Après les Pays-Bas, la France a décidé de suspendre la possibilité de voter sur Internet compte tenu « du niveau de menace extrêmement élevé de cyberattaques qui pourraient affecter le déroulement du vote électronique ». Cette annonce a été faite par le ministre des Affaires étrangères, lundi 6 mars. « En raison de ce contexte, il a été jugé préférable de ne prendre aucun risque de nature à compromettre le scrutin législatif pour les Français de l’étranger », précise le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, confirmant les annonces faites le matin même par le secrétaire d’État chargé du commerce extérieur, Matthias Fekl, devant l’Assemblée des Français de l’étranger.
« Cette décision a été prise sur la base des recommandations des experts de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes informatiques et en tenant compte du niveau de menace extrêmement élevé de cyberattaques qui pourraient affecter le déroulement du vote électronique. En raison de ce contexte, il a été jugé préférable de ne prendre aucun risque de nature à compromettre le scrutin législatif pour les Français de l'étranger » explique ainsi par voie de communiqué Matthias Feckl, Secrétaire d’État chargé des Français de l’étranger.
Le vote électronique avait été proposé à l’occasion de l’élection présidentielle de 2012 pour les Français résidant à l’étranger, le but étant de simplifier les procédures leur permettant d’accéder aux urnes. Toutefois, ce vote est réservé aux élections législatives, le vote à l’élection présidentielle ne peut se faire que dans les bureaux installés dans les locaux consulaires ou par correspondance, essentiellement pour des raisons de sécurité.
Cette décision est tombée après les annonces stipulant l’ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle américaine. En effet, des responsables là-bas ont accusé formellement la Russie d’avoir piraté les systèmes informatiques des deux partis politiques majeurs, les Républicains et les Démocrates. Toutefois, les systèmes de vote américains ne semblent pas avoir été attaqués. Malgré cela, l’ANSSI, organisme chargé de la protection informatique de l’État n’entend pas prendre de risque. « En 2012, tout s’est bien passé, mais je peux vous dire que ça a été une journée difficile pour l’ANSSI », expliquait, quant à lui, Guillaume Poupard, directeur de l’organisme chargé de la protection informatique de l’État, lors d’une audition au Sénat le 1er février. Le directeur de l’ANSSI estime que les conditions ont changé avec un niveau de menace plus élevé par rapport à la précédente élection. Pour cette raison, l’ANSSI se refuse de donner carte blanche au système de vote électronique actuellement en place, et ce malgré les améliorations apportées au système en 2012. Un avis que le ministère des Affaires étrangères a donc suivi.
M. Poupard a été toujours favorable pour le bulletin papier, présentant une meilleure garantie contre le piratage. Il n’est pas le seul, puisque la commission des lois du Sénat rappelait dans un document de synthèse publié en 2014, que la pratique est intrinsèquement risquée, tant sur le plan de l’identification de l’électeur que sur les recomptages à postériori. Mais elle s’est imposée comme une « nécessité pratique » pour les Français de l’étranger, permettant « d’assurer un égal accès des électeurs au vote », notaient les sénateurs.
Cette décision de suspendre le vote électronique n’a pas fait que des heureux, certains l’ont même qualifiée de « déni démocratique », à l’image d’Axelle Lemaire, ex-secrétaire d’État au numérique. Elle voit dans cette suspension une action qui limite de fait « le vote aux personnes qui habitent près des centres, les citadins et urbains bien informés qui ont les moyens de vivre dans les centres-villes ».
En 2017 donc, les 1,3 million de Français vivant à l’étranger et inscrits sur les listes électorales consulaires ne pourront pas voter sur Internet. Cependant, ils pourront toujours voter par correspondance, à condition de faire une demande avant le 31 mars.
Les Pays-Bas également ont suspendu le vote électronique début février pour les législatives prévues le 15 mars. Les autorités ont évoqué un risque de piratage qui pourrait être mené par la Chine, l’Iran et surtout la Russie.
Source : Le Monde
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Voir aussi :
France : l'ANSSI s'efforce de faire comprendre que les élections pourraient être perturbées par des cyberattaques, menace réelle ou pure paranoïa ?
Les craintes de cyberattaques envahissent l'Europe
La France décide de suspendre le vote électronique pour ses citoyens à l'étranger
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Le , par Coriolan
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