
Le consortium emmené par Bain qui fait l’acquisition de Toshiba Memory inclut notamment le fabricant de semi-conducteurs sud-coréen SK Hynix, le groupe industriel taïwanais spécialisé dans la fabrication de produits électroniques FoxConn ainsi que plusieurs entreprises technologiques américaines à l’instar de Dell, Apple, Seagate Technology, Cisco, Amazon et Kingston Technology. Il a remporté les faveurs du gouvernement japonais aux dépens d’un autre qui était emmené par Western Digital.
À ce sujet, il peut être important de préciser que les relations entre Toshiba et son partenaire actuel s’étaient très sérieusement dégradées à cause notamment de leur incapacité à trouver un nouvel accord de coentreprise sur les semi-conducteurs après que Western Digital a décidé, en 2016, de racheter la société SanDisk, le partenaire historique de Toshiba dans ce marché depuis 17 ans.
D’après les informations rapportées par le média Reuters, le conseil d’administration de Toshiba avait donné son feu vert pour entériner la vente de cette division, mais la signature aurait été reportée simplement parce que la société Apple aurait voulu renégocier les conditions de sa participation au financement de l’opération en échange de la fourniture de puces. Une conférence de presse qui devait se tenir à Tokyo pour marquer la finalisation de cet accord a été annulée probablement à cause de certains points de divergence entre les membres du consortium retenu. Malgré cela, le responsable de Bain Capital au Japon, Yuji Sugimoto, a insisté sur le fait que ces évènements n’avaient aucune incidence sur l’opération, sans préciser l’identité des membres du consortium qui se sont opposés à la tenue de la conférence.
Pour se prémunir contre le vol de ses technologies par l’un de ses concurrents asiatiques, l’une des priorités du gouvernement japonais, la société Toshiba a promis qu’un « pare-feu restreignant l’accès de SK Hynix à des données confidentielles pendant au moins dix ans » serait mis en place. Elle a également assuré qu’elle maintiendrait une majorité des parts de la nouvelle entité sous le contrôle de la partie japonaise, comme le souhaitait le gouvernement.
Si cette cession arrivait à son terme, Toshiba ne détiendrait plus que 40,2 % des actions de la nouvelle division puces-mémoires, mais devrait être associé avec le groupe Hoya qui est spécialisé dans le matériel médical et hériterait de 9,9 % des parts de la nouvelle entité. Les membres du consortium emmené par le fonds d’investissements Bain Capital Private Equity se partageraient les 49,9 % restants, a révélé la société SK Hynix dans un communiqué.
De façon globale, SK Hynix devrait apporter environ 3 milliards d’euros dans le cadre de son financement, contre 1,06 milliard d’euros pour Seagate et 2,07 milliards d’euros pour le groupe formé par Apple, Dell et Kingston. Les établissements bancaires devraient financer cette opération à hauteur de 4,52 milliards d’euros et l’entreprise Toshiba devrait elle-même réinvestir 2,64 milliards d’euros. Le reste devrait être complété par d’autres acteurs impliqués dans cette transaction. « La majeure partie des risques qui pesaient sur Toshiba ont disparu. Le groupe va pouvoir redevenir une entreprise normale », a commenté Hideki Yasuda, analyste chez Ace Research Institute.
Les problèmes qui entourent la cession de la division puces-mémoires du numéro deux mondial des mémoires NAND sont révélateurs des enjeux qui ont trait à la maitrise et à l’exploitation des technologies liées aux mémoires NAND. En effet, ces dernières sont en rapport direct avec le domaine du stockage des données qui représente actuellement un élément indispensable à la mise en œuvre ou à l’évolution de certaines technologies d’avant-garde comme l’intelligence artificielle, la conduite autonome, l’internet des objets, la robotique, etc.
Toshiba a tout intérêt à boucler cette vente avant le 31 mars 2018. En effet, cette date correspond à l’échéance prévue avant laquelle la compagnie japonaise doit s’arranger à disposer des liquidités suffisantes qui lui permettront de prouver qu’elle est redevenue solvable. Dans le cas contraire, son action sera automatiquement supprimée de la Bourse de Tokyo.
Source : Reuters, Zone Bourse
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