France : la transition vers IPv6 est retardée par les fournisseurs d'accès internet
D'après un rapport de l'Arcep
Le 2016-12-13 12:19:57, par Michael Guilloux, Chroniqueur Actualités
Face au succès de l’internet et ses usages multiples dans l’ère des objets connectés, l’espace d’adressage du protocole IPv4 a atteint ses limites. Pour rappel, les adresses IP représentent pour les dispositifs connectés à Internet ce que représentent les numéros de téléphone pour les téléphones. Elles leur permettent de communiquer avec les sites web, les services Internet, et d’autres dispositifs. L’une des conséquences immédiates de l’épuisement du stock d’adresses IP disponibles est donc un possible dysfonctionnement de certaines catégories de services. Ce qui devrait faire pression sur les différents acteurs d’internet pour passer au protocole IPv6.
L’IPv6 permet en effet de remédier au problème d’épuisement des adresses IP avec un espace d’adressage quasi illimité, capable de répondre aux besoins actuels et anticipés. Il permet d’attribuer à chaque terminal ou nœud du réseau une adresse IP individuelle afin de le rendre accessible directement depuis n’importe quel point du réseau internet. Il offre en plus l’opportunité d’identifier plusieurs « objets matériels ou logiciels » au sein d'un terminal ou serveur donné. Au-delà de sa capacité d’adressage, l’IPv6 intègre de nouvelles fonctionnalités permettant par exemple de simplifier certaines fonctions de la couche réseau, telles que le routage et la mobilité, ou d’assurer nativement une meilleure sécurisation des échanges.
La transition vers le protocole IPv6 nécessite toutefois l'implication de l'ensemble des acteurs d'internet. En effet, une communication en IPv6 ne peut être effectuée que si toute la chaine technique, depuis le terminal jusqu'au fournisseur de contenus, adopte le protocole. Cette chaine technique sur internet fait intervenir, à différents niveaux, les fournisseurs d'accès internet (fixes et mobiles), les fournisseurs de contenus, les intermédiaires techniques, les équipementiers et l'infrastructure DNS. Il faut également noter que les FAI ont un rôle important à jouer dans cette transition.
Dans le cadre du suivi de l'évolution dans le temps de l’adoption de l’IPv6, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a récemment publié un rapport sur la France. La conclusion est que les fournisseurs d’accès internet sont les acteurs d’internet qui retardent la transition vers la nouvelle version du protocole IP. Pour ce premier rapport, l'Arcep a essentiellement eu recours à des données produites et mises à disposition par des tiers, pour compléter une enquête qu’elle a réalisée auprès des équipementiers.
D’après l’enquête de l’Arcep, 100 % des équipementiers réseau sont compatibles avec l’IPv6. Ce taux est de 56 % pour les fournisseurs de contenus, d’après l’observation de Cisco. Il s’agit ici du taux de sites web accessibles en IPv6 parmi les sites web les plus visités en France. Il faut également noter que le taux d’intermédiaires techniques utilisant IPv6 en France est de 70 %, alors que les infrastructures DNS sont quant à elles compatibles à 60 %.
Du côté des fournisseurs d’accès internet, le taux d'utilisation d'IPv6, tel qu'observé par Google, est de 13 % seulement pour l’internet fixe. Pour l’internet mobile, le taux d’utilisation de l’IPv6 est nul.
L’Arcep note toutefois que les FAI ont un rôle important à jouer dans la transition vers l’IPv6. Par exemple, lorsqu’Orange a adopté l’IPv6 au début de cette année, le taux d’utilisation de la nouvelle version du protocole est passé de moins de 6 % en France à plus de 13 % aujourd’hui.
Au niveau des principaux réseaux fixes par contre, c’est Free qui enregistre le plus fort taux d’utilisation d’IPv6 avec 24 %, en tant que premier opérateur fixe majeur à proposer une connectivité IPv6 à ses clients, soit depuis 2007. Orange vient en seconde position, avec un taux d’utilisation d’IPv6 de 16 % enregistré sur son réseau fixe. Bouygues Telecom et SFR sont respectivement à 1 % et 0,5 % chacun. Sur les réseaux mobiles par contre, aucun opérateur en France n'a entamé la transition vers IPv6.
