Dans une tribune publiée sur le quotidien Le Monde, neuf PDG d’agences de presse européennes ont appelé mercredi les poids lourds de l'Internet à être obligés de payer des droits d'auteur pour avoir utilisé des contenus d'information sur lesquels ils réalisent de gros bénéfices.
Il s’agit notamment des PDG Emmanuel Hoog de l'AFP, Peter Kropsch de l'agence allemande DPA, Clive Marshall de l’agence britannique Press Association, Jose Antonio Vera de l’agence espagnole EFE, Giuseppe Cerbone de l’agence italienne Ansa, Jonas Eriksson de l’agence suédoise TT, également président de l’Alliance européenne des agences de presse (EANA), Clemens Pig de l’agence autrichienne APA), Marcel van Lingen de l’agence néerlandaise ANP et Patrick Lacroix de l’agence belge Belga).
L'appel intervient alors que l'UE débat sur une directive visant à faire payer Facebook, Google, Twitter et d'autres acteurs importants pour les millions d'articles qu'ils utilisent ou vers lesquels ils pointent.
Pour les PDG, « La bataille qui se livre est pourtant essentielle pour tous les citoyens européens : vont-ils pouvoir continuer ou non à l’avenir de recevoir de la part des médias une information fiable et complète ? Un enjeu majeur pour la démocratie. La plupart des consommateurs ont perdu l’habitude de payer ce qu’ils considèrent comme un droit acquis. »
Et de continuer en affirmant « Qu’aujourd’hui la plupart des consommateurs, en particulier les jeunes, ont perdu l’habitude de payer ce qu’ils considèrent comme un droit acquis. Ils consultent les réseaux sociaux sur leur téléphone portable ou leur ordinateur et ont immédiatement accès aux plus grands médias, à leurs alertes concernant les derniers flashs d’actualité comme à leurs analyses et reportages d’investigation. »
Les grandes enseignes de l'Internet dégagent « D’énormes bénéfices », soulignent les agences, qui rappellent que « Facebook a triplé ses bénéfices en 2016, avec 10 milliards de dollars de profits » et « Google affiche quelque 20 milliards de dollars de résultat sur un chiffre d'affaires de 90 », grâce essentiellement à l'afflux de la publicité au détriment des médias traditionnels.
Leur attractivité est due pour beaucoup à l'information gratuite que les consommateurs ont pris l'habitude de trouver sur le net. En effet, les agences rappellent que lire des actualités est la seconde raison pour laquelle les internautes se connectent à Facebook, juste après avoir des nouvelles de sa famille et de ses amis.
« Facebook est devenu le plus grand média du monde », ont-ils déclaré. « Pourtant ni Facebook ni Google n'ont de salle de rédaction... Ils n'ont pas de journalistes en Syrie risquant leur vie, ni de bureau au Zimbabwe enquêtant sur le départ de Mugabe, ni d'éditeurs pour vérifier et revérifier les informations envoyées par les journalistes sur le terrain. »
« L'accès à l'information gratuite est censé être l'une des grandes victoires de l'Internet, mais c'est un mythe », affirment les agences.
« À la fin de la chaîne, informer le public coûte beaucoup d'argent. »
Pourtant, ce sont les poids lourds du Net qui récoltent d'énormes bénéfices « du travail des autres » en absorbant entre 60 et 70 % des revenus publicitaires, comme Google par exemple qui a connu une croissance d'un cinquième en un an sur le domaine.
Pendant ce temps, les revenus publicitaires des médias d'information ont chuté de neuf pour cent en France seulement l'année dernière, « un désastre pour l'industrie ».
« Les années ont passé (sans que rien ne soit fait) et la collecte d’actualités gratuites et fiables est maintenant menacée parce que les médias ne pourront tout simplement plus payer », ont ajouté les agences de presse.
« Des sources d'informations diverses et fiables, pilier de la démocratie, risquent d'être minées. »
Les tentatives des médias en France, en Allemagne et en Espagne pour contraindre les géants de l'Internet à payer n'ont fait que les amener à « cracher des miettes symboliques », ont-ils ajouté.
Les agences de presse ont insisté sur le fait que certains de ces déséquilibres pourraient être corrigés si l'UE leur accordait le droit d'auteur et d'autres droits « liés aux médias ». Cependant, certains membres du Parlement européen craignent que la directive proposée menace le libre accès aux actualités pour les internautes.
Il n’en sera pas ainsi, ont insisté les agences : « Les internautes ne seraient pas touchés. Simplement, ceux qui empochent désormais une part disproportionnée des recettes publicitaires devraient en partager une partie significative avec ceux qui produisent réellement l'information. »
Source : Le Monde
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UE : des agences de presse appellent Google et Facebook à payer des royalties pour des actualités
Qui leur font réaliser de gros bénéfices
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Le , par Stéphane le calme
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