- Les DSI réfractaires
Toutes les DSI ne sont pas précurseurs en informatique, nous pouvons même dire que beaucoup suivent seulement les tendances. À tort ou à raison beaucoup de DSI suivent les prédictions de cabinet comme le Gartner. Le problème n’est bien sûr pas de suivre les tendances mondiales proposées par des experts. Non, le problème vient quand la DSI n’innove plus. Une DSI qui par exemple pense que le cloud est une mauvaise pratique, interdit au métier d’avoir des solutions rapides, à faibles coûts et qui donnent une certaine agilité, comme vu précédemment, est une DSI totalement dépassée. Il est impensable aujourd’hui de produire tous ses logiciels en interne, une DSI réfractaire au changement se fera doubler par le métier qui lui, a besoin d’évolution. Pour la transformation digitale des entreprises par exemple, c’est très clair pour Christophe, « Si la DSI ne le fait pas le métier se charge de la digitalisation. ». Pour le Gartner une entreprise qui n’aura pas effectué sa transition digitale en 2016 sera une entreprise morte. Sans être aussi brutaux, les récents éléments avec l’arrivée d’Uber en France ont montré les conséquences d’une industrie qui ne se transforme pas, peu ou trop lentement. Elle se fait concurrencer par une qui innove et finit par disparaitre.
- Les informaticiens qui font leur deuil
Quand nous parlons de DSI, nous parlons en général du service en tant que tel vu par les utilisateurs métier. Quand nous disons que la DSI était lente à mettre des solutions en place, nous ne vicions pas en particulier les hommes qui la composent, mais plutôt les processus qui la font fonctionner. Mais la DSI étant composée d’hommes qui sont eux aussi touchés par la digitalisation et son impact sur la relation DSI – métier il est intéressant de s’y pencher.
Malheureusement les informaticiens qui composent la DSI subissent le même mal qui touche parfois les directions métier. Ils ne voient pas le vent tourner, se disent que ce qui arrive n’est qu’une mode qui finira par passer. Elles sont en réalité dans une phase de déni de la réalité se disant que de toute façon le métier aura toujours besoin d’eux, ils ont de l’expérience et ils ne voient pas comment on pourrait préférer une jeune start-up à une machine bien rodée.
Puis vient la colère, les employés de la DSI trouvent que la direction et le métier en général prennent forcément de mauvaises décisions quand cela concerne les solutions IT. Souvent ils invoqueront les problèmes de sécurité quand on leur parlera d’hébergement dans le cloud sans se soucier de la donnée qu’on y envoie réellement et de quel cloud il s’agit. L’infogérance sera forcément un mal et les prestataires le cancer de la DSI.
La DSI a aussi un métier qui est l’informatique et tous les métiers sont touchés par la digitalisation. La DSI doit se réinventer, changer son mode de fonctionnement, quand les employés s’en rendent finalement compte ils décident de passer au marchandage avec du cloud hybride afin de garder les environnements de production sous leur contrôle et laissent les environnements de développement aller chez Amazon.
Suit la dépression, les sondages de bonheur au travail s’écroulent sur les sites touchés, l’envie de bien faire a disparu, tout le monde chuchote, créant ainsi de plus en plus de bruit de couloir. On accuse certains d’avoir voulu sauver leurs amis pendant que l’on rejette la faute sur les quelques informaticiens qui ont réussi à s’adapter au nouveau monde dans lequel on vit.
Dans un tel contexte, il est facile de comprendre pourquoi les DSI internes voient la productivité parfois s’effondrer. Le métier, s’il le ressent, n’hésitera pas alors à se passer de sa DSI aux abois qui pourrait faire échouer des projets vitaux. Ce contexte de deuil au sein du service informatique est en fait un terreau encore plus propice au Shadow IT qui permet au métier de continuer à avancer le temps que sa DSI se reconstruise et arrive en phase d’acceptation.
- La dette technique d’Amazon
La dette technique en développement est une action qu’on fait mal pour que ça soit vite fait, quitte à perdre du temps ensuite pour les refaire bien. Dit comme cela, ça a l’air mal. Shadow IT et dette technique peuvent être très proches. Le Shadow IT peut même être considéré comme de la dette IT créée par le métier. Une mise en place de solution de façon rapide et sale pour faire face à un besoin, on sait que c’est mal et on accepte de gagner du temps aujourd’hui sachant qu’on en perdra peut-être plus demain pour refaire proprement notre solution. Si ces pratiques en développement dans une entreprise sont nées, c’est comme souvent pour répondre à un besoin, il y a donc de bonnes raisons pour pratiquer de la dette technique ou du Shadow IT, bien souvent c’est gagner un avantage concurrentiel temporairement. Amazon a décidé à ses débuts de créer de la dette technique pour améliorer son Time-To-Market. Cette stratégie lui a permis de rafler le marché du livre. Ça a été pour Amazon un formidable avantage concurrentiel et surtout ça a été payant. Imaginez où en serait Amazon si on leur avait dit à l’époque de ne surtout pas le faire comme ça, avec comme argument « La dette technique c’est mal ! » On peut très bien vivre avec un peu de Shadow IT/dette technique dans l’entreprise. Viser le 0 Shadow IT/dette technique dans l’entreprise est totalement illusoire et irréalisable. Le Shadow IT/dette technique est un levier qui permet d’anticiper le futur ou les besoins actuels qu’on n'arrive pas à combler par des solutions dites « propres ».
- La DSI qui n’apporte plus de valeur ajoutée
Aujourd’hui la valeur ajoutée d’une entreprise est principalement produite grâce aux outils informatiques. Cependant si l’outil informatique permet de la valeur ajoutée, sa gestion elle n’en apporte plus. Quand la DSI commence à perdre son pouvoir, il est alors vite remplacé par ce que l’on nomme du Shadow IT. On ne sait toujours pas si la digitalisation ne va pas changer le paradigme de l’informatique au point que le mot « DSI » ou « Shadow IT » n’auront plus de sens. C’est peut-être le bon chemin que l’entreprise doit prendre. « Plus personne ne dit aujourd’hui qu’il produit sa propre électricité. », citation de Quentin Adam lors de sa conférence sur l’évolution de l’industrie informatique. Ce n’est pas pour autant que l’entreprise n’utilise pas d’appareils électriques. L’avantage concurrentiel ne sera plus apporté par l’informatique comme on la connait aujourd’hui. Les employés qui faisaient du Shadow IT sont devenus des Citizen Developer avant de se transformer totalement en ce qu’on appelle des Business Architect comme expliqué plus haut.
- En conclusion
La digitalisation peut être une tempête violente qui secoue tous les métiers. La DSI en a un qui est la fourniture de service. Alors qu’elle-même se transforme, elle doit en plus aider le métier à se transformer. Souvent elle n’en a pas la capacité. Une chose, sans nul doute normale, trop de poids repose sûrement sur les épaules de la DSI de nos jours. Cette surcharge, le métier le ressent bien et prend donc les devants pour ne pas sombrer lui aussi. 72 % des décideurs IT trouvent que les solutions cloud non autorisées apportent un avantage concurrentiel (http://www.lemondeinformatique.fr/ac...ope-54673.html). Un chiffre étonnant, mais qui fait bien écho aux divers avantages que l’on trouve dans le Shadow IT. Il ne faut jamais oublier que l’informatique n’est qu’un moyen de créer de la valeur et que le but d’une entreprise n’est pas de faire un système d’information beau à regarder, mais efficace à utiliser.