprès du NLRB en août 2017 contre Google pour violation des droits de l’employé de s'engager dans une « activité concertée » pour résoudre les problèmes du lieu de travail, puis devant la justice le lundi 8 janvier pour intolérance envers les hommes blancs conservateurs. Rappelons que le NLRB (National Labor Relations Board) est une agence indépendante du gouvernement fédéral américain chargée de conduire les élections syndicales et d'enquêter sur les pratiques illégales dans le monde du travail.
Selon une lettre récemment divulguée par le National Labor Relations Board (NLRB) des États-Unis, Google n’a pas violé les lois du travail après avoir renvoyé Damore. La déclaration légèrement expurgée est écrite par Jayme Sophir, avocat général adjoint de la division des conseils du NLRB. Elle date de janvier, mais n’a été publiée que cette semaine, selon Law.com. Sophir conclut que, même si certaines parties du mémo de Damore étaient légalement protégées par des règlements sur le lieu de travail, « les déclarations concernant les différences biologiques entre les sexes étaient si nuisibles, discriminatoires et perturbatrices qu'elles n'étaient pas protégées ».
James Damore
Parce que les entreprises ont le devoir de se conformer aux lois sur l'égalité de travail et de promouvoir la diversité, « les employeurs doivent être autorisés à “étouffer” les comportements des employés qui pourraient mener à un “lieu de travail hostile” plutôt que d'attendre qu’un environnement hostile ait été créé dans le lieu de travail hostile avant d'agir », a estimé Sophir.
La société a « soigneusement adapté » ses messages en congédiant Damore et en s'adressant ensuite aux employés « pour affirmer leur droit de s'engager dans un discours protégé tout en interdisant la discrimination ou le harcèlement ». Sophir a également noté que Google a sanctionné l'un des collaborateurs de Damore qui lui a envoyé un courriel menaçant suite à la publication de son mémo.
Sophir a recommandé au NLRB de rejeter l'affaire.
La conclusion de l'avocat du conseil des relations du travail est « compatible avec le précédent du conseil depuis des décennies, qui considère comme non protégé le discours qui crée un environnement hostile susceptible de produire la discorde et la division », a déclaré William Gould IV, qui a dirigé le NLRB sous la présidence de Bill Clinton.
« Dans le cadre de protestation contre les conditions de travail, vous pouvez être profane, agressif et désagréable, vous pouvez même être militant et cela reste toujours protégé », a déclaré Gould. Cependant, il a précisé que « La différence ici est la caractérisation stéréotypée et poussant à la dérision d'un genre ».
Bloomberg rapporte que Damore a retiré sa plainte au NLRB en janvier, et que son avocat lui a conseillé de se concentrer sur l’autre plainte alléguant la discrimination contre les hommes blancs conservateurs chez Google.
Source : Bloomberg, NLRB
Et vous ?
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SaverokExpert éminentSi je te comprends bien, pour toi, il est impossible de débattre dans une entreprise ?
D'autant plus lorsqu'elle est américaine ?
Avant de démissionner, tu peux quand même tenter de changer les choses en interne, non ?
Y compris aux Etats Unis, il n'est pas permis de licencier sur un coup de tête, surtout lorsqu'un employé expose une opinion.
Si James Damore attaque en juste Google, c'est bien qu'il a une base légale sur lequel le faire, non ?
Note : Je trouve ta conception de l'entreprise un peu despotique.le 19/02/2018 à 12:02 -
SaverokExpert éminentEn quoi le fait de ne pas parler une langue est de la discrimination ?
Pour moi, il s'agit d'une compétence.
Si un poste exige d'être bilingue anglais/français et que le candidat n'est pas retenu car il ne parle que l'une des 2 langues exigées, ce n'est en aucun cas de la discrimination. C'est juste logique car le candidat ne convient pas au poste.
C'est un peu comme si on hurlait à la discrimination si je n'embauchais pas mon plombier dans mon équipe sous prétexte qu'il ne sait pas programmer
Autrefois, mon niveau en anglais était exécrable et cela m'a fermé des portes et c'était normal vu que les postes nécessitaient de parler anglais.
J'ai pris des cours et je me suis investi pour atteindre un niveau acceptable en anglais et j'ai pu accéder à ces postes.
Y a que moi qui trouve ça normal ?le 19/02/2018 à 15:39 -
micka132Expert confirméJ'espère que tu ne parles pas du Quebec, parcequ'au Quebec la langue officielle c'est le Francais
.
A ma connaissance seul le Nouveau-Brunswick est bilingue, et de toute facon ca concerne l'administration, tu ne peux pas forcer les gens à parler une langue qu'ils ne connaissent pas.
Essaye de trouver un travail en Alberta en ne parlant que Francais, je pense que tu relativiseras ta notion de la discrimination. le 19/02/2018 à 15:09 -
marsupialExpert éminentVu ce que tu décris de l'ambiance chez Google, cela me faisait penser au scénario du film que je n'ai pas encore vu en entier mais où un commando est chargé de ramener 100 scalps de nazis par personne.
Ici, remplacer nazis par ceux qui ne rentrent pas dans la bonne case.le 17/02/2018 à 23:27 -
Pierre GIRARDExpert éminentSans avoir en main la totalité du dossier, je ne me juge pas compétent pour en dire beaucoup et me contenter de "constater".le 17/02/2018 à 12:15
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fredinkanMembre expérimentéDésolé, mais comme dit plus haut, le niveau d'une langue (en général avec 4 niveaux : scolaire, moyen, bon, bilingue) est une compétence.