Par rapport aux autres pays d’Europe, la France est beaucoup moins avancée dans la transition vers l’IPv6 que la Belgique (47 % de taux d’utilisation), mais aussi que l’Allemagne (27 %), la Suisse (27 %), le Portugal (17 %) ou encore le Royaume-Uni (16 %). La France fait toutefois beaucoup mieux que l’Italie (1,03 %) et l’Espagne (0,12 %). Comme le montre le graphique suivant, les couleurs les plus foncées indiquent une plus forte utilisation de l’IPv6.
Il s’agit de la première version de l’Observatoire de la transition vers IPv6 en France. Une version plus enrichie sera publiée en 2017, en incluant des données et informations que l'Arcep aura recueillies directement auprès des principaux FAI en France.
Source : Arcep
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Voir aussi :
IPv6 : après deux décennies, le déploiement du protocole internet est à 10%, qu'est-ce qui freine son adoption ?
L'IAB indique que le pool d'adresses IPv4 non attribuées a été épuisé, l'organisme entend désormais accélérer la transition vers l'IPv6
L’IPv6 permet en effet de remédier au problème d’épuisement des adresses IP avec un espace d’adressage quasi illimité, capable de répondre aux besoins actuels et anticipés. Il permet d’attribuer à chaque terminal ou nœud du réseau une adresse IP individuelle afin de le rendre accessible directement depuis n’importe quel point du réseau internet. Il offre en plus l’opportunité d’identifier plusieurs « objets matériels ou logiciels » au sein d'un terminal ou serveur donné. Au-delà de sa capacité d’adressage, l’IPv6 intègre de nouvelles fonctionnalités permettant par exemple de simplifier certaines fonctions de la couche réseau, telles que le routage et la mobilité, ou d’assurer nativement une meilleure sécurisation des échanges.
La transition vers le protocole IPv6 nécessite toutefois l'implication de l'ensemble des acteurs d'internet. En effet, une communication en IPv6 ne peut être effectuée que si toute la chaine technique, depuis le terminal jusqu'au fournisseur de contenus, adopte le protocole. Cette chaine technique sur internet fait intervenir, à différents niveaux, les fournisseurs d'accès internet (fixes et mobiles), les fournisseurs de contenus, les intermédiaires techniques, les équipementiers et l'infrastructure DNS. Il faut également noter que les FAI ont un rôle important à jouer dans cette transition.
Dans le cadre du suivi de l'évolution dans le temps de l’adoption de l’IPv6, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a récemment publié un rapport sur la France. La conclusion est que les fournisseurs d’accès internet sont les acteurs d’internet qui retardent la transition vers la nouvelle version du protocole IP. Pour ce premier rapport, l'Arcep a essentiellement eu recours à des données produites et mises à disposition par des tiers, pour compléter une enquête qu’elle a réalisée auprès des équipementiers.
D’après l’enquête de l’Arcep, 100 % des équipementiers réseau sont compatibles avec l’IPv6. Ce taux est de 56 % pour les fournisseurs de contenus, d’après l’observation de Cisco. Il s’agit ici du taux de sites web accessibles en IPv6 parmi les sites web les plus visités en France. Il faut également noter que le taux d’intermédiaires techniques utilisant IPv6 en France est de 70 %, alors que les infrastructures DNS sont quant à elles compatibles à 60 %.
Du côté des fournisseurs d’accès internet, le taux d'utilisation d'IPv6, tel qu'observé par Google, est de 13 % seulement pour l’internet fixe. Pour l’internet mobile, le taux d’utilisation de l’IPv6 est nul.
L’Arcep note toutefois que les FAI ont un rôle important à jouer dans la transition vers l’IPv6. Par exemple, lorsqu’Orange a adopté l’IPv6 au début de cette année, le taux d’utilisation de la nouvelle version du protocole est passé de moins de 6 % en France à plus de 13 % aujourd’hui.
Au niveau des principaux réseaux fixes par contre, c’est Free qui enregistre le plus fort taux d’utilisation d’IPv6 avec 24 %, en tant que premier opérateur fixe majeur à proposer une connectivité IPv6 à ses clients, soit depuis 2007. Orange vient en seconde position, avec un taux d’utilisation d’IPv6 de 16 % enregistré sur son réseau fixe. Bouygues Telecom et SFR sont respectivement à 1 % et 0,5 % chacun. Sur les réseaux mobiles par contre, aucun opérateur en France n'a entamé la transition vers IPv6.
