À la mi-mai, un nouveau ransomware baptisé WannaCry a été utilisé dans une vaste campagne de cyberattaque qui a touché plus de 300 000 personnes dans environ 150 pays. Cette attaque a rapidement mobilisé la communauté de la cybersécurité dont les analyses pointent sur Lazarus, un groupe de hackers très connu, soupçonné d’être parrainé par le gouvernement nord-coréen. WannaCry exploite une faille dans Windows ; laquelle avait été découverte, mais gardée secrète par la NSA qui l’a probablement exploitée à des fins d’espionnage. L’exploit de la NSA a été malheureusement mis en ligne en avril dernier par Shadow Brokers, un autre groupe de pirates qui a réussi à dérober l’arsenal de piratage de la NSA l’an dernier.
L’agence nationale de sécurité des États-Unis (NSA) a également mené des investigations sur la campagne WannaCry. Ses résultats ont été publiés en interne la semaine dernière, d’après le Washington Post, qui en a été informé par une source proche des services de renseignements des États-Unis. Dans ce rapport qui n’a pas encore été divulgué, les investigations de la NSA permettent de remonter au gouvernement nord-coréen, d’après la source.
En se basant sur les tactiques, les techniques et les objectifs de la campagne WannaCry, la NSA indique avec une « confiance raisonnable » qu’il s’agit de l’œuvre du groupe Lazarus suspecté d’être parrainé par l'agence d’espionnage de la Corée du Nord, le Reconnaissance General Bureau (RGB). La NSA aurait par exemple identifié des adresses IP en Chine, historiquement utilisées par Lazarus pour brouiller ses pistes.
WannaCry était apparemment une tentative d'augmenter les revenus pour le régime autoritaire nord-coréen. La Corée du Nord étant l'un des pays les plus isolés au monde, le déploiement de capacités cybernétiques lui permettrait de générer des revenus pour le régime. L'année dernière, les chercheurs en sécurité ont identifié la Corée du Nord comme étant derrière une série de cyberattaques ciblant des banques en Asie, y compris la Banque centrale du Bangladesh où ils ont réussi à voler plus de 81 millions de dollars. Dans cette dernière, le groupe Lazarus, indexé par Kaspersky, a exploité une faille dans le système de paiement de la banque. Le fait qu'un pays utilise des outils cybernétiques pour voler des banques représente « un nouveau front troublant dans la cyberguerre », regrettait le directeur adjoint de la NSA, Richard Ledgett. « C'est un gros problème », avait-il déclaré en faisant allusion à la Corée du Nord sans la citer.
Le dernier effort de générer des revenus via le ransomware WannaCry a toutefois été un échec. Bien que les pirates aient obtenu 140 000 $ en bitcoins, jusqu'à présent, ils ne l'ont pas encaissé. Ils devraient craindre de se faire prendre par les forces de l’ordre, probablement à cause d’une erreur opérationnelle qui a rendu les transactions faciles à suivre. « Aucune plateforme d’échange de devises en ligne ne touchera [cet argent] », a déclaré Jake Williams, fondateur de Rendition Infosec, une firme de cybersécurité. « C'est comme prendre sciemment des factures entachées d’un vol de banque », dit-il.
Jake Williams, qui a également analysé attentivement le code de WannaCry, dit être convaincu que le ransomware s'est évadé accidentellement dans une phase de test. Il explique cela par certaines de ses lacunes, comme l’incapacité de l’attaquant à dire qui a payé la rançon ou non. Néanmoins, dit-il, cela montre qu’une faille peut être transformée en arme avec le soutien d’un gouvernement pour déployer un ransomware. « Si la Corée du Nord s'en tire avec cela, je m'attends à ce que d'autres pays en développement suivent leur exemple. Je pense que cela changerait un peu le paysage cybernétique », a-t-il ajouté.
Source : The Washington Post
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La NSA soupçonne également la Corée du Nord d'être derrière WannaCry
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Le , par Michael Guilloux
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