Cela vient dans le but de répondre à un problème bien précis. « Si de nombreux sites Web permettent déjà des commentaires, les systèmes d'annotation actuels s'appuient sur des technologies uniques, généralement propriétaires, choisies et fournies par les éditeurs. Les notes ne peuvent pas être partagées facilement sur le Web et les commentaires sur une page Web ne peuvent être enregistrés et visualisés que via un seul site Web », a expliqué le W3C.
Les trois recommandations du W3C incluent donc un modèle de données d’annotations Web, qui décrit un modèle structuré et un format pour permettre aux annotations d'être partagées et réutilisées sur différentes plateformes matérielles et logicielles. La deuxième recommandation portant sur le vocabulaire d’annotation Web spécifie, entre autres, l'ensemble des classes RDF (cadre de description de ressource), des prédicats et des entités nommées qui sont utilisés par le modèle de données d'annotation Web. La troisième recommandation est un protocole d'annotation Web qui décrit les mécanismes de transport pour la création et la gestion des annotations.
Architecture proposée pour les annotations Web
L’architecture d’annotation Web proposée par le W3C illustre le rôle des différents acteurs de l’écosystème de contenu (le créateur, l’éditeur, le lecteur), mais également la portée des annotations.
- Le créateur de contenu et l’éditeur
Le créateur de contenu est celui qui crée le travail original : texte, images et d'autres ressources. L’architecture d’annotations Web tient compte du fait que plusieurs créateurs de contenu peuvent être responsables d'un seul travail. Après la création du contenu, l'éditeur (qui peut être la même entité) va le distribuer sur le Web. Le contenu est publié sous une forme presque finale, avec une URL.
Comme le montre la figure suivante (illustrant une première partie de l’architecture), des notes de bas de page et des commentaires peuvent être ajoutés au contenu. Les deux peuvent être considérés comme une sorte d'annotation et sont implicitement publiés par le même éditeur que le contenu, au même endroit.
Les notes de bas de page peuvent être ancrées dans une section particulière du contenu et peuvent ou non avoir une provenance différente du contenu principal, telles qu'un auteur différent ou une date et une heure de publication différentes. Les commentaires, quant à eux, n'ont généralement pas d'ancrage dans une section spécifique du contenu.
- Le lecteur, la création et la publication d’annotations Web
Le lecteur joue un rôle essentiel dans l'écosystème du contenu, en interagissant avec le contenu de plusieurs façons. Le lecteur lit, analyse et réfléchit sur le contenu. Mais c'est seulement le début. Les annotations sont pour le lecteur un moyen plus puissant d’interagir avec le contenu. Ils lui permettent, entre autres, de commenter, corriger ou mettre en évidence des sélections de contenu, à savoir : un texte, une section d'une image, un emplacement sur une carte interactive, un horodatage d'une vidéo ou un audio, ou une représentation de données qui a une source de données sous-jacente.
L’architecture présentée prévoit aussi que le lecteur soit en mesure d’annoter une note de bas de page ou un commentaire de site traditionnel. D'autres lecteurs pourront également annoter des sections de contenu qui chevauchent des annotations existantes et même annoter des annotations elles-mêmes.
Lorsqu'un lecteur crée une annotation Web, il n'a pas à le publier sur le site de contenu d'origine. Il doit pouvoir publier le contenu de l’annotation sur un ou plusieurs « services d'annotation » tiers ou son périphérique local.
- Autres caractéristiques importantes de l’architecture
L'éditeur va recevoir une notification pour les annotations faites sur son site et qui sont explicitement rendues publiques. Une fois notifié d'une annotation, l'éditeur peut demander plus d'informations sur l'annotation à partir du service d'annotation via une API HTTP proposée, y compris les références de l'auteur, la réputation de l'annotation, la licence de publication et d'autres détails qui pourraient mener à une décision éclairée sur la valeur de l'annotation.
Pour le lecteur, il sera également possible de s’abonner à des flux d'annotations. Dès ce moment, les annotations seront transmises à son navigateur - affichées sur la page (comme dans une barre latérale) - lorsqu’il visite une URL pertinente. En effet, chaque annotation va inclure l'URL originale du contenu annoté, de sorte qu'un lecteur avec annotations activées puisse lire ces annotations lors de la visite de cette URL.
En plus de la provenance (l’URL d’origine), une annotation Web partagée va inclure une chaîne d'attribution qui montre tous ceux qui l'ont partagée dans une séquence (il faut noter que même le fait d’up-voter ou taguer une annotation est considéré comme un acte d'annotation et de partage). D’après le groupe de travail du W3C, c'est un moyen important pour diffuser du contenu tout en récompensant le créateur de contenu d'origine.
Le W3C a publié une infographie interactive sur l'architecture complète pour les annotations Web.
Qu’est-ce que cela signifie au juste ?
« Les widgets de commentaires peuvent bientôt devenir une chose du passé », explique Dan Whaley, le développeur d’Hypothes.is, un système libre d’annotations Web. « Les normes W3C sont un jalon important vers un avenir dans lequel toutes les pages pourraient supporter de riches couches de conversation sans nécessiter aucune action de leurs éditeurs - car cette capacité peut être intégrée dans le navigateur lui-même et être disponible comme une fonctionnalité native, tout comme la recherche sur le Web », a-t-il ajouté.
« L'avantage de ceci est que les annotations seront maintenant sous le contrôle de l'utilisateur, plutôt qu'à la seule discrétion de l'éditeur », poursuit Dan Whaley. Autrement dit, cela pourrait limiter, sinon supprimer, la capacité pour les éditeurs de modérer les commentaires des utilisateurs sur leur contenu.
Si un standard pour les annotations Web peut sembler une bonne idée, certains se montrent déjà pessimistes au vu des réalités de l’internet. Plusieurs questions se posent en effet : si l’utilisateur a le « contrôle » de ses annotations, comment les problèmes comme les propos injurieux en ligne seront-ils gérés ? On peut également s’interroger sur le système de suivi derrière le partage des annotations Web : les annotations seront-elles pistées ? Qu'en est-il de la protection de la vie privée ? Les webmasters seront-ils toujours en mesure de suivre le niveau d'activité sur leurs sites ?
Sources : Hypothes.is, W3C (GitHub), Site officiel du W3C, Infographie interactive sur l’architecture d’annotation Web
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