
Un développeur anonyme a partagé lundi un courriel sur le forum Android XDA Developers, faisant découvrir une invitation de Huawei à rejoindre AppGallery. Le courriel indiquait que AppGallery compte 270 millions d'utilisateurs actifs mensuels sur 350 millions de téléphones et une communauté de 560 000 développeurs.
AppGallery
Pour rappel, AppGallery est la plateforme officielle de distribution d‘applications Android de HUAWEI. Pour encourager les utilisateurs à se tourner vers sa vitrine de téléchargement, l’équipementier explique sur la page dédiée qu’elle est doté d’une détection des menaces en quatre étapes : « il s’agit d’un système de sécurité professionnel doté des fonctions suivantes: détection de comportement malveillant, contrôle de confidentialité, analyse de vulnérabilité du système de sécurité, vérification de l'authenticité du nom, de la personne, de l´appareil et de l'environnement d’identification garantissant que toutes les applications de AppGallery sont sans danger ».
Il met également en avant ce qu’il appelle la sélection Smart app : « AppGallery offre une sélection d’applications diverses et choisies pour vous dans les catégories lifestyle, voyage, divertissement et bien d’autres encore. Les algorithmes Machine Learning vous aident à trouver précisément et rapidement ce dont vous avez besoin.»
Il évoque également d’autres éléments comme le classement d’applications « les plus téléchargées, les mieux notées, les plus vendues, les plus grands succès et les applications dernier cri… Nos classements sont actualisés tous les jours pour que vous puissiez télécharger les meilleures applications ». Sans oublier le gestionnaire d’applications : « AppGallery vous permet de gérer les mises à jour et installations d’applications ou de packages ainsi que de libérer de l’espace. Vous pouvez également configurer la mise à jour automatique de vos applications sur Wi-Fi ».
Opération séduction des développeurs
« Afin de garantir une utilisation fluide de votre application à nos utilisateurs, Huawei s'est engagée à vous fournir une assistance complète pour vous aider à publier votre application dans AppGallery », aurait déclaré l'invitation envoyée par courrier électronique.
Le chinois offre également l’accès gratuit au portail Huawei Developer, a rapporté XDA Developers.
Hongmeng OS, Oak OS, le système d’exploitation d’Huawei
Huawei n'aurait apparemment pas l'intention immédiate de lancer son propre système d'exploitation, qui est en développement depuis 2012 et pourrait s'appeler "Hongmeng” pour le marché chinois et “Oak” à l’extérieur de la Chine (c’est en tout cas un nom qu’a déposé Huawei auprès de Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) le 24 mai 2018). Des informations à ce sujets ont fusé et laissaient entendre que cette option est envisagée comme ultime recours si Android est définitivement supprimé en tant qu'option pour ses clients possédant un smartphone.
Comme rapporté précédemment, HongMeng OS devrait être le nom utilisé pour le marché chinois, pas de changement à ce niveau là. Il est décrit comme un système d’exploitation compatible non seulement avec les smartphones de Huawei, mais aussi avec ses tablettes et montres connectées, voire ordinateurs pour remplacer Windows. Ce dernier point est encore à éclaircir.
Si l’on sait que le groupe travaille depuis des années à une telle solution, il est très fort probable qu’il ne s’agisse pas d’un OS reprenant tout de zéro mais basé sur Android Open Source Project, qui comme son nom l’indique est libre de droit. Huawei devrait s’appuyer sur son App Gallery et proposer une compatibilité avec les applications Android. Les développeurs n’auront alors pas besoin de développer des applications destinées spécialement au magasin de Huawei.
Le bannissement d'Android a fait suite à un décret des États-Unis publié en mai. qui établit les bases pour empêcher des entreprises de télécommunications chinoises telles que Huawei de vendre du matériel aux États-Unis. La mesure vise à neutraliser la capacité de la Chine à compromettre les réseaux sans fil et les systèmes informatiques américains de la prochaine génération. L’ordonnance interdit l’achat ou l’utilisation de toute technologie de communication produite par des entités contrôlées par « un adversaire étranger » susceptible de saboter des systèmes de communication américains ou de créer des « effets catastrophiques » sur l’infrastructure américaine. Y faisant suite, le ministère américain du Commerce a pris une mesure connexe qui interdit aux entreprises américaines de vendre des composants et des logiciels à Huawei et à 70 de ses affiliés (désormais inscrits sur la liste américaine d’entités à bannir) sans autorisation.