Par rapport aux autres pays d’Europe, la France est beaucoup moins avancée dans la transition vers l’IPv6 que la Belgique (47 % de taux d’utilisation), mais aussi que l’Allemagne (27 %), la Suisse (27 %), le Portugal (17 %) ou encore le Royaume-Uni (16 %). La France fait toutefois beaucoup mieux que l’Italie (1,03 %) et l’Espagne (0,12 %). Comme le montre le graphique suivant, les couleurs les plus foncées indiquent une plus forte utilisation de l’IPv6.
Il s’agit de la première version de l’Observatoire de la transition vers IPv6 en France. Une version plus enrichie sera publiée en 2017, en incluant des données et informations que l'Arcep aura recueillies directement auprès des principaux FAI en France.
Source : Arcep
Et vous ?
Voir aussi :
-
sevyc64ModérateurMais très certainement que le réseau lui-même supporte l'IPv6.
Pour quiconque se sera un peu intéressé à la question, aura remarqué que lors d'une connexion 3G/4G, on est pas connecté directement à internet. On est en réalité connecté à un vaste réseau local du fournisseur d'accès. L'ip attribuée aux téléphones en 3G/4G est bien généralement une IP en 10.x.x.x, c'est à dire une ip de réseau local LAN non routable sur internet, c'est exactement la même situation que le PC derrière une box.
C'est certainement au niveau de cette gestion de la connection que l'IPv4 est imposé mais sans doute pas au niveau de l'équipement lui-même.
(pour info au début, peut-être toujours je sais pas, Free connectait ses antennes 2G/3G à une freebox v5 et faisait transiter le signal vers ses serveurs via l'adsl classique en vpn. la FBv5 est parfaitement compatible IPv6)le 13/12/2016 à 18:45 -
sevyc64ModérateurUne box internet n'a pas vocation à faire parefeu, n'a jamais eu vocation à faire parefeu, et ne fait pas parefeu.
Le NAT n'est pas une mesure de sécurité, et se croire en sécurité derrière du NAT est une belle illusion.
Si le NAT peut donner l'illusion d'effectuer certains blocages, il est très facile à contourner.
Pour ce qui est de l'IPV6, il n'y a plus (besoin) de NAT, il n'y a donc plus ces blocages. Les box sont généralement totalement transparentes au trafic IPV6 comme elles l'auraient été en IPV4 s'il n'y avait pas eu necessite de mettre en place le mécanisme de NAT pour économiser les adresses IP.
Et oui, la sécurité est à déporter en aval de la box, au pire sur chaque machine connectée, mais c'est déjà le cas en IPV4. Ce n'est pas la box qui sécurise le réseau.
Par contre, là ou ça peut coincer c'est que les règles déjà en place pour l'IPV4, ne fonctionnent pas en IPV6. Il faut créer de nouvelles règles propre à l'IPV6le 14/12/2016 à 10:40 -
sevyc64ModérateurElles le sont plus que tu ne le pense.
La machine de Mme Michu est très souvent livrée avec une suite internet préinstallée intégrant entre-autre un parefeu et un antivirus. Et aussi merdique et efficace que peut être cette suite elle sera de toute façon 100 fois plus protectrice que peut l'être une box.
Là, tu te plante complètement de problème.
Le problème n'est pas l'IPV6 mais bien la sécurisation des objets connectés. Et c'est un véritable problème, et il existe aussi en IPV4, qui ne va que augmenté puisque les fabricants n'en ont toujours pas pris conscience. L'IPV6 n'est en rien dans tout ça, mais peut-être au contraire forcera-t-il la prise de conscience de ces fabricants quand leur marque sera fortement salie par des failles de sécurité inacceptable.le 14/12/2016 à 14:06 -
SquisquiEn attente de confirmation mailQuel est l'intérêt de construire des réseaux mobiles tout neufs sans supporter IPv6 (qui est à présent plus qu'éprouvé) ? Le réseau mobile devient extrêmement sollicité par tous et c'est d'autant plus con qu'aujourd'hui on peut trouver des offres d'hébergements IPv6 seul (donc inaccessible). Et bien non, nous nous retrouvons avec une IPv4 privée derrière un horrible NAT444. Est-ce qu'on peut vraiment dire qu'ils fournissent un accès à un Internet ?
