L’entreprise de capital-risque londonienne Atomico aidée par son partenaire Slush, un mouvement mondial soutenant les créateurs d'entreprises, vient de publier un rapport sur l’écosystème technologique en Europe afin de montrer les tendances actuelles qui ont lieu dans les domaines technologiques pour cette région du globe.
Après avoir mené un sondage entre septembre et octobre, les entreprises ont récolté 3500 réponses de leurs partenaires incluant un groupe restreint de 50 fondateurs, entrepreneurs, investisseurs, décideurs politiques dans le monde technologique et plus de 1000 fondateurs répartis à travers le continent européen. Après analyse de ces données, Atomico rapporte que l’Europe est sur le point de terminer l’année 2017 avec des investissements technologiques record de 19 milliards de dollars contre 14,4 milliards de dollars en 2016. Il faut préciser que les données pour les dernières semaines de l’année en cours sont basées sur des projections. En termes d’investissement par habitant, l’Europe est encore loin derrière Israël et les États-Unis, mais il y a également eu une augmentation du nombre d’investisseurs asiatiques qui investissent en Europe.
Parmi les investissements en Europe, plus de 50 contrats de financement ont franchi la barre des 50 millions de dollars, dont The Netherlands Picnic, qui a obtenu 110 millions de dollars, et l’espagnol Cabify, 100 millions de dollars. Il y a maintenant 41 sociétés technologiques en Europe évaluées à plus d’un milliard de dollars, comme le concepteur d’Angry Birds Rovio (devenu public cette année) et la société de jeu slovène Outfit7, qui a été rachetée pour 1,1 milliard de dollars.
Selon le rapport, le Royaume-Uni demeure la destination qui reçoit le plus de financement par capital-risque, avec 5,4 milliards de dollars en 2017 contre 2,5 milliards de dollars pour l’Allemagne et 2,1 milliards de dollars pour la France. Par rapport à la France, ces investissements au Royaume-Uni représentent plus du double. Cependant, le nombre de contrats conclus en France cette année a excédé ceux conclus au Royaume-Uni. Pour cette année, la France a enregistré 753 contrats contre 728 pour le Royaume-Uni, montrant ainsi que la France est le pays qui attire le plus grand nombre d’investisseurs. De même, le rapport indique que les start-ups françaises ont clôturé la plupart des opérations de financement en Europe pour la première fois en cinq ans.
Le rapport souligne également que la main-d’œuvre technologique en Europe croît trois fois plus vite que la moyenne de l’UE et il y a environ 5,5 millions de développeurs professionnels en Europe contre 4,4 millions aux États-Unis. Parmi les pays d’Europe, l’Allemagne est le pays qui possède le plus de développeurs professionnels (837 398 développeurs) suivis du Royaume-Uni (813 500 développeurs) et de la France (467 454 développeurs).
Pour les talents technologiques arrivant en Europe ou se déplaçant sur le continent européen, le Royaume-Uni est la première destination pour trouver du travail, mais le pays a perdu une partie de cette part au profit de l’Allemagne et de la France au cours des 12 derniers mois. 21,5 % des migrants internationaux, travaillant dans le domaine des technologies sont allés au Royaume-Uni, suivis de l’Allemagne (13,8 %) et de la France (9,1 %). Le Royaume-Uni a enregistré une croissance globale de 3,2 % pour les emplois technologiques. Toutefois, avec les dernières informations contenues dans le rapport, l’Allemagne compterait maintenant 3 % de développeurs informatiques plus expérimentés que le Royaume-Uni, contre 5 % de moins l’année dernière.
Malgré le fait que beaucoup de travailleurs se rendent au Royaume-Uni et que certaines start-ups ont levé des sommes considérables cette année, il y a encore beaucoup de craintes sur le Brexit. Au milieu de la confusion et du tumulte entourant la sortie du Royaume-Uni de l’UE et les négociations dans les couloirs de Bruxelles, l’optimisme a pris un coup, avance le rapport.
L’enquête State of European Tech a révélé que 18 % des répondants britanniques sont moins optimistes quant à l’avenir de la technologie européenne par rapport l’an dernier. Le Royaume-Uni est le seul pays où les répondants ont trouvé qu’il est maintenant plus difficile de recueillir des fonds par rapport à l’année dernière, et cela malgré le niveau élevé de financement global vers le continent mené par l’intérêt croissant de l’Asie.
Pour Tom Wehmeier, responsable de la recherche chez Atomico, « ;il est essentiel de s’assurer que le Royaume-Uni continue à bénéficier de la mobilité des capitaux et des personnes ;», sous peine de voir les investisseurs se tourner de plus en plus vers d’autres horizons.
Parallèlement à la réticence observée au Royaume-Uni, depuis l’élection de Macron, le nouveau président français, le secteur technologique français aurait repris confiance, souligne le rapport. La France, qui accueille des start-ups d’une valeur de plus de 1 milliard de dollars comme BlaBlaCar, le groupe de covoiturage ;; Criteo, la société de publicité numérique ;; Talend, l’activité d’analyse de données, est le plus grand concurrent émergent du Royaume-Uni.
Selon Romain Lavault, associé gérant chez Partech Ventures, avant l’élection de Macron, « ;il y avait beaucoup d’autodénigrement en France, beaucoup de gens disaient que ;» c’est beaucoup mieux en Occident — surtout dans l’écosystème technologique, c’est beaucoup mieux dans la Silicon Valley, c’est mieux à Londres, et ainsi de suite. « ;Nous étions en quelque sorte en train de nous haïr nous-mêmes ;», a fait remarquer Lavault. Il ajouta qu’il pensait « ;que c’était une chose de génération, et il faudrait beaucoup de temps pour faire ce changement. Mais cela s’est passé du jour au lendemain avec l’élection de Macron. Le lendemain de son élection, personne ne s’est plaint en France, il y a eu une nouvelle vague de positivité dans le pays ;». Comme le rapport le fait remarquer, cela s’est traduit par le nombre de contrats obtenus par la France qui est maintenant supérieur à ceux du Royaume-Uni. Wehmeier est également d’accord avec ce fait et déclare que « ;La France est devenue une destination très importante pour les entrepreneurs ;».
Source : The Financial Times (disponible sur abonnement), Tech EU, Atomico, Rapport de l’étude (PDF)
Et vous ?
Que pensez-vous des conclusions de ce rapport ;?
La France serait-elle véritablement un concurrent sérieux émergent au Royaume-Uni en tant que pays fortement dominé par les technologies ;?
Selon vous, qu’est-ce qui pourrait permettre à la France de se hisser en première classe dans le domaine des technologies en Europe ;?
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Le , par Olivier Famien
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