
S’il était libre d’exprimer son opinion, son texte a fait l’objet de vives critiques au sein de Google et sur la toile, amenant l’équipe dirigeante de la firme à prendre des mesures et signer son licenciement. En tant que femme travaillant chez Google, la directrice générale de YouTube, Susan Wojcicki, a également décidé de réagir. Avec la médiatisation du sujet, sa fille lui a demandé s’il est vrai qu'il y a des raisons biologiques pour lesquelles il y a moins de femmes dans la technologie et aux postes de responsabilités. « Non, ce n’est pas vrai », a-t-elle répondu. Mais Wojcicki avoue que la question l'a toujours dérangée tout au long de sa carrière.

Susan Wojcicki
Écrivant dans une colonne de Fortune, la CEO de YouTube affirme que l'interrogation sur les capacités des femmes est « omniprésente » dans le monde de la technologie et que le mémo de James Damore est « un autre signal décourageant pour les jeunes femmes qui aspirent à étudier l'informatique. »
« Cette question [de savoir si les femmes sont faites pour la tech] a beaucoup pesé sur ma carrière dans [le milieu de] la technologie », explique Susan Wojcicki. « Bien que j’aie eu de la chance de travailler dans une entreprise où j'ai reçu beaucoup de soutien – des leaders comme Larry Page, Sergey Brin, Eric Schmidt et Jonathan Rosenberg, à des mentors comme Bill Campbell – mon expérience dans l'industrie de la technologie m'a montré à quel point ce problème est omniprésent », dit-elle.
Wojcicki explique qu’elle a dû faire face, à maintes reprises, à un manque de considération lié au fait que certains estimaient que les femmes ne seraient pas aussi bonnes que les hommes dans la tech. « Mes capacités et mon engagement envers mon travail ont été mis en doute. J'ai été mise à l'écart dans des événements clés de l'industrie et des rassemblements sociaux. J'ai eu des rencontres avec des leaders externes où ils s'adressaient principalement aux collègues masculins les plus juniors. On m'a souvent coupé la parole et mes idées ont été ignorées jusqu'à ce qu'elles soient reformulées par des hommes », raconte-t-elle. « Peu importe combien de fois tout cela s'est passé, ça fait encore mal », dit-elle avant d’ajouter que : « donc, lorsque j'ai vu le mémo qui a circulé la semaine dernière, j'ai ressenti une nouvelle fois cette douleur et j'ai eu de l'empathie pour le mal que cela a dû causer aux autres. »
Si certaines femmes employées chez Google ont le même sentiment que la directrice générale de YouTube, alors le géant de la recherche en ligne a des raisons de craindre leur colère. D’ailleurs, un cabinet d'avocats de San Francisco prépare un recours collectif contre Google pour discrimination salariale basée sur le genre. Le cabinet a pour cela lancé le mouvement Equal Pay for Google Women depuis la mi-juillet pour inviter les femmes employées de Google à s’unir pour intenter un procès contre l'entreprise. Déjà 70 femmes auraient contacté le cabinet qui, à l’heure actuelle, examine les éléments fournis afin de mettre en évidence une preuve des allégations selon lesquelles les femmes seraient moins payées que les hommes pour le même travail chez Google.
The Guardian confirme également que plus de 60 femmes employées et anciennes employées de Google envisagent de poursuivre le géant de la tech pour des raisons de sexisme et de discrimination salariale. James Finberg, l’un des avocats à avoir initié le mouvement a déclaré au Guardian que ces femmes prétendent avoir gagné moins que les hommes chez Google malgré des qualifications égales et des postes comparables. D'autres disent également avoir lutté de diverses manières pour faire avancer leur carrière chez Google en raison d'une « culture hostile aux femmes ».
Sources : Fortune, The Guardian
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