Huawei a déposé une requête devant un tribunal américain afin que la législation américaine interdisant aux agences fédérales d'acheter ses produits soit jugée inconstitutionnelle. Cependant, craignant des répercurssions juridiques, certains fournisseurs de matériel et de logiciels ont préféré se tenir à l’écart de l’équipementier Huawei : Amazon Japon ne vendrait plus d'appareils Huawei, et Microsoft aurait retiré les ordinateurs portables MateBook de Huawei de sa boutique en ligne.
Les scientifiques de Huawei se sont vus interdire l'examen d'articles scientifiques par l'éditeur américain Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE). Mais l'IEEE a fait marche arrière après avoir reçu plus d’informations du ministère américain du commerce.
Fin mai, Trump aurait fait valoir à la presse qu'il attendrait une offre pour sortir Huawei de la liste noire, une entrée dans la liste noire qui a d’ailleurs été le levier de l'escalade des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis.
Google met en garde la Maison Blanche contre le bannissement de Huawei
Suite à ces décisions (décret présidentiel), Google était l’une des premières entreprises américaines à s’aligner et à sevrer Huawei de sa licence Android. D’après les derniers retours au sujet de cette rixe entre Américains et Chinois, la firme de Mountain View veut faire machine arrière. De hauts responsables de Google font pression sur le gouvernement américain pour que l’entreprise soit exemptée de l’interdiction du ministère du Commerce de vendre des composants et logiciels à Huawei, ce, d’après les retours d’un trio d’individus au courant des tractations.
La firme de Mountain View joue la carte de la sécurité pour faire plier le gouvernement Trump. Google craint particulièrement que le fait que les smartphones Huawei ne reçoivent pas de mises à jour pousse l’entreprise chinoise à foncer sur la piste d’un fork d’Android. D’après les informateurs, le géant de la recherche en ligne souligne en sus que le camp chinois est susceptible d’avoir une meilleure maîtrise technologique de la pile Android avec sa version modifiée de l’OS. Il viendrait alors que cette dernière (et donc les smartphones de Huawei) serait plus perméable à des tentatives de piratage de la Chine.
Un autre aspect auquel la firme de Mountain View ne touche pas dans son argumentaire c’est celui qui concerne son business. En effet, avec les restrictions américaines en place, Google perd (pour le moment) un gros client. Malgré son absence aux États-Unis, Huawei maintient son rang de deuxième fournisseur mondial de smartphones et continue à réduire l'écart avec Samsung. D’après de récentes statistiques de Gartner, Les ventes de smartphones Huawei ont augmenté dans toutes les régions. « Huawei a particulièrement bien réussi dans deux de ses plus grandes régions, l’Europe et la Grande Chine, où ses ventes de smartphones ont augmenté de 69 % et 33 %, respectivement », indique la firme spécialisée en analyse des marchés. Ce détail a son importance quand on sait que la mise à l’écart de Huawei risque de sevrer Google d’accès à tous ces terminaux desquels l’entreprise pourrait extirper son pétrole – ces précieux data qui constituent l’une de ses plus importantes sources de revenus.
La Maison-Blanche demande plus de temps afin de préparer l’interdiction pour les entrepreneurs travaillant avec Huawei
Le gouvernement fédéral a interdit l'achat direct d'équipement Huawei, ce qui devrait entrer en vigueur cette année. Mais le Bureau de la gestion et du budget (OMB) de la Maison-Blanche a demandé au Congrès américain de lui accorder plus de temps pour interdire progressivement les contrats fédéraux avec les entreprises qui font affaire avec Huawei. Toute chose qui arrange les autorités...
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