Si tu "essaie", c'est que tu as un niveau scolaire ou moyen. Pour certains postes, et quand il faut détailler des propos, faire de la communication, etc. il est souvent nécessaire d'avoir un niveau plus élevé.
Pour reprendre Saverok, mais sans aller dans l'extrême, tu vas pas prendre un junior pour une place d'architecte (quoique certaines SS2I se n'en privent pas, mais c'est un autre débat) le 20/02/2018 à 8:21 -
NeckaraInactifPour rappel (et d'après la plainte, et les éléments qui y sont contenus), le management incitait, protégeait, et récompensait, les insultes et harcèlements envers les employés qui ne rentraient pas dans la bonne case. Tout en incitant les employés à s'exprimer sans limites…
Cela va en effet assez loin, et la lecture de la plainte est très instructive.
D'ailleurs, le mémo a été envoyé à des instances managériales… mais aucune réponse n'a été reçue, comme pour d'autres demandes formulées par des employés faisant part de leurs inquiétudes vis-à-vis de certains sujets.
C'est comme si on avait une entreprise de nazi, qu'une personne écrivait un mémo pour remettre en cause leur idéologie, qu'elle se fasse virée, puis qu'on justifie son licenciement par le fait qu'elle ai "pourri l'ambiance"..
Ici le seul problème de différence, de diversité, et de tolérance, c'est bien la diversité d'opinion, et la tolérance de celle des autres. Choses qui n'intéressent que peu certains de nos voisins américains…le 17/02/2018 à 19:32 -
marsupialExpert éminentJe faisais référence au film de Tarantino pour décrire l'ambiance chez Google pour les hommes blancs conservateurs.
edit : il est clairement sexiste/discriminatoire dans son memo à la page 4, il enferme la femme dans un rôle confiné à l'esthétisme dépourvue d'idée, au social, etc alors que l'homme serait plus tourné vers le technique. Je pense qu'il s'agit de la page qui a suscité la polémique. Et page 5 il se défend de sexisme en soutenant qu'il s'agit d'une question de genre. Ensuite, il s'en prend à la direction de Google et à sa gestion des ressources humaines. Tu m'étonnes que son mémo l'ai fait virer
Anecdote : la personne qui a compris le plus vite ce que j'attendais est une femme et je dois dire qu'elle excelle dans son job de développeuse.
Ensuite pour l'anxiété et les différences de caractère, là je suis en accord avec lui. Elles réfléchissent et envisagent toute la palette possible des éventualités. L'homme passe par le même stade à l'adolescence et seulement à l'adolescence. (postulat sur un constat recoupé lors de mon adolescence).
Pour ce qui est des recommandations, je pense qu'elles partent d'un bon sentiment mais Google doit avoir des personnes plus qualifiées pour accomplir le job.
Maintenant je lui souhaite bon courage pour son procès. Il faut que je lise sa plainte aussi à l'occasion.le 17/02/2018 à 22:29 -
NeckaraInactifCe qui fait aussi peur, c'est de retrouver ce type d'idéologues complètement malade, dans les universités littéraires en France, à bourrer le crâne de leurs étudiants. Étudiants qu'on retrouve ensuite comme professeurs, RH, et autre…
Là, on est en train de pousser des formations pour la "diversité" dans tout le supérieur. Autant dire que ce n'est pas très rassurant, e.g. un intitulé d'une formation :
"DÉFAIRE LE GENRE DANS NOS PRATIQUES D’ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE"
Très sérieusement, j'en ai vu parmi des futurs chercheurs, et professeurs du supérieur, être prêt à décider arbitrairement (et illégalement) de la réussite ou de l'échec d'un élève, sur la seule base de leur bons sentiments. Qui sont ensuite choqué, et te regardent comme si tu étais un pauvre type sans cœur, quand tu leur dis que cela ne fonctionne pas ainsi !le 19/02/2018 à 7:43 -
NeckaraInactifQui a dit que nous n'en étions pas capable ?
Et quel intérêt de citer des articles scientifiques quand le document en question n'est pas lu, et que le débat se centre plus sur l'aspect "offensif" que sur l'aspect scientifique ?
Sans avoir besoin de citer d'articles, j'ai par ailleurs écrit quelques paragraphes pour préciser certains points. Si tu veux d'autres références, je peux t'en retrouver.
Je comptes ~27 sources, dont 4 de Wikipédia, et 8 articles scientifiques. Sachant que parmi les 15 autres sources, certaines incluent aussi d'autres liens.
Donc non, dire "rares sources" pour un document de 10 pages, est ici malhonnête.
Tu vas nous faire croire que tu as lu toutes les sources en détails pour en connaître les tailles d'échantillons utilisés ?
On essaye de lui faire dire ce qu'il ne dit pas, donc pour ses "affirmations les plus polémiques", il faudrait que tu nous cites une affirmation, et nous dise en quoi elle serait polémique, ainsi que la raison pour laquelle la source citée ne permet pas d'étayer l'affirmation en question.
Mais là, tu entreras dans une discussion posée, scientifique, et constructive, bien loin des hommes de pailles et accusations de sexisme.
Encore une fois, c'est Google qui incite ses employés à parler de tels sujets. C'est Google qui organise des "réunions" sur la diversité, c'est Google qui s'engage dans des pratiques illégales et discriminatoires.
Heu... non.
Virer une personne pour son orientation politique est purement et simplement une discrimination.
De plus, on parle ici d'un sujet qui impact directement les conditions de travail des employés, notamment pour les embauches et promotions.
Pour quelle faute ?le 19/02/2018 à 12:33