
Rappelons également qu’en mai dernier, le Pack Legatus a été proposé à 27 000 $ (23 360 €). Ce pack comprend la quasi-totalité des vaisseaux spatiaux du jeu et ses extras. À ce tarif, vous obtenez non seulement 117 vaisseaux spatiaux différents, mais également 163 bonus in-game tels que des hangars, des éléments cosmétiques, des parcelles de terrain ou encore de la monnaie virtuelle.
C’est bien joli, mais remboursez-moi svp
Un internaute répondant au pseudonyme Ken Lord fait partie des fans de ce jeu. Une marque s’affiche sur son compte et indique qu’il figure parmi les premiers membres de la communauté. Entre avril 2013 et avril 2018, Ken a injecté 4 495 $ au projet. Cependant, même si certaines parties sont jouables, le jeu n’en est encore qu’à sa version alpha et Lord souhaite donc récupérer son argent. RSI a refusé de le rembourser et Lord a porté l’affaire devant la cour des petites créances en Californie.
La décision du juge
Le 13 juin 2018, un juge a statué en faveur de Star Citizen. Selon Lord - et les archives de la cour du comté de Los Angeles - le juge a rejeté l'affaire en s’appuyant sur une clause d'arbitrage enfouie dans le contrat de licence d'utilisateur final Star Citizen qui empêchait Lord, ou n'importe qui, de traduire RSI devant un tribunal pour un remboursement sur un jeu. Notons que certains investisseurs envisagent désormais la possibilité que ce jeu puisse ne jamais sortir.
Après six années de développement et des centaines de millions de dollars collectés, Star Citizen est l’un des plus grands projet crowdsourcing jamais réalisé. Il a généré un large éventail d'attentes, multiplié les conditions de service qui, selon RSI, ont changé cinq fois en six ans. L’histoire de Lord vient rappeler que le financement participatif, peu importe le montant, n’est pas une garantie de succès.
Pourquoi Lord souhaite être remboursé ?
Lord est un chercheur de données qui travaille sur le développement de l'IA pour SAP, une entreprise de traitement de données au Colorado. Dans son temps libre, il aime jouer à des jeux vidéo dans l'espace. Il n’a jamais soutenu ou financé un projet crowdsourcing auparavant. Cependant, parce qu’il avait aimé les précédents jeux de conquête de l’espace du même studio, il a voulu se lancer dans l’aventure.
« Ils ont parlé de deux ans de développement, je me suis dit qu’ils en passeraient trois ou quatre au maximum, donc que le jeu serait sorti en 2016 au plus tard. En plus, comme Chris Roberts était de la partie, je me suis dit qu'il savait bien comment faire un jeu vidéo », a-t-il déclaré.
Mais les jeux changent au cours du développement et, selon Lord, Star Citizen a beaucoup changé. Selon la présentation originale du jeu sur Kickstarter, il s'agirait d'une simulation spatiale avec un jeu multijoueur coopératif, une expérience solo hors ligne et un univers persistant. C'est devenu un jeu en ligne massivement multijoueur et un jeu solo séparé avec des éléments de tir à la première personne appelé Squadron 42, que RSI a initialement présenté comme « un mode solo A Wing Commander, jouable hors ligne si vous voulez ». Squadron 42 est donc une campagne solo scénarisée se déroulant dans l'univers fictif de Star Citizen. Elle est décrite par les développeurs comme un successeur spirituel de Wing Commander
Pour Lord, ce n'est plus le jeu qu'il pensait obtenir. Le mode solo en particulier le dérangeait : « J’ai la sclérose en plaques. Mes mains tremblent beaucoup... Ils ont récemment confirmé que vous devez passer par le truc de tir à la première personne pour traverser le Squadron 42. Je ne peux pas faire ça, je ne peux juste pas faire ça. Donc, mon argent est coincé dans un jeu auquel je ne peux pas jouer ».
Il faut préciser que le scénario interactif est centré sur une unité militaire d'élite (l'Escadron 42) et implique le joueur pour s'enrôler dans l'armée de l’United Empire of Earth. Les actions des joueurs leur permettront de choisir leur nationalité dans l'UEE, et affectent leur statut dans l'univers persistant de Star Citizen. En plus de la simulation de combat spatial et des éléments de tir à la première personne, un système de conversation qui affecte les relations avec les pilotes non-joueurs est mis en place, et un mode multijoueur coopératif qui reste optionnel.
Lord a expliqué qu'il n'était pas en colère contre RSI. Il a compris que les jeux changent de direction pendant le développement. Il a écrit à la compagnie et a demandé un remboursement, disant qu'il ne sentait pas que le jeu évoluait dans une direction qu'il pouvait apprécier.
Dans une série de messages que Lord a envoyés à RSI, un représentant des relations avec les joueurs de RSI a expliqué que Lord était en dehors du délai de remboursement, mais qu'il examinerait son cas et prendrait une décision.
Lord avait l'impression d'avoir eu le retour d’un bot. « Si vous ne répondez pas au mailbot, il marque votre ticket comme résolu et le ferme et dit que vous ne voulez plus être remboursé », a-t-il expliqué. « Si vous répondez, cela prend encore quelques semaines et il vous enverra un message similaire. Je n'avais jamais entendu parler de quelque chose de louche auparavant. Si vous avez une politique, indiquez simplement la politique et appliquez la politique ».
La tension monte
Alors, Lord a opté pour la seconde option. Il a envoyé une lettre à RSI demandant un remboursement. La lettre de cinq pages, datée du 25 mai 2018, détaille les différentes façons dont Lord a estimé que RSI avait agi de mauvaise foi et n'avait pas tenu ses promesses. Il a dit qu'il se contenterait d'un montant moindre pour parvenir à un accord, et a proposé 3 800 $. Il a également promis d'intenter une action en justice si RSI l'ignorait.
RSI l'a ignoré, et il a déposé une plainte devant le tribunal des petites créances de la Californie le 11 juillet. Les deux parties se sont rencontrées le 13 juillet et après environ trois heures, le juge a rejeté l'affaire à la demande de RSI. Son argument était que, selon ses conditions de service, un bailleur de fonds n'était pas autorisé à forcer n'importe quel type d'arbitrage sur RSI, et le juge a accepté.
Selon Lord, les conditions de service lors de la promesse initiale ne sont pas les mêmes que ce qu'elles sont aujourd'hui. Les conditions d'utilisation initiales, d'après les propres dossiers de RSI, ne font aucune mention d'arbitrage avant février 2015. « Ces Conditions d'utilisation n'affectent aucune transaction effectuée avant leur date d'entrée en vigueur », a déclaré le site de RSI. « Toutes les transactions antérieures sont régies par les conditions d'utilisation en vigueur à la date de ces transactions ».
Lord est allé au tribunal préparé. Il avait imprimé plusieurs versions des termes de service, tous les enregistrements de communication avec RSI, et un long document enregistrant les 77 promesses que RSI n'a pas satisfait en temps opportun, y compris des citations montrant où et quand RSI a fait ces promesses. Mais l'affaire n'est jamais allée loin. Il a affirmé...
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