Jeudi dernier, le dessinateur Joann Sfar a publié sur son compte Facebook, qui est suivi par un peu plus de 40 000 personnes, un article sur la façon dont Clémentine Autain a découvert en direct la fameuse « Alliance bolivarienne » à laquelle Jean-Luc Mélenchon propose d'adhérer dans son programme.
« Dans un premier temps on visionne cet extrait et ça fait rire. On se dit que c'est une petite gaffe de Clémentine Autain. Et puis on s'aperçoit que vraiment pour elle c'est un truc accessoire. Elle balaie ça d'un revers de main et dit "oui, je vais me pencher sur cette mesure numéro machin". De quoi on parle ? De quitter l'OTAN et de s'allier militairement et diplomatiquement à l'Iran, la Chine et le Vénézuéla. Une fois encore, si ça venait de Jean Lassalle ça me ferait marrer, car il est à 1 pour cent », a-t-il écrit en guise de préambule pour présenter l’article accompagné de la vidéo aux personnes qui le suivent.
« Je ne doute pas que ma remarque va être suivie de vingt mille posts de justifications dans lesquelles des croyants mélenchoniens vont m'expliquer que l'OTAN est une monstruosité et que la République islamique d'Iran est une chance. Si vous voulez. Mais si le parti de Mélenchon souhaite vraiment une alliance avec la Chine et l'Iran et autres, il serait bon que la porte-parole du parti sache défendre ce programme. Au moins s'ils écrivent des conneries, qu'ils les assument. Je ne mets même pas de smileys. Pour de vrai il y a quarante-huit heures j'étais encore prêt à voter Mélenchon. Pour de vrai, et j'en ai honte, je n'avais jamais lu son programme. Je m'en tenais au talent du bonhomme, et à la sympathie qu'il m'inspire. Depuis quarante-huit heures, je flippe devant les fans de Mélenchon qui m'écrivent sur tous les réseaux sociaux et qui se comportent exactement comme un mouvement religieux. Et le pire c'est qu'ils n'en ont absolument pas conscience » a-t-il continué.
Rapidement, il a été assailli par une avalanche de messages virulents de cybermilitants acquis à la cause de Jean-Luc Mélenchon, qui sont reconnaissables, entre autres, par l'utilisation du sigle "Phi" en photo de profil (comme « FI », France insoumise, NDLR), symbole du mouvement politique.
Joann Sfar a manifesté son ras-le-bol, dénonçant une campagne qui a été lancée contre lui : « voilà donc le genre d'outil qui permet à tant d'inconnus de venir "spontanément" "désintoxiquer" votre page Facebook perso. Ça me fout bien la gerbe ! », a-t-il écrit en guise de commentaire à une capture d’écran du serveur « Discord » qu’il avait publié. Sur cette plateforme, "Les Insoumis" s'organisent pour faire campagne sur les réseaux sociaux.
Sur la capture d’écran, un utilisateur de la plateforme a signalé aux autres la publication du dessinateur et les a invités à riposter avec des arguments coordonnés : « quelqu’un a une vidéo ou un texte court et efficace qui explique ce que c’est que l’ALBA ? De la désintox à faire sur ce sujet », a écrit l’utilisateur, en prenant le soin de mettre le lien vers la publication du dessinateur.
Le Huffington Post explique que ces internautes, qui sont indépendants (mais pas complètement déconnectés) de l'équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon, entendent exercer une pression militante sur les réseaux sociaux. Et d’expliquer par la suite qu’il faut comprendre qu’ils sont prêts à riposter aux critiques qui ciblent leur champion en martelant des contre-arguments. Côté effectif, plus de 3000 personnes sont inscrites sur le Discord des Insoumis.
Résultat, des centaines de commentaires publiés sous le post de Joann Sfar. « C'est très huilé, ça marche très bien, et c'est exactement l'inverse d'une discussion. J'en ai assez de revoir les mêmes éléments de langage et les mêmes leçons répétées par les uns et les autres », a regretté ce dernier.
Notons que les militants de Mélenchon ne sont pas les seuls à avoir recours à cette pratique. Il ne s’agit là que d’un exemple de campagne d’intimidation parmi tant d’autres qui sont lancées par des cybermilitants. Qu’il s’agisse de Mélenchon, Marine, ou autres, ces militants s’organisent pour démolir les articles qui s’opposent à leur candidat préféré.
Source : Huffington Post
Et vous ?
Avez-vous assisté à ce genre de déferlement organisé sur le web ou même sur les forums du club ?
Pensez-vous qu'organiser sciemment le pourrissage d'un débat sur le net soit une bonne pratique démocratique ?
Voir aussi :
Présidentielle en France : Emmanuel Macron s'attaque au chiffrement et à la propagande en ligne dans son programme de lutte contre le terrorisme message Facebook à l'origine de la polémique capture d'écran (Facebook Joann Sfar)
Des cybermilitants s'organisent pour pourrir les commentaires sur le net des articles contre leurs candidats préférés
Une pratique démocratique ?
Des cybermilitants s'organisent pour pourrir les commentaires sur le net des articles contre leurs candidats préférés
Une pratique démocratique ?
Le , par Stéphane le calme
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