Uber est parmi les entreprises technologiques les plus notoires de ces dernières années. Basée dans la ville californienne de San Francisco, elle est valorisée à plus de 50 milliards de dollars et ses applications sont commercialisées dans plus de 310 villes dans le monde. Mais cette expansion rapide de l’entreprise n’a pas été sans difficulté : la plateforme de VTC organise une activité commerciale régulière de vente de service comme s’il s’agissait d’une activité occasionnelle, pour cette raison, la société fait l’objet de nombreuses polémiques, contestant ses pratiques et la libre concurrence qu’elle met en avant. L’entreprise est souvent remise en cause par les pouvoirs publics et les professionnels qui l’accusent de concurrence déloyale et de travail dissimulé. La plateforme est également pointée du doigt du fait qu’elle ne prend pas en considération la règlementation sociale, fiscale et administrative en vigueur dans les pays où elle offre ses services.
Le développement rapide d’Uber s’est heurté au blocage de son activité dans plusieurs villes ou pays du monde. En plus, les déboires de l’entreprise en matière de communication ont poussé ses clients à tourner vers la concurrence, qui devient de plus en plus contraignante pour l’entreprise californienne.
Uber est présente dans des centaines de villes partout dans le monde, mais il n’en demeure pas moins qu’elle ne sert pas les contrées isolées du globe et sa politique peut être contraignante pour de simples usagers qui cherchent un moyen pour les connecter aux chauffeurs. Roman Pushkin, un développeur russe installé en Silicon Valley a perçu cette opportunité et s’est mis à développer une plateforme Uber-like, mais open source cette fois.
Pushkin s'est rendu compte que des communautés à Austin au Texas utilisaient des groupes Facebook pour organiser leur transport. À chaque fois qu’un membre poste une demande, les chauffeurs sont notifiés dans l’application mobile de Facebook. Malheureusement, cette solution n'a pas marché dans son village en Sibérie, alors il a dû créer un groupe de chat dans l'application Telegram. Cette idée a marché au début, mais très vite, les ennuis ont commencé. Il était difficile de filtrer les notifications lorsque l'utilisateur n'était pas intéressé ou juste qu'il était localisé très loin du passager. Utiliser des groupes de chat spécifiques pour chaque région semblait une bonne idée, mais leur implémentation était contraignante. Pushkin a quitté son village sibérien après s’être rendu compte qu’Uber a été une bien meilleure solution et les gens partout dans le monde l’utilisent en raison de sa simplicité et son efficience. Il avait une seule idée en tête, comment dupliquer le concept d’Uber pour aider les gens de son village.
En tant qu’ingénieur, Pushkin a passé du temps à rassembler des informations et chercher comment développer sa solution. Ses exigences étaient de taille, il voulait que le service soit multiplateforme, supporte les régions où la couverture en réseau est faible et il fallait que l’application soit rapide et efficace même sur de vieux smartphones. En plus de ça, Pushkin savait bien qu’il fallait un énorme effort pour développer une application comme Uber rien que pour le produit minimal viable (MVP). Pushkin a quasiment pensé un moment à jeter l’éponge après avoir réalisé qu’il n’avait ni les moyens ni le temps nécessaires pour mener à bien son projet, mais il avait promis de résoudre ce problème et il ne pouvait pas faire marche arrière.
C’est exactement à ce moment qu’il a reçu une notification dans l’application Telegram, il venait juste d’être informé de la sortie d’une nouvelle version avec le support d’un API de bots. Cette nouvelle a tout changé pour le développeur, notamment lorsqu’il a découvert que l’API supporte la localisation. Cela veut dire qu’il aura la possibilité de concevoir son propre bot et faire ce qu’il veut avec les coordonnées du GPS. Pushkin pouvait coder avec n’importe quel langage de programmation et l’utiliser dans plusieurs plateformes. Telegram a des clients pour iPhone, iPad et même l’Apple Watch.
Le développeur a décidé de se lancer avec JavaScript, le langage de programmation le plus populaire au monde. Pour la base de données, il a décidé de recourir à Google Firebase pour plusieurs raisons. De un, le service est facile à utiliser et offre un quota gratuit, de plus, GeoFire library permet d’utiliser des calculs géospatiaux.
Pushkin s’est donc lancé dans le développement de son application espérant la finir en trois mois, finalement, il lui a fallu neuf mois pour implémenter toutes les fonctionnalités. Durant cette période, il a pu créer une application multiplateforme (iOS, Android, web, les OS de bureau et même l’Apple Watch). Son application inclut le recrutement instantané de chauffeurs et les connecte aux passagers. Ces derniers peuvent soit appeler soit confirmer l’ordre par chat sur Telegram. Pour les utilisateurs, l’application est gratuite et aucune commission n’est prélevée pour les chauffeurs. Les paiements se font en cash seulement et le service peut être utilisé dès l’installation. L’application elle-même est open source sous licence MIT avec le minimum de tracking, assure le développeur.