Les FAI mobiles auraient des "partenariats" pour maintenir la rareté (et donc la valeur) d'adresse IPv4 ? C'est légal, ça ?le 13/12/2016 à 17:29 -
SquisquiEn attente de confirmation mailLe partage d'IPv4 créer plus de problèmes qu'il n'en résout. La première conséquence est l'impossibilité d'utiliser des protocoles pour des services décentralisés (à moins d'avoir accès au traducteur pour faire une redirection). La deuxième conséquence est l'impossibilité d'utiliser des protocoles un peu bizarres (parfois réparé avec des hacks au niveau du NAT pour le ftp par exemple). Internet serait condamné à n'utiliser que TCP et UDP en couche 4 et de se passer d'ICMP en couche 3 ?
Le NAT444 des réseaux mobiles vient empirer les choses avec une troisième conséquence (la plus drôle). Avoir une connectivité maximale à Internet mais qui ne fonctionne pas car le traducteur d'adresses n'a plus de ports à t'allouer (heures de pointes dans les grandes villes). Et encore une quatrième conséquence (nettement moins drôle), tu le soulignes toi-même, nos objets sont à poil. En NAT444, tu places tes objets dans un réseau privé commun à plusieurs abonnés... Le gain en sécurité est clairement négatif.
Ce qui est possible en IPv4 l'est aussi en IPv6. Rien n'empêcher les opérateurs de placer un pare-feu à état ou de faire du NAT (inutile donc indispensable).
EDIT: Bien entendu, je parle du réseau mobile.le 14/12/2016 à 11:57 -
jpoulyMembre confirméL'auto-configuration est un avantage d'IPV6. A la maison pourquoi pas, mais dans un réseau professionnel ça me parait un peu dangereux.
Généralement les serveurs ont des IP FIXE, ce qui permet de contrôler les flux entrants-sortants (avec routeurs et switchs), et de voir le trafic sur ces serveurs en temps réel. Eventuellement de faire un VLAN.
Et je ne vous parle pas des automates, capteurs et autre joyeuseté dans le genre.
Parque que si tous les automates de la centrale nucléaire du coin sont sur internet, je vous dis pas la faille de sécurité que ça engendre.
Et ça c'est déjà vu aux US avec des centrales thermiques et solaires!!!!
Pour compléter le tout, les caméras connectées comme on dit, servent aux attaques de Deny of services....
Donc IPv6 pourquoi pas, mais avec un minimum d'autocontrôle et d'intelligence (entre la chaise et l'écran bien sure). le 14/12/2016 à 13:56 -
SquisquiEn attente de confirmation mailEncore une fois, ce qui est possible en IPv4 est tout à fait possible en IPv6.
Rien n'empêche l'auto-configuration et la configuration statique de vivre ensemble. C'est toujours à la charge l'administrateur de ne pas créer de collision. De plus, le réseau fc00::/7 n'est pas routable sur Internet au même titre que 10.0.0.0/8, 172.16.0.0/12 et 192.168.0.0/16.le 14/12/2016 à 14:34 -
jpoulyMembre confirméDonc l'auto-configuration n'est pas un plus indéniable de l'IPv6.
Et généralement un bon administrateur réseau a la liste des machines/adresses IP statiques et des plages DHCP qu'il a configuré, donc la collision est impossible.
Enfin si c'est un bon administrateur réseaule 14/12/2016 à 16:14 -
Le meilleur moyen de les encouragés est qu'il propose plusieurs adresses IPv4 ou IPv6 par "accès via modem-routeur", cela même au particulier... Ne plus en avoir suffisament risque d'être le problème et cela facilement.
http://thumbnails-visually.netdna-ss...9a44_w1500.jpg
Même les adresses M.A.C. sont redondantes comme des erreurs cycliques ou boucles infinis...le 14/12/2016 à 18:24 -
Tu as quoi comme serveur DNS en IPv6 ?
Une adresse privé qui sers de passerelle ? (pas un vrai serveur DNS)le 14/12/2016 à 18:28