Grâce à ses spécifications et ses fonctionnalités, l’application a pu séduire des milliers d’utilisateurs. Actuellement elle est proposée en anglais et en russe, Pushkin espère traduire l’application en chinois, en espagnol et dans la langue perse pour servir une base d’utilisateurs plus large.
Pushkin sait qu’il ne peut pas rivaliser avec Uber dans les grandes villes, mais pour les régions isolées, il considère que son projet a été un vif succès. À terme, il pense que LibreTaxi (ou ses clones) sera utilisée n’importe où par des communautés locales ayant leurs propres régulations et utilisant la plateforme comme un point de départ pour implémenter d’autres fonctionnalités.
Campagne de #DeleteUber aux États-Unis
Pour la première fois, Uber a été dépassée ce weekend par son rival Lyft en termes de téléchargements sur l’App Store, la boutique d'applications d’Apple. Selon les données du spécialiste de mesure d’audience App Annie, Lyft a pu gagner 20 places entre samedi et dimanche au classement des applications gratuites les plus téléchargées sur iOS outre-Atlantique.
Lyft a profité de la campagne “Delete Uber” lancée sur les réseaux sociaux par des utilisateurs ayant accusé l’entreprise de soutenir le décret anti-réfugiés signé par Donald Trump. En effet, l’entreprise a posté un tweet ambigu contenant le message suivant : « le système d'augmentation des prix a été mis en veille à l'aéroport JFK. Cela pourra résulter en de plus longues files d'attente. S'il vous plait, soyez patients ». Cette décision est venue après que des chauffeurs de taxi sont entrés en grève et ont annoncé qu’ils ne prendront plus de passagers à l’arrivée et au départ de l’aéroport JFK en signe de protestation contre le décret.
Très vite, la société a été accusée de vouloir profiter de la grève des taxis pour mettre en avant son service. En quelques minutes, les réseaux sociaux se sont emballés lançant une campagne sous le hashtag #DeleteUber ou "supprimez Uber". L’entreprise a démenti les accusations en affirmant avoir voulu seulement informer les utilisateurs qu’ils pourront utiliser son service aux prix réguliers pour partir ou se déplacer de l’aéroport JFK.
Uber a été régulièrement accusée de faire monter les prix durant les catastrophes naturelles ou les évènements marqués par une forte demande comme la fête de la fin d’année. Le tweet voulait donc informer que l’entreprise n’allait pas monter les prix à l’occasion de la grève des chauffeurs de taxi. Plus tard, le PDG d’Uber Travis Kalanick a réagi en affirmant que l’administration de Trump a mal réagi. Il a aussi annoncé la création d’un fonds de trois millions de dollars à destination de ses chauffeurs concernés par l'interdiction de territoire. Mais il est déjà trop tard, le mal a été fait, et l’entreprise a été condamnée par des usagers furieux de la voir ne pas faire part des protestations et continuer à opérer durant la grève malgré les requêtes des chauffeurs de taxi.
Lyft qui est habituée à être classée dans le top 50 des applications gratuites occupe désormais la 4e place de l’App Store. Son nombre de téléchargements a augmenté de 78 % en une semaine sur iOS. L’entreprise a profité de la polémique pour annoncer un don d’un million de dollars en faveur de l’ACLU (Union américaine pour les libertés civiles). Cet incident nous rappelle à quel point la perception des entreprises par le grand public peut être déterminante pour leur succès ou au contraire, être catastrophique.
En France aussi, les chauffeurs de VTC se sont mobilisés durant le mois de décembre dernier pour protester contre l’augmentation des frais prélevés par Uber. En effet, la plateforme de VTC américaine a décidé d’augmenter de 20 % à 25 % la commission qu’elle prélève sur le montant de chaque course, ce qui a provoqué la colère des chauffeurs. L’entreprise qui jouit d’un quasi-monopsone est souvent pointée du doigt pour des décisions similaires et sa logique concurrentielle à sens unique. Si la firme remet en cause la rente historique des taxis, elle va encore plus loin avec sa politique des prix basée sur une flexibilité instantanée (uniquement à la hausse) en fonction de la demande grâce à son système de coefficient multiplicateur de prix.
Source : Medium - LibreTaxi - Business Insider
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Le , par Coriolan
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